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Un capharnaüm dans ma tête
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16 octobre 2009

Gardienne : chapitre 13

Chapitre n°13 : La vraie Gardienne


Entrer dans le château de Dracula ne me posa aucun problème et grâce à ma métamorphose en brume, je réussis à passer inaperçue auprès de tous les Vampires que je croisais. Ishta avait raison. Ils n'étaient même pas capables de détecter l'un des leurs.

J'essayai de repérer Shiva grâce à mon odorat mais je ne détectai pas son odeur. Où avait-il donc caché le Premier ? De la part d'Ishta, je m'attendais à tout. Par contre, je percevais très bien l'odeur de la mort et des cadavres. Je ne parle pas des cadavres ambulants qui peuplaient le château. Non ! Je parle de la vraie mort, de vrais cadavres et je les découvris par le plus grand des hasards.

Comme je ne sentais plus d'odeur de Vampire proche de moi, je redevins solide et je poursuivis mon chemin sous cette forme. J'étais suffisamment furtive pour échapper aux autres Vampires. Je continuai de déambuler dans le château à la recherche d'une piste qui me conduirait au Premier. Mais rien ! Où ont-ils bien pu te cacher Shiva ? Soudain, je sentis l'odeur de deux Vampires qui arrivaient dans me direction. Je voulus rebrousser chemin ! Mais après avoir fait quelques pas, je sentis l'odeur de deux nouveaux Vampires. Je n'avais pas d'autre solution. Je devais me métamorphoser de nouveau en brume. Je sentis alors une poignée de porte dans mon dos. Je me retournai puis j'écartai la riche tapisserie brodée contre laquelle je m'étais collée en sentant l'odeur de ces Vampires. Je ne m'étais pas trompée ! Cette tapisserie dissimulait une lourde porte de bois. J'essayai de l'ouvrir mais elle était fermée à clé. J'aurais pu l'enfoncer mais les Vampires m'auraient certainement entendue. J'avais réussi à échapper à Ishta trois jours auparavant, ce n'était pas pour retomber dans ses griffes aujourd'hui. Deux minutes… En fait, c'est plutôt lui qui t’a échappé. Les Vampires se rapprochaient. Je devais vite trouver une solution si je ne voulais pas qu'il me découvre. Je remarquai soudain une large fente dans la porte de bois. Elle ne devait pas être si solide que cela en fin de compte. Je devais pouvoir l'enfoncer sans problème mais… il y avait toujours le problème du bruit. Il y avait cependant un autre moyen pour que je rentre et il était très simple. Je me transformai en brume et je passai à travers la fente que je venais de remarquer dans la porte pour me rematérialiser de l'autre côté.

La pièce dans laquelle je me trouvais maintenant était plongée dans le noir mais cela ne me gênait pas le moins du monde puisque que comme tout bon Vampire qui se respecte, j'étais capable de voir dans le noir. C'était presque comme ce que j'aurais pu voir de jour. Oui, la vision diurne et la vision nocturne d'un Vampire sont légèrement différente. J'y vois même parfois beaucoup mieux lorsqu'il fait nuit que lorsqu'il fait jour parce que pendant la journée il arrive que la lumière me gêne énormément. Mes yeux de Vampires sont très vite éblouis même si la source de lumière n'est pas importante mais il m'arrive parfois également de ne pas distinguer parfaitement ce qui se passe dans le noir. La vision des Vampires peut se révéler très fluctuante.

Un magnifique tapis persan s'étalait sur le sol fait de planche de bois de la pièce. De somptueuses tentures ouvraient les murs. Je m'accroupis pour regarder les motifs du tapis de plus près. C'est à ce moment-là que je sentis cette odeur. C'est juste à ce moment-là que je perçus cette étrange senteur que je connaissais si bien. Chaque nuit, je pouvais la respirer. A chaque fois que je faisais une nouvelle victime, elle venait à mes narines. Je me précipitai vers un coin de la pièce pour soulever le tapis. C'était bien ce que je pensais. Je levai les yeux et j'avisai une immense poutre apparente. Je sautai puis j'opérai un rétablissement dessus. Je regardai en bas. Les yeux sans vie des cadavres que je venais de découvrir entre des planches me fixaient. Ces yeux morts me mettaient mal à l'aise.

On appelle souvent les Vampires les non-morts et on dit que nous nous plaisons parmi les vrais morts. Je peux vous assurer que cette affirmation n'est pas toujours vraie. Il est vrai qu'il arrive aux Vampires de dormir dans des caveaux ou dans des cimetières… Mais certains membres de notre espèce détestent se trouver parmi les véritables morts. Je fais partie de ceux-là. Je déteste aller dans un cimetière et j'essaie d'éviter par tous les moyens les endroits qui peuvent avoir un quelconque rapport avec la mort. Pourquoi ? C'est peut être parce que j'ai encore du mal à accepter le fait que je suis morte… Ou alors c'est parce que quelque chose en moi pense qu'il est… Je ne sais pas trop comment dire… Injuste, peut être méchant ou plus simplement… Irrespectueux, autant envers les vrais morts et envers leurs familles, de me balader dans les cimetières ou dans quelconque endroit voué à la mort et au recueillement qui y est associé. Je ne suis pas à ma place dans ces endroits. Moi qui aie fait, qui suis, un magnifique pied de nez à la Mort, je n'ai pas le droit de polluer par ma présence, qui n'a rien de naturel, ces lieux de recueillement. Je crois malheureusement que tous les Vampires n'ont pas cette délicatesse…  De plus, je croyais que la majorité des Vampires avaient une profonde aversion pour les cadavres de leurs victimes. Il faut être honnête… Qui a envie de rester à côté de ses restes de repas ? Pourquoi tous ces cadavres se trouvaient-ils ici alors ?

«Apparemment, dis-je tout haut en observant le sol, ces Vampires ont l'air d'apprécier la compagnie de leur ex-petit dej !»

Cette idée me dégoûtait profondément. En puis… J'avais marché sur ces cadavres ! De plus, quelque chose me disait que tout le sol devait en être entièrement recouvert. Beurk ! Je regardai alors les tentures qui recouvraient l'ensemble des murs de la pièce. Et si… Je me mis debout sur la poutre. Je sautai ensuite en direction du mur. J'enfonçai profondément mes ongles dans le mur friable et je me retrouvai accroché contre le mur. La situation était plutôt étrange.

«Plus les jours passent et plus je fais de trucs bizarres. »dis-je tout haut.

Il faut vraiment que tu arrêtes de parler à voix haute quand tu es toute seule Ahélya. On va finir par te prendre pour une folle ma belle. La seul chose qui me rassurait un peu c'était que cette foutue manie je l'avais déjà lorsque j'étais encore en vie. Au moins, je ne perdais pas mes bonnes vieilles habitudes malgré tout ce qui m'était arrivée.

«Allez Ahélya, m'encourageai-je, tire sur ce rideau. Il faut savoir ce qu'il y a dessous et arrête de penser à des idioties.»

Accroché avec une seule main sur le mur, j'entrepris d'arracher les cordes qui retenaient les tentures avec l'autre. Enfin, la première tenture tomba. J'eus beaucoup de peine à réprimer un haut le corps à la vue du spectacle qui se trouvait devant… Enfin, qui se trouvait au dessous de moi. Plusieurs cadavres d'hommes et de femmes étaient accrochés au mur par des crochets de fer. Toujours accrochée au mur par les crochets, je me mis à faire le tour de la pièce et j'en décrochai toutes les tentures. J'y trouvai toujours la même scène d'horreur. Lorsque j'eus jeté à terre toutes les tentures de la salle, je poussai sur mes jambes pour me rejeter en arrière. Je me retrouvai ainsi sur l'une des poutres apparentes de la pièce. Je me mis debout et du regard, je fis le tour de la pièce. Combien de cadavres pouvaient-ils y avoir ici ? Certains d'entre eux avaient les yeux fermés et d'autres les avaient encore ouverts. Des yeux qui m'accusaient de leurs morts. Ils me semblaient entendre les voix des cadavres et ils me disaient :

«Tout ceci, c'est de ta faute. Pourquoi l'as-tu laissé s'échapper ? C'est à cause de toi si nous sommes morts…»

Je m'accroupis de nouveau et je posai la main sur mes yeux. Je ne voulais plus voir ce spectacle horrible.

«Oh mon Dieu, je suis désolée.» murmurai-je.

J'entendis soudain un bruit de respiration. Chose très étrange puisque aucun des êtres qui peuplaient le château n'avait besoin de respirer. De plus, ce bruit était très proche de moi. Je relevai la tête. Une personne était vivante ici ! Je rebaissai la tête et je tâchai de me concentrer sur ce que j'entendais. Si quelqu'un était vivant par ici, je devais le trouver. Juste au dessous de moi ! Voilà où il est ! Il me semblait même entendre des sanglots.

Grâce aux poutres je couvris le peu de distance qui me séparait de cette personne qui respirait. Régulièrement, je devais m'arrêter pour ne pas perdre ce bruit rassurant. Il était si faible au milieu de tous ces sons que j'étais capable de percevoir. Je me laissai enfin tomber sur le sol et je retirai le tapis. Le bruit de respiration était plus fort. Malgré ma peur et mon dégoût des cadavres, je cassai les planches de bois qui me séparaient d’eux à mains nues puis pris plusieurs corps dans mes bras pour les déposer un peu plus loin. Sous les cadavres, je découvris alors un jeune garçon d'une dizaine d'années. Il était entièrement nu. Ses poignets et ses chevilles étaient solidement attachés par de grosses cordes. Lorsqu'il me vit, il tenta de s'éloigner de moi en rampant.

«N'ai pas peur, dis-je doucement. Je ne te ferai aucun mal.»

Il me regarda attentivement. Ses yeux étaient agrandis par la terreur. Je lui tendis la main.

«Je veux juste te détacher.»

D'un mouvement rapide de la main et grâce à mes ongles tranchants, je réussis à couper la corde qui retenait ses chevilles prisonnières. Il avait toujours peur, je le sentais. Mais quand je me rapprochai pour m'occuper de ses poignets, il ne recula pas. Timidement, il tendit ses mains attachées vers moi. Je voulus sourire mais je réfrénai très vite cette envie. Même s'il faisait noir, il pouvait voir mes canines, ces canines longues et tranchantes qui auraient pu effrayer n'importe qui. Tout ce que j'avais fait aurait alors été détruit. Je sortis mon poignard de son fourreau pour couper les cordes qui le retenait attaché d'une manière un plus naturel. Il fit un rapide signe de tête pour me remercier.

«Tu vas bien ?» lui demandai-je.

Bravo Ahélya ! Genre question idiote on ne peut pas faire mieux. Coincé dans un tas de cadavres, comment  peut-il  aller à ton avis ?

«Tu peux marcher ?»

Il secoua la tête de droite à gauche.

«Je vais te porter alors. Tu es d'accord ?»

Cette fois-ci, j'obtins un signe de tête affirmatif. Je pris doucement l'enfant dans mes bras et je découvris alors un peu mieux son visage. Il me rappelait quelqu'un. J'étais sûre de l'avoir déjà vu quelque part mais je ne réussissais pas à dire où et quand.

«Tu ne vas pas avoir peur j'espère.»

Mais je n'attendis pas sa réponse et je sautai à nouveau sur l'une des poutres. Je regardai l'enfant. Il n'était plus effrayé mais stupéfait. Je vis alors les traces de morsures sur son corps. Je maudis intérieurement Ishta. Là, c'était trop. Je ne pouvais pas l'accepter. Je sais bien que personne ne mérite d'être torturé. Mais les traces que portait cet enfant me révoltaient. J'aurais été moins choquée si je les avais trouvées chez un adulte.

«Tu me le payeras Ishta.» murmurai-je.

Je sautai de poutre en poutre et j'arrivais enfin jusqu'à la porte. Je dus me retrouver sur le sol de nouveau. Je ne pus esquiver une grimace de dégoût à cette idée. L'odeur des cadavres agressait mon odorat si fin. Je ne pouvais plus le supporter. Je déposai l'enfant par terre et l'enveloppai dans mon manteau de cuir. Une chose que j'aurais dû faire depuis le début. Je n'avais pas froid mais le frisson qui parcourut mon corps me renseigna très vite sur la température qui régnait dans le château. Heureusement que je ne crains plus le froid. Par contre, cela ne devait sûrement pas être le cas de cet enfant. Il était mortel, j'en étais sûre. Son cœur battait. Je m'accroupis en face de lui. J'avais quelques questions à lui poser.

«Cela fait longtemps que tu es ici ?»

Il secoua vivement la tête de haut en bas.

«Combien ?» demandai-je.

Il réfléchit quelques minutes. Apparemment, il n'était toujours pas décidé à prononcer le moindre mot. Il leva la main puis replia un doigt.

«Quatre jours !» m'exclamai-je stupéfaite.

Comment avait-il pu tenir ainsi pendant quatre jours ? Dans le froid, au milieu d'un tas de cadavres puants… Avec des Vampires qui venaient le mordre et qui prenaient son sang.

«Cela fait quatre jours que tu es là-dessous ?»

Il secoua la tête de droite à gauche.

«Depuis combien de temps te trouves-tu dans cette pièce ?»

L'enfant commençait à montrer des signes de fatigue. Il était sur le point de fermer les yeux. Je le laissai pour retourner jusqu'à la porte. Je devais l'enfoncer si je voulais sortir. Mais si je faisais cela, les Vampires me repèreraient aussitôt. Je pouvais aussi attendre ici que le jour se lève. Les Vampires seraient en train de dormir et je pourrais donc sortir d'ici avec le petit garçon sans aucun problème.

«Bonne idée, dis-je tout haut. Le problème Ahélya, c'est que tu vas devoir passer la nuit entre un gamin et un joli petit tas de cadavres et je pense que tu n'en as pas très envie.»

En effet, je n'en avais pas du tout envie. Cette odeur m'insupportait. Je choisis donc la difficulté. Je sortis le poignard des Gardiens de son fourreau et le posai par terre. Je m'approchai de l'enfant puis le pris sur mon dos. Je le retenais d'une main et de l'autre je tenais mon poignard d'argent.

«Allez, on y va.» fis-je.

De toutes mes forces, j'envoyai un coup de pied dans la porte. Elle vola littéralement en éclat. Il n’y a pas à dire, cette force était une véritable bénédiction.

«Bon, c'est maintenant que les difficultés vont commencer.» dis-je plus pour moi-même que pour l'enfant.

Je me mis à courir. Je parcourus plusieurs mètres sans rencontrer une seule difficulté. Je m'arrêtai pour écouter ce qui se passait mais aussi pour humer l'air. Je ne détectai rien d'anormal. Après avoir déposé l'enfant auprès de Gwen, je pourrais revenir ici et chercher Shiva… A condition de trouver la sortie bien sûr. Mais où était-elle bon sang ?! Je pouvais me jeter de l'une des fenêtres. Je ne me ferais pas le moindre mal. Mais il y avait l'enfant. J'avais peur de le blesser.

«Quand tu t'es jetée du cinquième étage avec le directeur du Clan sur l'épaule tu n'avais pas autant de scrupule Ahélya.» me dit la voix de ma conscience.

Sans commentaire. Je parcourus encore plusieurs mètres et je ne fus pas le moins du monde inquiétée. Je débouchai enfin dans une pièce similaire à celle où j'avais trouvé les restes de repas de mes ennemis Vampires. Il y avait le même tapis persan sur le sol, les mêmes tentures aux murs. Il y avait tout de même une petite différence. Pas d'odeur de cadavre qui m'insupportait. Quoique…

«Incline-toi devant ta Reine prêtresse !» m'ordonna une voix de femme.

Une Vampire sortit de l'ombre de l'une tenture qui l'abritait jusqu'à maintenant. Elle était plus petite que moi et elle avait des cheveux blonds presque blancs qui traînaient pratiquement à terre. Ses yeux marron étaient très clairs. Sa beauté était parfaite. Elle avait un véritable visage d'ange mais sa voix était dure et métallique. Elle ne semblait pas réelle tellement elle était transparente. Sa peau était bien plus blanche que la mienne. On aurait pu la croire sans volonté. Mais je devinais derrière ce visage d'ange une volonté de fer, une volonté inébranlable. Un démon avec un visage d'ange. Voilà ce que j'avais en face de moi. Elle devait adorer jouer avec ses victimes. Elle devait aimer tuer. Pas de remords, ni de regrets… cette phrase devait marcher pour elle… Plus que pour moi.

«Prosterne-toi devant ma toute puissance Ahélya prêtresse des Gardiens.» poursuivit-elle.

Compte là-dessus et bois du sang frais ! Elle fit quelques pas en avant. Elle portait une robe fourreau en soie rouge sang, un collier d'argent et de rubis ainsi que de longues boucles d'oreilles elles aussi serties de rubis. Je vis plusieurs bagues à ses longs doigts blancs et plusieurs bracelets à ses poignets. Même ses sandales à talons aiguilles étaient faîtes d'argent et de rubis. C’était à couper le souffle.

«Obéis à ta Gardienne Ahélya.» ordonna-t-elle.

Je m'avançai vers elle. L'enfant que je portais toujours sur mon dos tentait de se faire tout petit. Je le déposai sur le sol et m'accroupis devant lui. Je caressai doucement ses cheveux blond foncés.

«N'aie pas peur. Je ne la laisserais pas te faire du mal, chuchotai-je à son oreille.

-Ahélya !» cria-t-elle.

Elle commença à taper du pied sur le sol. Elle ressemblait à une petite fille qui était en train de faire un caprice. Elle voulait à tout prix son jouet. En l'occurrence, son jouet semblait être votre humble servante, c’est-à-dire moi. Continue à t'énerver. Cela me fera gagner du temps. Je lui fis enfin face. Je prononçai alors très lentement ces quelques mots :

«Que je sois Gardienne, prêtresse ou simple Vampire, je ne m'inclinerais, ni ne me prosternerai devant qui que soit et encore moins devant toi.»

La jeune femme poussa un cri de rage et s'approcha rapidement. Elle me fixa attentivement. Je soutins son regard. Elle ne devait pas compter sur moi pour le baisser la première. Je n'étais pas comme cela. Cette lutte silencieuse dura pendant de longues minutes. Elle baissa enfin la tête. J'avais gagné. Enfin… C'était ce que je pensais mais…

«Une prêtresse doit toujours garder les yeux baissés devant sa Gardienne. Il en a toujours été ainsi.

-Je ne suis pas une prêtresse, répondis-je, et encore moins la tienne.

-Mais bien sûr que si. J'ai reçu le sang de Shiva lors de la cérémonie. Je suis donc la dernière Gardienne qui ait été créée. Toi… Tu es l'autre candidate qu'avaient choisie les prêtres. Shiva n'a pas voulu de toi. Tu es donc devenue une prêtresse.»

Je m'éloignai d'elle pour revenir vers l'enfant. Je devais reprendre le poignard des Gardiens que j'avais laissé près de lui. Je voulais voir sa réaction lorsque je l'aurais en main.

«Si je t'ai bien suivie, lui dis-je, lors de la cérémonie d'initiation, l'humain qui reçoit le sang du Premier en plus du sang de tous les Vampires devient le Gardien tandis que celui qui n'a reçu que le sang des Vampires rejoint les prêtres.»

J'avais trouvé le poignard. Je revins maintenant prudemment vers elle en le tenant caché derrière mon dos. Ce n'était pas encore le bon moment pour qu'elle le voie.

«Tu es l'autre, poursuivis-je, celle qui a été transformée la même nuit que moi.

-Et j'ai reçu le sang de Shiva alors, incline-toi devant moi sur le champ Ahélya.

-J'ai dit non.»

Je lançai alors le poignard avec une précision diabolique. Il coupa une mèche de ses cheveux puis alla se planter dans le mur derrière elle.

«Ratée, me dit-elle sur un ton guilleret.

-Pas vraiment.» répondis-je.

Le poignard avait tranché net la corde qui retenait le lustre qui se trouvait juste au dessus d'elle. Il tomba sur elle mais elle se métamorphosa en brouillard. Elle redevint solide quelques mètres plus loin.

«Tu as fait une grosse erreur, me dit-elle. Tu es séparée de ton arme maintenant et je suis beaucoup plus puissante que toi.»

Évidemment puisque c'était elle la Gardienne. Mais je savais que je possédais assez de pouvoir pour réussir à m'échapper avec le petit garçon. M'échapper, c'était le plus important. Elle s'approcha de moi. Je reculai. Je regardai à droite et à gauche pour trouver une solution. Elle était en train de rassembler tous ses pouvoirs. Je le sentais. Il fallait que je récupère mon arme, la seule arme qui pouvait tuer un Gardien. Je m'arrêtai pour lui faire face. Je n'avais pas l'habitude de courber la tête.

«Et alors, dis-je en haussant les épaules. Tous tes pouvoirs et ta soi-disant puissance ne t'ont même pas permise de me faire plier devant toi. C'est toi qui a baissé les yeux la première, je te le rappelle. Pas moi.»

J'avais touché un point sensible là. Elle envoya une violente rafale de vent que j'esquivai en bondissant vers le haut. Comme dans leur garde manger, j'opérai un rétablissement sur une poutre pour me mettre debout dessus.

«Descend de là.» me cria-t-elle.

Je lui adressai un petit sourire moqueur. J'avais envie de m'amuser. Je me mis alors à recréer un programme de poutre que j'avais appris lorsque j'étais en quatrième. Je détestais la gymnastique à l'époque parce que je n'étais pas assez souple pour réussir les mouvements imposés par le professeur ce qui n’était plus le cas maintenant.

«Descend de là ! Cria-t-elle de nouveau. Tu es donc trop lâche pour te battre contre moi.»

Lâche… Moi ? Ce n'était pas plutôt le contraire ?

«La plus lâche de nous deux, contrai-je tout en faisant une série de roues sur la poutre, c'est celle qui préfère utiliser ses pouvoirs et sa puissance plutôt que de faire un bon vieux combat à mains nues.

-Si c'est-ce que tu veux, descend alors. Je n'utiliserais aucun de mes pouvoirs. Je le promets. Je n'ai pas besoin de cela si je veux t'écraser.»

Je descendis enfin de mon perchoir puis je m'avançai vers mon ennemie. Soudain, je m'arrêtai. Il me semblait… J'avais senti quelque chose. Une présence. Sa présence.

«Ishta.» murmurai-je.

Il était là. Dans cette salle. Quelque part par là. J'allais avoir besoin de mon poignard pour pouvoir les affronter tous les deux. Je me tournai vers l'endroit où il s'était planté. Je me mis à le fixer attentivement. Mes pouvoirs… Je les sentis se concentrer au niveau de mes yeux. C'était toujours ce qui se passait lorsque j'utilisais mes pouvoirs mais là, c'était beaucoup plus puissant. Le poignard trembla.

«Reviens à moi.» murmurai-je.

Je n'avais normalement nul besoin de parler pour me servir de mes pouvoirs. Les dons vampiriques ne passent que par les yeux. Tout à coup, le fin poignard s'arracha du mur et se retrouva dans ma main. Cela avait marché au-delà de mes espérances. C'était incroyable. Le pouvoir s'était retiré de mes yeux. Je souris. J'étais prête à l'affronter maintenant. Rien ne pourrait m'empêcher de le faire.

«Ishta, sors de ta cachette ! Criai-je. Je n'ai que faire de tes sbires. Cette affaire ne concerne que toi et moi. Personne d'autre. De quoi as-tu donc peur ? Tu es bien plus fort que moi.

-Ishta n'est pas ici Ahélya. Cela ne sert à rien de l'appeler. Il est parti depuis deux jours.»

Mais… J'avais senti son odeur pourtant. Je fermai les yeux pour tenter de retrouver sa piste. Rien. Elle avait raison. Ishta n'était pas là. J'avais senti son odeur pourtant. Je ne comprenais pas.

Fermer les yeux… Quelle erreur ne venais-je pas de faire ? L'autre Vampire, la Gardienne, me prit aussitôt en traître. Elle m'attaqua. Je tombai lourdement par terre. Elle s’assit sur moi et bloqua tous mes mouvements. Je ne pouvais rien faire. Dans ma chute, j'avais perdu le poignard, mon seul moyen de défense. Elle commença à lacérer mon cou avec ses ongles acérés. Elle m'obéissait au doigt et à l’œil. Elle ne se servait pas de ses pouvoirs. Mon sang coula. Heureusement que je n'ai pas mis un haut blanc, me surpris-je à penser.

Il fallait que le poignard me revienne. Reviens… reviens, ne cessai-je de répéter en mon fort intérieur. Une nouvelle fois, cette drôle de force m'envahit. Je ne sais pas trop comment mais je sentis de nouveau le manche du poignard dans ma main. Je me mis à rire. La Vampire arrêta de me lacérer le cou pour me regarder attentivement.

«Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Me demanda-t-elle méchamment.

-Rien, répondis-je. Rien du tout.»

J'en avais profité pour lancer le poignard en l'air. Elle ne le sentit pas venir. Il alla se planter directement dans son épaule. Elle poussa un cri de douleur et se releva. Je n'aurais pas fait cela à sa place. Se relever, c'était me libérer. Elle retira le poignard de son épaule avec une grimace de douleur. La blessure cicatrisa aussitôt tout comme étaient en train de le faire celles qu'elle m'avait faîtes au cou. J'avais eu le temps de me relever mais voir mon poignard dans sa main m'inquiétait beaucoup. C’était la seule chose qui pouvait me tuer à coup sûr. Un coup de poignard en plein cœur et plus de Gardienne. Arrête cinq minutes Ahélya, c'est elle la véritable Gardienne. Tout le monde s'est trompé. Je comprenais mieux comment Ishta avait pu aussi facilement rassembler tous ces Vampires derrière lui et contre moi. Il leur avait tout simplement dit la vérité. Ils s'étaient donc tous détachés de moi. C'était aussi simple que cela.

Je me préparai à son attaque. Elle se jeta sur moi et tenta de me planter le poignard dans le cœur. Imbécile !

«C'est pas un pieu !» criai-je en lui donnant un coup de poing.

Le corps à corps continua sans que l'une d'entre nous deux ne réussisse à prendre le dessus. Nous étions à peu près de force égale. La seule chose qui aurait pu nous départager, c'était la puissance de nos pouvoirs. Nous roulions sur le sol. L'enfant avait du s'éloigner de nous et il se tenait assis contre le mur en serrant les manches de mon manteau contre lui. J'entendis alors du bruit. J'humai l’air. Des Vampires étaient en train d'arriver. Cela m'étonne qu'ils ne se soient pas pointés plus tôt ceux-là ! Un coup de genou bien placé me permit de faire voler la Gardienne loin de moi. Elle perdit le poignard qui glissa loin de nous deux. Nous étendîmes en même temps la main vers lui tout en lui ordonnant mentalement de revenir. Le poignard oscilla pendant de longues minutes comme s'il hésitait… Il rejoignit finalement ma main. Je le montrai à la Vampire avec un regard de triomphe. C'était moi qui l’avais eu. Pas elle.

«Un à zéro pour moi.» dis-je en riant.

Elle hurla. J'avais vraiment réussi à la mettre en colère. Je ne donnais donc pas chère de ma peau et de celle du petit garçon. Je la regardai. Notre pacte était rompu. Elle allait se servir de ses pouvoirs. Elle était en train de rassembler l'ensemble de ses dons. Je devais partir. Je remis rapidement le poignard dans son fourreau et me précipitai vers l'enfant. C'est l'heure de dire au revoir petit ! Je le repris dans mes bras puis je risquai un coup d’œil en arrière. Je poussai un cri mi-surpris, mi-effrayé. Des nuages s'étaient formés au dessus de la jeune Vampire et ils n'étaient pas vraiment bleus si vous voyez ce que je veux dire. Il fallait vraiment que l'on parte. L'enfant aussi avait vu ce qu'elle était en train de faire. Son visage avait repris son air effrayé.

«Ne t'inquiète pas, lui assurai-je. On va s'en sortir.»

Enfin j'espère ajoutai-je intérieurement. Je cherchai un moyen de m'échapper mais, bien sûr, elle était devant la porte. Comme par hasard, il n'y avait aucune autre issue dans cette pièce. Génial ! Je le regardai attentivement. Elle avait fini.

«Oh mon Dieu.» murmurai-je.

J'étais fascinée. Grâce à ses pouvoirs, elle avait réussi à créer une gigantesque tornade qu'elle pouvait diriger à sa guise. Nous n'allions pas faire long feu le petit garçon et moi.

La tornade se dirigea vers nous. Il fallait à tout prix que je trouve une solution ! Je ne pouvais pas mourir de cette manière. Je devais sauver ce petit garçon mais il était déjà trop tard. La tornade commençait déjà à nous emporter. Nous allions être écrasé contre l'un des murs de la pièce. J'étendis alors la main vers ce mur et j'hurlai :

«Brume !»

Je sentis alors affluer toute ma puissance de Vampire vers mes yeux. C'était bien plus fort que tout ce que j'avais connu jusqu'à maintenant. C'était encore plus fort que lorsque j'avais appelé à moi le poignard. Mais cela représentait trop de pouvoir pour moi. Je ne pouvais plus tenir. J'avais envie de fermer les yeux. Je dois le sauver… Je me forçais à les garder ouvert. Je présentai mon dos au mur pour éviter que l'enfant ne soit blessé. Un terrible mal de tête commença à battre à mes tempes. Cela faisait si mal mais je devais tenir. Je vis alors la forêt au milieu de laquelle s'élevait le château juste au dessous de moi. C'était impossible ! Comment… Je touchai enfin le sol. L'enfant n'avait rien. J'avais si mal mais je devais partir d'ici. Je tentai de me relever. Trop mal… Je m'évanouis.


Je me réveillai dans un grand lit chaud. Vlad et Gwen me regardaient. Ils semblaient très inquiets. Je tentai de me lever mais je sentis soudain une terrible douleur.

«Reste couchée, me dit Gwen.

-Pas question.» répliquai-je.

Avec mille précautions, je m'assis sur le lit. Je regardai aux alentours. J'étais dans mon antre. Sur le divan, il y avait le jeune garçon que j'avais trouvé dans le château. Il dormait. On lui avait trouvé des vêtements. Je constatai avec tendresse qu'il serrait mon manteau de cuir contre lui… comme si c'était une peluche. Je regardai Vlad et Gwen.

«Comment suis-je rentrée ? Demandai-je.

-C'est nous qui t'avons ramenée ici avec lui, avoua Vlad.

-Mais pourquoi ?»

Je rabattis les couvertures et me levai mais c'était oublié la douleur que j'avais ressentie quelques minutes plus tôt. Bon sang ! Qu'est-ce que j'ai mal… Mais je devais me lever.

«Je t'ai dit que tu devais rester couchée, me rappela Gwen.

-Et moi, j'ai répondu pas question.»

C'est alors que je m'aperçus que je n'étais vêtue en tout et pour tout que d'une petite culotte noire bordée de dentelle. Un soudain sursaut de pudeur me prit. Chose étrange pour une femme qui avait couché avec son pire ennemi contre la vitrine d'un magasin de souvenir n’est-ce pas ? J'éloignai aussitôt cela de ma mémoire. Je ne voulais pas penser à Ishta. Je m'enveloppai rapidement dans une couverture puis me levai. Je partis vers mes valises à la recherche d'une tenue un peu plus décente tout en essayant de me rappeler ce qui avait pu se passer.

Je me souvenais très bien que j'étais tombée de très haut et que j'étais entrée en contact avec de nombreuses branches d'arbres. Des sapins je crois. Je ne comprenais pas pourquoi je m'étais évanouie. J'avais pourtant déjà sauté de plus haut et je n'avais jamais été blessée.

J'enfilai un pantalon noir et je poussai un léger cri de douleur. Je regardai mes jambes. Elles étaient couvertes de bandages et de pansements.

«Que…» commençai-je.

Je me mis alors à examiner le reste de mon corps. Une vraie momie ! Je tentai d'arracher les bandages de mon bras mais Gwen voulut m'en empêcher. C'était perdu d'avance. Elle ne s'était pas encore approchée de moi que j'avais déjà arraché l'un des bandages. Mon bras était couverts de griffures.

«Ne fais pas cela, me dit Gwen. Tu as des blessures beaucoup plus grave. Elles vont se remettre à saigner.

-Impossible, répliquai-je. Je suis un Vampire. Mes blessures cicatrisent à la vitesse de l'éclair.

-Ahélya, intervint Vlad, je crois que tu devrais t'asseoir.»

Je finis de m'habiller en grimaçant à chaque nouveau sursaut de douleur puis je leur obéis enfin et j'allai m'asseoir sur le lit mais ce n'était pas vraiment une très bonne idée. Je poussai un nouveau cri de douleur. Je me remis donc aussitôt debout.

«Je crois qu'il vaut mieux que je reste debout, dis-je.

-Si tu veux.» fit Vlad.

Il réfléchit quelques minutes avant d'ajouter.

«Est-ce que tu te souviens de ce qui t'est arrivé ?»

Je leur racontai rapidement le combat contre la Vampire, la tornade qu'elle avait créé et le cri que j'avais poussé.

«Et puis, je me suis senti tombée, révélai-je. J’ai touché le sol quelques minutes plus tard. J'ai aussitôt essayé de me lever mais j'avais trop mal. Je me suis évanouie.

-Au fond tu ne sais pas vraiment ce qui s'est passé, intervint Gwen.

-Non, en effet.»

La prêtresse et Vlad s'entreregardèrent. Que signifiait ces mines de conspirateurs ? Quelqu'un allait-il enfin me dire ce qui s'était passé ?

«Ahélya, dit Vlad avec mille précautions, tes blessures n'ont pas cicatrisé d'elles-mêmes parce que tu es redevenue humaine.»

Je restai bouche bée. Redevenue humaine avait-il dit ? Comment cela pouvait-il être possible ?

«Ce n'est pas drôle.» finis-je par dire.

Je me mis à prendre mon pouls. Mais comme je m'y attendais, je n'entendis rien du tout.

«Vlad, tu as déjà vu un humain dont le cœur ne bat pas mais qui est capable de bouger, de marcher, qui parle…»

Je tentai de m'asseoir sur le lit. Je dus rapidement me relever en poussant un nouveau cri de douleur.

«Et qui a mal surtout.» finis-je.

CQFD, je ne suis pas revenue humaine. Il n'y a rien d'autre à ajouter. La discussion est close les amis.

«Tu l'étais, intervint Gwen. Du moins… Jusqu'à ce que tu te réveilles tout à l'heure.

-Je pourrais savoir ce que vous avez fumé tous les deux ? Je suis un Vampire. Les Vampires ne peuvent pas redevenir humain sur un claquement de doigt. Cela se saurait autrement.»

Ils gardèrent le silence. Je les avais fait taire sur ce coup-là. Qu'allaient-ils donc trouver pour me démontrer que je me trompais ?

«Est-ce que tu pourrais faire pleuvoir dans cette pièce ?» me demanda soudain Vlad.

Si c'était ce qu'il voulait… Je me concentrai. Mais je ne réussis pas immédiatement à faire venir la pluie. Il fallu une dizaine de minutes pour qu'apparaisse un petit nuage au dessus de la tête de Vlad mais il ne produisit pas de pluie. Le nuage se mit ensuite à grossir et il se mit à pleuvoir dehors. Alors…

«Tu peux arrêter.» me dit Gwen.

D'un geste de la main, je fis se disperser le nuage. Dehors, le temps était redevenu normal.

«C'est bien ce que je soupçonnais, dit Vlad.

-Ce qui veux dire ? Demandai-je.

-Je vais t'apprendre la manière dont tu as réussi à sortir du château il y deux jours.

-Deux jours !

-Oui. Tu as déliré pendant tout ce temps.» m'apprit Vlad.

J'allai de surprise en surprise. J'avais déliré pendant deux jours. Il était donc peut-être au courant de ce qui c'était passé entre Ishta et moi. Cela n'allait certainement pas tarder à venir sur le tapis.

«Oh mon Dieu, ce n'est pas possible, dis-je. Je n'ai pas pu…

-Pour un Vampire, me coupa Vlad, je trouve que tu invoques bien souvent celui qui est ton ennemi mortel.

-Mes seuls ennemis sont ceux qui veulent du mal aux Vampires, répliquai-je d'un ton glacial.

-Je sais.

-Qu'est-ce que j'ai dit pendant ces deux jours ? Demandai-je sur un ton inquiet.

-Rien. Tu n'as pas vraiment parlé. C'était plutôt des brides de phrases. En fait, le problème venait plutôt de tes yeux.»

Je ne comprenais pas vraiment de quoi Vlad voulait parler. Mais le plus rassurant, c'était que je n'avais rien dit à propos de ce qui s'était passé entre Ishta et moi. Ouf…

Bon… Vlad avait fait allusion à mes yeux, tout ceci devait donc avoir un lien avec mes pouvoirs de Vampires. En effet, lorsque l'on voit un Vampire étendre la main pour se servir de ses pouvoirs, ce n'est que du folklore si je peux me permettre cette expression mais c'est aussi un bon moyen pour cacher aux mortels la véritable source de pouvoir des Vampires… C'est-à-dire les yeux. De tous nos sens, c'est la vison qui est le plus développé et c'est par elle que passe l'ensemble de nos pouvoirs.

«Les yeux miroirs de l'âme, murmurai-je pensive, si nous en avons une. Que s'est-il passé avec mes pouvoirs ?

-Pendant les premières heures où nous t'avons soignée, nous avons été obligés de te bander les yeux, répondit Gwen à la place de Vlad. Tous ceux que tu regardais se transformaient aussitôt en brume.»

J'émis un petit sifflement admiratif. Je les transformai en brume… Rien que ça.

«Pourquoi ? Demandai-je.

-Ce qui nous amène à la façon dont tu es sortie du château, annonça Vlad.

-Nous nous doutions de l'endroit où tu étais partie mais nous en avons eu la confirmation quand les Vampires que j'avais posté aux entrées sont accourus ici pour nous dire que le château avait complètement disparu.

-Disparu ?

-Oui. Seul une légère brume subsistait à sa place, intervint Vlad. Nous l'avons vu de nos propres yeux. Je ne sais pas comment tu as fait mais le château et tous ceux qui s'y trouvaient sauf toi et ce jeune garçon se sont transformaient en brume sur ton ordre.»

Je n'en revenais pas. En brume ! J'ai réussi à transformer tout le château en brume !

«C'est impossible, chuchotai-je. Je ne peux pas être aussi puissante.

-Et la brume n'est pas ton pouvoir le plus puissant, intervint Vlad. Imagine un peu ce que tu pourrais être capable de faire avec le contrôle du temps si tu utilise toute cette puissance.

-Sans compter que tes pouvoirs et leurs puissances augmenteront en vieillissant.» ajouta Gwen.

J'étais nerveuse. Je me mis à faire les cent pas dans la pièce. Tout ceci ne pouvait pas être possible ! J'étais une prêtresse d'après ce qu'avait dit la Vampire du château. Je ne pouvais pas être aussi puissante. Je ne pouvais pas avoir autant de pouvoir.

«Et après ? Demandai-je.

-Nous avons décidé d'aller voir et nous t'avons trouvé. Tu avais les yeux ouverts et tu fixais le château. Tu tenais cet enfant serré contre toi. Mais tu ne réagissais à aucun stimulus, me raconta Gwen.

-Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'ai pris ton pouls, continua Vlad. Ton cœur s'était remis à battre. Tes blessures n'avaient pas cicatrisé. Nous t'avons donc ramené ici pour te soigner. Je voulais le faire avec le sang des Gardiens mais Gwen me l'a interdit.

-C'est logique. J'étais redevenue humaine et vous ne saviez pas si j'allais le rester.

-Oui, mais tu continuais tout de même à utiliser tes pouvoirs de Vampire…»

Vu que je transformais tous les gens que je voyais en brume… je sais, vous l'avez déjà dit.

«Et le château ? Les questionnai-je.

-Il a fini pas réapparaître petit à petit au fur et à mesure que nous t'avons éloigné de lui, expliqua Vlad.

-Tu es certainement la Gardienne la plus puissante que nous ayons jamais créées.» conclut Gwen.

Mais je n'étais qu'une prêtresse et si j'étais capable de faire cela, celle que j'avais rencontrée… La véritable Gardienne… Etait bien plus puissante que je ne l'imaginais. Je me tournai vers Gwen.

«Comprends-tuComprends-tu pourquoi je suis redevenue humaine pendent ces deux jours ?

-Je pense que c'est parce que tu as dû monopoliser la totalité de tes pouvoirs de Vampires pour faire disparaître le château et ses occupants. Cela serait en quelque sorte une réaction à ce que tu as fait… Un moyen pour te garder en vie peut-être. C'est la seule explication que j'ai trouvée.

-C'est plausible. Et les Vampires du château ?

-Ils se sont enfuis dès qu'ils ont repris leur solidité.

-Vous auriez dû les suivre.

-Nous étions trop préoccupés par ton état.»

Je m'en doutais mais ce n'était pas une raison valable pour les avoir laissé s'échapper. Il n'y avait donc plus rien qui nous intéressait ici. Nous devions retourner en France.

«Et cet enfant ? Me demanda Vlad après que je leur aie eu faite cette annonce.

-Nous l'emmenons avec nous bien sûr.» répondis-je.

Je m'approchai du divan et passai doucement la main dans les cheveux blonds de ce garçon. Il ne se réveilla pas.

«Plus je te voie, murmurai-je, et plus je suis sûre que je t'ai déjà vu quelque part.»

Je m'accroupis près de lui.

«Pourquoi Ishta te retenait-il là-bas ? J'aimerais tellement comprendre.»

J'en avais l'intime conviction. Cet enfant avait un rapport avec Ishta, son passé et ses secrets. L'avoir avec moi, c'était marqué un point dans la lutte que je menais contre celui que j'avais cru être mon jumeau. Tu as peut être gagné cette bataille Ishta mais tu ne gagneras pas la guerre.

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Un capharnaüm dans ma tête
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