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Un capharnaüm dans ma tête
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23 octobre 2009

Gardienne : chapitre 14

Chapitre n°14 : L'enfant.


A la nuit tombée, j'embarquai avec tous les autres Vampires dans deux avions à destination de la France. Mon pays… J'étais très heureuse de le retrouver.

«Vous ne manquez pas de moyen, nous fit remarquer Vlad quand il entra dans l'avion.

-Disons que les Vampires ont pas mal de ressources, répondis-je en souriant.

-En effet, ajouta Gwen. Non seulement nous comptons à peu près tous les corps de métiers avec notamment quelques pilotes. Mais certains Vampires possèdent une fortune personnelle assez importante. Forte heureusement les rares Vampires qui nous soutiennent ont mis à notre disposition leurs fortunes, ce qui peut se révéler très utile dans notre lutte contre Ishta.

-Ce que Gwen oublie de te dire, c'est qu'elle fait partie de ces Vampires.» dis-je.

Vlad prit un air stupéfait.

«En plusieurs centaines d'années, on peut amasser pas mal de choses.» dit Gwen.

Elle disait cela comme si elle voulait s'excuser d'avoir une certaine fortune. C’est vrai qu’elle était plutôt mal à l'aise. Je savais qu'elle n'aimait pas trop que l'on évoque sa richesse.

Nous décollâmes enfin. Vlad regarda le petit garçon qui était toujours endormi. Il serrait toujours contre lui mon manteau de cuir comme si c'était une peluche.

«Tu n'as pas eu trop de mal pour lui faire passer les contrôles ? me demanda Gwen.

-Non, pas le moindre. J'ai récupéré tous mes pouvoirs vampiriques maintenant. Je me sens même plus puissante qu'avant. C'est très étrange.

-Pas étonnant. Tu as quand même réussi à faire disparaître un château entier. Ce n'est pas rien, intervint Gwen.

-Mais ce qui me plait le plus, c'est de ne plus avoir aucun bandage. Je commençais à en avoir assez de jouer les momies. »

La discussion entre Gwen et moi continua. Vlad restait silencieux. Je savais qu'il se sentait à mille lieux de notre conversation. Comment pouvait-il en être autrement ? Vlad était un mortel. Il prit enfin la parole.

«Quand va-t-il se réveiller ? Il ne s'est pas réveillé depuis que tu as repris connaissance.»

Il est vrai que l'enfant était toujours endormi. Mais contrairement à ce que pensait Vlad, nous l'avions vu éveillé. Pas contre lorsque le jeune homme était avec nous, il plongeait dans un profond sommeil. Gwen et moi éclatâmes de rire à la phrase du membre du Clan.

«Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, ronchonna Vlad.

-Mais il est réveillé, lui appris-je.

-Réveillé ! Comment le sais-tu ?

-Je pense que tout comme moi, tu le sens Gwen.»

La prêtresse acquiesça. Encore une chose que je ne comprenais pas encore bien. Comment pouvais-je savoir qu'il ne dormait pas ? Je le sentais. C'est tout. C'était la seule explication que je pouvais donner.

«Mais pourquoi n'ouvre-t-il pas les yeux alors ? demanda Vlad.

-J'ai l'impression qu'il a peur de toi. Il a dû comprendre que tu faisais partie du Clan.»

Vlad se tourna vers moi. Il était interloqué.

«Il est humain pourtant. Il n'a donc rien à craindre de moi. Le Clan ne s'attaque qu'aux Vampires.»

Gwen toussota.

«Avec plus ou moins de zèle tout de même.» nous fit-elle remarquer.

Comprenant son allusion, Vlad baissa la tête. Il était très gêné et moi j'étais rouge comme une pivoine. Gwen n'ignorait rien de ma relation avec Vlad si elle ignorait ce qui s'était passé avec Ishta. D'ailleurs, je crois que personne ne soupçonnait ce qui s'était passé entre nous deux, ce qui n'étais pas pour me déplaire.

«Il est mortel, dis-je à propos du petit garçon. Mais il me semble qu'il n'est pas vraiment humain.

-Que veux-tu dire ?

-Je ne sais pas. C'est juste une impression.

-Encore l'une des ces choses que tu sens et que tu ne peux pas expliquer Ahélya.

-En effet Vlad.»

Il y avait tellement de choses que je sentais et que je n'étais pas capable d'expliquer. Vlad se leva et se dirigea vers le fond de l'appareil.

«Où vas-tu ? Lui demandai-je.

-A un endroit où tu ne peux pas aller à ma place.» répondit-il.

Vlad s'éloigna puis il se ravisa soudain. Il revint vers moi pour me dire à l'oreille :

«Sauf si bien sûr, tu as envie de m’accompagner.»

Je devins rouge comme une pivoine. Après une rapide courbette, le jeune homme s'éloigna vers le fond de l'appareil. Je regardai Gwen. Elle avait dû mal à se retenir de ne pas rire. Je détournai les yeux pour regarder le jeune garçon que j'avais sauvé des griffes d'Ishta.

Qui pouvait-il bien être ? Je cherchais vainement où j'avais bien pu le voir. Il ouvrit les yeux puis observa les alentours. En ne voyant pas Vlad, il se leva pour venir se coller contre moi sous le regard étonné de tous les Vampires qui se trouvaient dans l'avion avec nous. J'embrassai le petit garçon sur la joue puis ébouriffai ses cheveux blonds foncés.

« Ça va ?» lui demandai-je.

Il ne répondit pas.

«Quel âge as-tu ?» le questionna Gwen.

Il se tourna vers elle et l'observa attentivement. La prêtresse subit l'examen de l'enfant sans broncher. Soudain, il se détourna d'elle. Il avait peur, je le sentais. Il se serra encore plus contre moi.

«Tu n'as rien à craindre, lui dis-je doucement à l'oreille. Gwen est mon amie. Elle ne te fera aucun mal. Je te l'assure. Elle n'est pas comme les gens du château.»

Mais l'enfant secoua vivement la tête de droite à gauche. Ses yeux noirs aux reflets de mystère se posèrent de nouveau sur Gwen. Il reporta ensuite son attention sur moi. Son regard croisa le mien.

«Ce n'est pas vrai, chuchota-t-il en lançant de petits regards en coin vers la prêtresse. Elle est méchante… Comme l'autre dans le château.»

Mais Gwen avait très bien entendu. Même si son ouïe n'était pas aussi puissante que la mienne, elle n'avait eu aucun mal à entendre, je le savais. La prêtresse voulut s'approcher de nous mais je l'arrêtai d'un geste. Je la regardai attentivement dans les yeux. Les Vampires ne sont pas télépathes. Pas tous en tout cas. Je ne l'étais pas. Mais certains regards suffissent amplement à faire passer un message. Gwen baissa légèrement la tête après quelques secondes.

«Bien Maîtresse. Si c'est-ce que tu veux.»

C'était ce que je voulais en effet. Gwen s'éloigna et alla s'asseoir ailleurs mais cela n'était pas encore suffisant pour moi. Je me levai et allai avec l'enfant vers l'avant de l'avion en le portant dans mes bras. Je l'installai sur une banquette et après un coup d’œil sur les Vampires qui étaient assis dans l'avion, je tirai un rideau pour leur cacher notre conversation. J'avais des choses à demander à cet enfant. Des choses qui ne regardaient pas les autres Vampires… Pas même Gwen.

«Gwen n'est pas comme la femme du château, lui dis-je d'un ton doux. Elle m'a beaucoup aidé.»

Le garçon ne répondit pas. Malgré le rideau, il continuait de jeter des regards méfiants derrière mon dos.

«Quel âge as-tu ? Lui demandai-je.

-Huit ans.» répondit-il de cette voix claire qui me rappelait également quelque chose.

Où ai-je bien pu entendre cette voix bon sang !

«Et quel est ton nom ? Le questionnai-je.

-Je m'appelle Leonardo Christopher. Mais papa préfère m'appeler Léo parce que…

-C'est plus court. J'aime beaucoup tes deux prénoms Léo.»

Je ne mentais pas. Leonardo et Christopher étaient deux prénoms que j'appréciais beaucoup.

«Et ton nom de famille ?

-Je ne le sais pas.»

Il ne le savait pas ?

« Voyons Léo, à huit ans, on connaît son nom de famille. Alors dis-le moi.»

Mais l'enfant secoua la tête de droite à gauche. Je n'allais pas l'embêter plus longtemps avec cela. Après tout, son nom de famille m'importait peu. Il venait de me parler de son père. Je devais peut être l'interroger là-dessus. Il me répondrait peut être.

«Et ton papa, il est où ?

-Je ne sais pas non plus. Il m'a laissé dans le château avec elle et il est parti. Il m'avait dit qu'il reviendrait bientôt et que je devrais être sage. Il est parti en voyage. Il m'a même dit qu'il me rapporterait un cadeau.»

Dans le château ? Son père était sans doute l'un des associés humains d'Ishta et de ses Vampires. C'était la seule explication. Comment un père pouvait-il emmener son fils dans ce genre d'endroit ?

«Tu peux m'en dire plus sur ton papa ?» questionnai-je Léo.

Sa réponse me surprit beaucoup.

«Non. Il m'a interdit de parler de lui à qui que ce soit et surtout pas à toi ! » Répliqua l'enfant très sûr de lui.

Son père me connaît ! Impossible ! Comment aurait-il pu me connaître ? Je me mis à observer attentivement Léo. Ce regard… Je lui tournai doucement la tête. Ce visage… Une idée surgit soudain en moi mais je l'écartais très vite. C'était impossible ! Les Vampires ne pouvaient pas avoir d'enfant. Toutes les légendes que j'avais pu lire sur ce point étaient formelle. Le seul moyen qu'avait les Vampires pour proliférer c'était de transformer les humains. Oui mais… C'était logique et cela expliquait cette impression de déjà vu que je ressentais quand je regardai cet enfant. Je reconnaissais maintenant ce visage sous les traits de l'enfance. Comment pouvais-je l'oublier ? On se souvient toujours de ses conquêtes n'est-ce pas ? Mais Léo était mortel !

«Est-ce que tu m'as déjà vu ? Je veux dire… Avant que je ne te trouve dans le château, lui demandai-je.

-Oui, répondit-il joyeusement. C'est grâce à papa. Il a beaucoup de photos de toi tu sais.»

Je baissai la tête en colère. Espèce de voyeur ! Cela ne te suffisait donc pas d'avoir couché avec moi ?! Voyons Ahélya, cela ne peut pas être son père. Les Vampires n'ont jamais été capables d'avoir des enfants. Mais ce visage ! C’est bien celui de… Un grognement sourd interrompit soudain mes réflexions. Je souris. Cela me rappelait de nombreux souvenirs du collège et du lycée, notamment les contrôles de latin en quatrième de onze heures trente à midi et demi. Tout ceci semblait si éloigné de moi maintenant. Le ventre de Léo gargouilla de plus belle.

«Tu as faim on dirait, dis-je en souriant.

-Oui.» répondit-il en se tenant le ventre.

Y avait-il de la nourriture dans cet avion ? Je n'en avais aucune idée. C'est vrai qu'à part Vlad et cet enfant, personne n'avait besoin de manger. Après tout, l'essentiel des passagers étaient Vampires. Les pilotes aussi d'ailleurs. Il y avait sûrement du sang à bord mais pas de nourriture solide.

«J'ai bien peur que tu ne doives attendre d'être en France pour manger Léo» lui dis-je.

Mon sourire s'était élargi. Le gamin haussa les épaules. Je le repris dans mes bras puis je revins à ma place. Vlad était de retour et Gwen avait repris le siège qu'elle avait quitté sur mon ordre. Il m'attendait. Ils ne me posèrent aucune question.

Je passai le reste du voyage avec Léo assis sur mes genoux. Nous jouions à un jeu que le petit garçon venait d'inventer. Je devais lui poser des questions et s'il répondait faux, je devais lui donner un gage. Je lui en ai donné très peu. Ce jeu me permis de m'apercevoir que ce gamin avait une mémoire incroyable. Il ne fit pratiquement aucune erreur. Mais les questions que je lui posais étaient assez faciles. En fait, je n'avais pas vraiment la tête à son jeu. Une question m'obsédait en fait. Léo pouvait-il être le fils d'Ishta ?


Je m'étais accordée une journée de repos avant de reprendre le lycée. J'en avais plutôt besoin. Cette journée, je ne l'avais pas passée à me reposer. J'avais dû convaincre Gwen et Vlad que je devais retourner au lycée. J'étais certaine qu'Ishta allait me contacter maintenant que j'avais son fils avec moi. Si Léo était bien son fils bien sûr ! J'avais réinterrogé Léo. C'était la Vampire contre laquelle je m'étais battue qui l’avais enfermé dans la pièce où je l'avais trouvé. Lorsque je lui demandai pour quelle raison, il me donna une réponse assez étrange.

«Elle a dit que je ne devais pas vivre parce que je n'étais pas normal. Elle a dit que j'étais contre nature.» me raconta Léo.

Quelle cruauté ! Mais cette Vampire n'avait pas tout à fait tort, il fallait bien l'avouer. Nous avions vite découvert que Léo était capable de lire dans les pensées. Celles des humains comme celles des Vampires. Je semblais être la seule qui échappait à son pouvoir.

J'étais allée voir mes parents. Je les avais hypnotisés pour qu'ils me signent mon billet d'absence. Motif de ma longue absence : malade. On se demande bien de quoi ? Remarquez, il faut être vraiment malade pour coucher avec son pire ennemi contre une vitrine de magasin de souvenir. Je passai le reste de la journée avec eux. Mes parents… Je crois que c'est à ce moment-là que je me rendis compte qu'ils allaient mourir et que moi, j'allais leur survivre. C'était normal après tout. Mais j'allais aussi survivre à ma sœur, à mes cousines qui avaient sept et huit ans de moins que moi, à mes petits cousins. Peut-être pour la première fois depuis que j'étais devenue Vampire, je me rendais compte de ce que voulait dire être immortel. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi avant.

A la nuit tombée et après avoir trouvé une femme à vider de son sang pour me nourrir, je retournai à l'appartement de Vlad. Je le trouvai attablé avec Léo en train de regarder un dessin animé à la télévision. Je m'arrêtai sur le pas de la porte pour les observer. Je me pris à imaginer que j'étais une jeune femme qui, après une journée de boulot harassante, pouvait enfin retrouver son mari et son fils mais je savais très bien tout au fond de moi que ce petit bonheur me serait à jamais interdit. Le salut et la sécurité des Vampires, c'étaient les seules choses qui devaient compter pour moi maintenant. Il ne pouvait rien y avoir d'autre.

«C'est pour cela que tu dois m'aider, persifla soudain un petite voix à mon oreille. Comme à moi, il t'a enlevé le bonheur et la joie d'avoir une famille ou une vie normale. C'est à cause de lui tout ceci. Allons… Explique-moi pourquoi nous devrions nous sacrifier pour protéger une bande de Vampires incompétents. Ce n'est pas juste. Rejoins-moi Ahélya. Il ne pourra pas lutter contre nous. Personne ne le pourra.

-Va-t-en Ishta.» murmurai-je d'un ton las.

J'avais fait croire à Gwen que je ne percevais plus l'esprit d'Ishta près du mien mais c'était faux. Il était toujours avec moi.

«C'est vraiment ce que tu veux ?

-Part s'il te plait.

-Bien.»

Mais je sentais toujours sa présence. Il me donnait des baisers passionnés dans le cou. C'était si bon ! Je dus me mordre la lèvre inférieure pour étouffer un gémissement de plaisir. Je ne devais pas alerter Vlad et Léo. Il me retourna lentement. Je ne lui résistai pas. Il me força doucement à m'appuyer contre le chambranle de la porte. Toujours aucune résistance de ma part. Je savais qu'il n'était pas là mais je le voyais quand même. Dès que je le sentais près de moi, tout mon monde volait en éclat. Je m'étais promise de rester froide sous ses caresses mais je l'embrassais avec une passion égale à la sienne. Je donnais plus à cet homme en un seul baiser qu'en toute une nuit passée avec Vlad.

Je devais rentrer dans l'appartement. C'était le seul moyen que j'avais pour qu'il me laisse tranquille. Mais en avais-je vraiment envie ?

«Reste avec moi.» dit-il d'une voix passionnée.

Je devais absolument rentrer dans cet appartement mais j'avais tellement envie de lui. J'avais envie de le sentir en moi de nouveau. Ma bouche quitta la sienne. Pourtant, je ne rentrai toujours pas dans l'appartement de Vlad. Je me mis à genoux devant lui puis je commençai à le déshabiller. Sa chemise était tombée par terre. Je sentais sa peau aussi glacée que la mienne sous mes mains. Je l'embrassai sur le ventre. Son pantalon tomba bientôt à terre lui aussi. Ma bouche dériva un peu plus bas. Je l'entendis gémir mais je perçus également un autre son. Le rire de Vlad…

Je repris enfin mes esprits. Je mordis violemment Ishta au niveau de l'abdomen. Il n'émit pas le moindre son. Pas le moindre cri de souffrance et de douleur. Je sentis son sang qui était en train de couler dans ma gorge. Il était délicieux. Je me cramponnais toujours à lui mais pour une autre raison maintenant. Je voulais son sang. Il me repoussa loin de lui. Je tombai dans l'appartement en heurtant un meuble au passage. Tout ce qui se trouvait dessus tomba. Cela fit un vacarme épouvantable. Léo et Vlad se retournèrent.

«Ahélya !» cria Vlad, inquiet.

Il était déjà près de moi pour voir comment j'allais. Il m'aida à me relever. L'homme que j'aimais était à côté de moi mais je pensais toujours à l'autre… A Ishta.

«Qu'est-ce qui s'est passé ? Me demanda Vlad.

-Rien. J'ai trébuché.» mentis-je.

Je n'allais tout de même pas lui dire : ‘’En fait, Vlad, j'étais en train de faire télépathiquement l'amour avec un psychopathe. Tu ne m'en veux pas j'espère.’’

Trébucher… Quelle excuse idiote pour un Vampire. Même si j'avais trébuché, j'aurais réussi à me rattraper mieux que cela. Je ne serais pas tombée aussi lourdement sur le sol. Vlad avait un regard soupçonneux. Mal à l'aise, je passais la main dans mes cheveux courts que je trouvais tout ébouriffés. Heureusement, ma tenue était correcte elle.

«Ahélya.

-Oui.

-Tu as un peu de sang. Là»

Vlad tendit la main vers la commissure de mes lèvres et il recueillit un peu de sang sur son doigt. Je passai vivement ma langue à cet endroit. J'adorais ce sang. J'aurais donné beaucoup de choses pour le sentir de nouveau couler dans ma gorge. Vlad me regardait en ayant l'air de penser : ‘’Vas-y ! Trouve une excuse à cela ’’.

«Reste de repas.» hasardai-je.

Décidément, mes excuses étaient de plus en plus nulles. J'allais vers le canapé. Léo, qui s'était levé au moment où ils m'avaient entendu tomber, se jeta dans mes bras.

«Tu ne devrais pas être au lit toi ! M’exclamai-je.

-Je n'ai pas sommeil.»

Mais ses yeux me disaient le contraire. Ils étaient lourds de fatigue. C'était étonnant qu'il ne se soit pas encore endormi sur le canapé. Je jetai un coup d’œil à la pendule. Il n'était pas loin de onze heures. J'étais restée autant de temps dehors ! Presque trois heures à déambuler dans les rues. Je ne m'en étais même pas rendue compte.

«Tu me promets d'aller te coucher à la fin du dessin animé ? Demandai-je en souriant.

-C'est promis.» m'assura Léo.

Vlad nous rejoignit.

Une demi heure plus tard, je portai Léo, endormi, jusqu'à mon studio. Même s'il semblait avoir accepté la présence de Vlad, il ne voulait pas dormir chez le jeune membre du Clan. Je le couchai et le bordai. Avant de retourner chez Vlad, je déposai un rapide baiser sur son front. Il ouvrit soudain les yeux. Je posai la main sur son front.

«Dors, lui dis-je tout bas.

-Tu sais Ahélya…

-Non.

-Je t’aime bien. Tu me fais penser à papa. Tu es comme lui.»

Il se rendormit sur ces derniers mots. Ces phrases qui auraient dû me faire plaisir avaient eu l'effet opposé. Si Ishta était bien son père, cela voulait dire que… Je ne voulais pas lui faire penser à lui… Je ne voulais pas ressembler au Gardien. Tout mais pas cela. J'embrassai une dernière fois Léo et je finis par rejoindre Vlad.

«Il dort.» lui appris-je en m'assaillant à côté de lui sur son canapé.

Décidément, je pourrais très vite prendre goût à la vie de famille. J'étais en train de parier contre moi-même que Vlad et moi allions maintenant jouer le rôle des parents qui étaient heureux de se retrouver seuls. Si heureux qu'ils passeraient la nuit ensemble. Mais en avais-je réellement envie ? Oui, j'en avais envie mais il y avait ce qui s'était passé entre Ishta et moi. Il s'agissait d'une chose que je ne pouvais pas balayer du revers de la main. Lorsque Vlad me prit dans ses bras puis m'allongea doucement sur le canapé, je ne protestai pas. Notre étreinte était lente, tendre et passionnée. Tout le contraire de celles que j'avais pu partager avec le Gardien, si folles et sauvages.

«Même si un autre homme te tient dans ses bras, tu ne pourras jamais t'empêcher de penser à moi

Je n'entendais pas seulement sa voix. Je sentais de nouveau sa présence. Je cessai d'embrasser Vlad puis me redressai sur le canapé. Le jeune homme fit de même. Je regardai mon pull noir et son vieux tee-shirt qui étaient par terre. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas donner tout mon amour à cet homme ? Pourquoi fallait-il que je pense à lui dans un moment pareil ? Je sentis bientôt les lèvres de Vlad sur mon épaule. Le baiser était léger et plein de tendresse. Il m'aimait. Alors pour quelle raison un autre homme occupe-t-il mes pensées ? Oh mon Dieu, dis-moi pourquoi.

«Qu'est-ce que tu as ?» me demanda Vlad d'une voix douce.

Je devais me libérer d'Ishta et de son emprise. Mais le voulais-je vraiment? Oui. Si je ne le faisais pas pour moi, je devais au moins cela à Vlad. Tu ne gagneras pas cette fois-ci Ishta, me promis-je intérieurement.

«Rien.» répondis-je.

Je me levai et le regardai. Ses yeux verts étaient fixés sur moi mais je vis pendant un moment des yeux noirs et flamboyants. Je commençai à me déshabiller lentement tout en ondulant des hanches. En esquissant de rapides pas de danse, j'enlevai le reste de mes vêtements. Complètement nue, je m'assis sur les genoux de Vlad. Après un baiser passionné, je me relevai. Je me dirigeai ensuite jusqu'à la porte de sa chambre. Je me tournai alors lui pour lui sourire. J'ouvris la porte et me glisser derrière sans faire le moindre bruit. Vlad ne tarda guère à me suivre. Il m'allongea sur son lit tout en me caressant tendrement. Pendant ces quelques moments volés à l'emprise qu'Ishta exerçait avec tant de facilité sur moi, je me montrai la plus passionnée mais aussi la plus amoureuse des amantes mais je ne lui ai pas dit que je l'aimais. Je ne le lui ai dit qu'une seule fois mais il ne l'a jamais su.

J'étais en train de le regarder dormir. Il était presque trois heures du matin. Je me levai sans faire de bruit puis je sortis de la chambre pour partir à la recherche de mes vêtements éparpillés sur le sol du salon. Je sortis de l'appartement et je me dépêchai de monter jusqu'à mon studio. Léo dormait paisiblement lui aussi. Je fonçai aussitôt à mon armoire. Je l'ouvris pour y prendre une combinaison en cuir que j'avais acheté en secret de Gwen et de Vlad. Depuis que j'étais avec le jeune homme, j'avais en quelque sorte retrouvée les tenues sages de mon vivant. En quelque sorte seulement. Je caressai lentement le cuir. J'en aimais la texture. Je l'aimais déjà de mon vivant. J'adorais déjà l'odeur du cuir lorsque j'étais encore en vie. Je l'enfilai. Je n'aurais jamais osé porter ce genre de chose avant. J'allai ensuite dans la salle de bain. Moi qui ne me maquillai jamais d'habitude ! Je fus prise comme d'une espèce de rage en voyant le cadeau que Gwen m'avait offert quelques temps plus tôt. La prêtresse voulait que je me maquille mais j'avais toujours refusé jusqu'à maintenant. D'une main sûre et experte, je me maquillai rapidement.

Après un dernier coup d’œil à Léo, je quittai mon studio. J'étais obligée de passer devant l'appartement de Vlad en descendant. Je m'arrêtai devant la porte. J'hésitai une seconde avant d'entrer. J'allai directement à sa chambre. Il dormait toujours. Je l'embrassai sur la bouche. Il sourit dans son sommeil puis se retourna. Je me dirigeai enfin vers la porte. Avant de l'ouvrir, je me retournai vers le lit. Vlad me tournait toujours le dos mais le visage du jeune homme était présent dans mon esprit.

«Je t'aime.» murmurai-je.

Je partis comme une voleuse. C'est une chose que j'ai souvent faîte par la suite.

Je me transformai en brume dès que je sortis de l'immeuble. Je pouvais me déplacer si rapidement sous cette forme. Je laissais le vent me pousser. J'arrivai finalement dans une ville bien plus grande que celle que je venais de quitter. J'arrivais bientôt près du fleuve. Je marchai pendant un long moment sur les quais. J'avais le cafard. Tout est si intense chez les Vampires. Pouvoirs. Émotions. Sentiments. Voilà pourquoi certains d'entre nous deviennent fous. C'est si dur de ressentir toutes ces choses. On aurait pu croire que j'en avais marre de tous cela mais quelque chose était plus fort que mon désir de prendre le poignard que je portais en permanence sur moi et de me trancher la gorge. Il aurait peut être mieux valu après tout. J'aurais fait souffrir beaucoup moins de monde si je l'avais fait. Je ne regrettais pas ce qui venait de se passer avec Vlad mais je me rendais compte maintenant que, comme dans tout ce que je faisais, je m'étais montrée égoïste. Je n'avais cherché à assouvir que mon propre plaisir sans même me préoccuper des sentiments que pouvait éprouver Vlad.

Je décidai soudain d'aller voir Claudine. Elle était la seule qui pouvait me remonter le moral. J'en avais tellement besoin… Et puis, elle pourrait peut être répondre à deux ou trois questions que je me posais sur certaines choses qui concernaient les Gardiens. Je me transformai aussitôt en brume. Cette fois-ci par contre, je dus en même temps générer du vent. Je mis un moment avant d’arriver. Il fallait tout de même me rendre dans notre si belle capitale c’est-à-dire très loin de l’endroit où je me trouvais actuellement.

Je me matérialisai enfin dans une petite rue où j'étais arrivée par hasard la première fois que je m'y étais rendue. L'une des maisons étaient brillamment éclairée comme à son habitude. Mon ouïe si fine me permettait d'entendre les rires qui éclataient à l'intérieur de la maison. Je sentais aussi l'odeur d'autres représentants de mon espèce. Voilà pourquoi j'étais entrée dans cette maison la première fois que je m'étais retrouvée ici. Cette maison… Je devrais plutôt dire cet hôtel particulier. Je franchis enfin la porte de la demeure de Claudine. Comme la première fois que j'y étais entrée, je trouvai un majordome stylé juste derrière la porte d'entrée.

«Mademoiselle Ahélya, s'exclama ce dernier, je ne m'attendais pas à vous voir ici. Je vous croyais encore en Transylvanie à la recherche de…»

Je lui coupai la parole. Je n'aimais pas beaucoup que l'on prononce le prénom d'Ishta devant moi. Je n'entrais plus dans de fulgurantes colères lorsque je l'entendais mais…

«Je viens de rentrer en fait. Je peux…» dis-je en me dirigeant vers une porte qui se trouvait sur ma gauche.

Le majordome toussota. Dès que j'entrais ici, j'avais toujours l'impression de me retrouver en plein dix-neuvième siècle mais c'est ce qui plaisait aux clients…

«Nul, ici, n'ignore votre importance mademoiselle Ahélya. Mais je dois tout de même vous demander le mot de passe.»

-Jeff, nous pourrions peut-être nous en passer aujourd'hui. Vous savez parfaitement qui je suis.»

La première fois, je m'en étais sortie en l'hypnotisant et je lui avais extorqué ce fameux mot de passe. Personne ne m'en avait tenu rigueur. Pas même la maîtresse des lieux.

«Je suis désolé, mais… commença-t-il.

-Bon d'accord.»

Je me dressai sur la pointe des pieds pour lui glisser le mot de passe à l'oreille. Il m’ouvrit enfin la porte.

«Bonne soirée.» me souhaita-t-il en refermant la porte derrière moi.

Le pauvre. Son métier n'était vraiment pas marrant. Il était le seul humain à travailler ici en permanence. Je me dirigeai aussitôt vers le bar. Le jeune homme qui le tenait me reconnut aussitôt.

«Bonsoir Ahélya, qu'est-ce que ce sera ?

-N'importe quoi tant que c'est quelque chose de fort, répondis-je.

-Comme tu veux.»

Je me retournai sur mon siège. Je regardai les clients siroter paisiblement leurs verres tout en regardant le spectacle qui se déroulait sur scène. Quand j'étais entrée, j'avais remarqué leurs regards admiratifs posés sur moi.

Je détaillai attentivement la pièce. Le temps semblait s'être arrêté ici. Mais à quelques petits détails qui échappaient aux mortels, je pouvais voir que notre bon vieux vingt et unième siècle était bien là.

Je me mis à penser à Ishta. Je suis sûre qu'il aurait beaucoup aimé cet endroit. Puis, je pensais à son fils. Plus j'y réfléchissais et plus j'étais certaine que Léo était son fils et ce malgré ce que avait assuré Gwen.

«Que l'on soit simple Vampire ou Gardien, aucun de nous ne peut avoir d'enfant.» avait-elle dit.

J'aurais aimé en être aussi convaincue qu'elle. Je me retournai. Mon verre était là. Je le pris puis bu une gorgée du cocktail que Damien venait de me préparer. Il n'y avait personne au bar. De temps en temps, une des serveuses s'approchaient pour lui passer une commande. Damien les exécutait très vite. Mais il n'y avait personne pour le moment. Le jeune homme était juste en face de moi en train d'essuyer des verres.

«Claudine est là ? Lui demandai-je.

-Elle est avec un client.» me répondit-il.

J'ignorais que Claudine continuait son activité. Il faut dire que notre âge n'avait aucune importance. Nous pouvions faire à peu près n'importe quoi, n'importe quand et n'importe où. Quand j'étais venue ici pour la première fois, je n'en avais pas cru mes yeux. Une maison close à notre époque ! Cela m'aurait encore semblait impossible il y a quelques mois. C'était incroyable ! Claudine, la directrice, m'avait aussitôt proposé un poste en me voyant arriver. J’avais décliné son offre mais j’étais toujours le bienvenue ici. En fait, je venais retrouver Claudine dès que je ne me sentais pas bien.

Mon esprit fut à nouveau occupé par Ishta et Léo. Pourquoi est-ce que je doutais de ce que m'avait dit Gwen ? Je savais pourtant qu'elle avait raison. C'était écrit partout. Les Vampires n'étaient pas capable d'avoir d’enfants… Sauf s'ils décidaient d'en transformer un.

Soudain, un homme m'aborda. Sans attendre d'invitation de ma part, il s'assit à coté de moi et m'adressa la parole.

«Vous êtes seule ? Me demanda-t-il. C'est la première fois que je vous vois ici. Vous êtes nouvelle ?

-Pas vraiment, répondis-je en lui faisant mon plus beau sourire. Quant à votre première question. Oui, je suis seule. En fait… Je cherche un ami, un homme qui soit assez fort pour…

-Vous protéger, conclut-il à ma place.

-Non. »

Au Diable la moral ! J'avais envie de profiter de ma vie de Vampire. Si me noyer dans la débauche allait me permettre d'oublier, je le ferais sans hésiter une seule seconde. Je me penchai vers l'homme qui s'était assis à côté de moi pour lui glisser à l'oreille d'une voix charmeuse.

«J'allais dire pour me faire hurler de plaisir.»

L'homme toussa et s'étrangla. Je regardai Damien. Il avait tout entendu et cela n'avait rien à voir avec le fait qu'il soit Vampire. Ce barman n’était pas un Vampire très âgé d'ailleurs. Il m'avait appris qu'il avait été transformé quelques semaines avant moi. Damien me fit un clin d’œil d'encouragement.

«Je suis votre homme alors, me dit celui qui s'était installé à côté de moi.

-Mais c'était bien ce que je pensais.» répondis-je.

Je regardai Damien. Il comprit aussitôt ce que je désirais savoir. Discrètement, il me montra un escalier sombre à sa gauche. Mais Claudine surgit d'on ne sait où avant que je ne puisse m'éloigner avec mon protégé. Zut !

«Ahélya, quelle surprise de te voir ici ! Je te croyais encore dans notre si beau pays d'origine.» me dit-elle joyeusement.

Claudine parlait avec un léger accent. Tous les hommes qui la rencontraient trouvaient cela charmant sans pour autant être capables de dire d'où il venait. Moi, je le savais. Cet accent provenait directement du dix-neuvième siècle où Claudine avait été transformée en Vampire. Elle travaillait déjà dans cette maison close. L'un de ses clients, un Vampire, l'avait trouvait si charmante qu'il avait décidé de la transformer. Avec son aide, elle avait réussi à acheter la maison close. Tous ses employés, sauf Jeff, étaient des Vampires.

Ici, je me sentais à ma place. Un endroit remplis de Vampires… Je ne pouvais que m'y sentir à ma place. De plus, j'aimais beaucoup Claudine. Son exubérance et sa bonne humeur me libéraient de la gravité de Gwen ainsi que de ma pesante fonction de soi-disant Gardienne. S'ils savaient tous la vérité… Claudine se tourna vivement vers l'homme qui me trouvait à mes côtés.

«Non, Non, Non monsieur ! Ma petite Ahélya est beaucoup trop précieuse pour que je vous la confie. Aller donc voir Misty. Elle vous attend depuis longtemps et languit de vous voir. Damien ! Appela-t-elle. Conduit Monsieur.»

Elle claqua des doigts. Les deux hommes nous quittèrent. Claudine m'entraîna dans ce qu'elle appelait son boudoir. Le seul endroit où elle pouvait se retirer lorsqu'elle était fatiguée me dit-elle en m'y faisant entrer. J'y étais déjà entrée plusieurs fois mais comme à chaque fois, la décoration me coupait le souffle… M'aurait coupé le souffle. Ce n'était pas une chambre, juste un endroit où se reposer mais j'imaginais parfaitement les grandes cocottes du second empire dans ce genre de décor.

«Tu oublies que, nous autres, Vampires sommes infatigables Claudine, lui fis-je remarquer en m'asseyant par terre sur un coussin.

-C'est justement l'un de nos nombreux atouts ainsi que ce qui fait ma fortune et celle des filles.» rétorqua-t-elle en riant.

Claudine redevint subitement sérieuse. Elle savait parfaitement que je venais ici dès que j'avais un problème ou dès que je ne me sentais pas bien. Pour les deux parfois. Comme toujours, elle ne savait pas trop comment aborder le sujet, comment me faire parler. Je me levai et allai vers la fenêtre. J'observai la lune. C'était une chose que je faisais très souvent.

«Comment va Gwen ? Me demanda la Vampire au bout d'un petit moment.

-Elle va bien.»

Les deux Vampires étaient en effet les deux meilleures amies du monde mais je savais que Gwen n'appréciait pas beaucoup mes allers et venues dans la demeure de Claudine. Ce n'était pas ma place d'après la prêtresse. Je n'avais pas à me trouver dans ce lieu de perdition à frayer avec les simples Vampires. Elles se disputaient sur mon éducation comme un vieux couple.

«Et tes affaires ? Demandai-je.

-Elles se portent très bien. Même si la guerre fait rage entre Ishta et toi, les filles ne se sont pas arrêtées.

-C'est vrai que tu n'as choisi aucun camps. Gwen te le reproche. Tu en es consciente ?

-Parfaitement consciente. Mais que veux-tu Ahélya ? Je n'aime pas la guerre. J'ai toujours fait partie des non-alignés ma chérie. De plus, j'ai décidé que ma demeure constituerait un parfait terrain neutre si Ishta et toi décidiez de vous revoir.»

Je jetai un nouveau coup d’œil à la lune. Je savais parfaitement comment l'entrevue se terminerait. Par une chose dont je n'avais pas envie. Arrête de te voiler la face Ahélya, tu veux le revoir. Tu as envie de lui.

«Ce boudoir serait parfait pour une entrevue, continua Claudine, et de plus, il convient parfaitement aux joutes amoureuses. Personne de l'extérieur ne peut entendre ce qu'il se passe ici. Pas même les Vampires. Cela serait réellement parfait pour vous deux.»

Elle m'observait attentivement en disant cela. Mon regard croisa le sien. Savait-elle pour Ishta et moi ? Claudine me fit un rapide clin d’œil. Un large sourire s'était dessiné sur ses lèvres.

«Je suis peut-être beaucoup moins intelligente que Gwen mais comme pour tout ce qui te touche de près, notre chère prêtresse fait preuve d'un aveuglement incroyable.»

Je me rapprochai d'elle mais restai debout. Ainsi, elle savait. Elle avait réussi à pénétrer mon deuxième plus grand secret.

«Comment as-tu compris ? Lui demandai-je.

-Je suis une experte des choses de l'amour ma belle, répondit-elle simplement.

-Je ne l'aime pas, déclarai-je d'un ton dur.

-Je sais. Tu es amoureuse de ce jeune mortel. Vlad… C'est bien cela son nom. Un membre du Clan en plus.»

Un autre sujet de dispute entre Gwen et Claudine. L'une approuvait cette relation tandis que l'autre aurait préféré que je la laisse immédiatement tomber. Pas parce qu'il était un membre du Clan. Parce qu'il était mortel.

«Bien sûr, toute cette histoire est très romantique Ahélya. Mais c'est un mortel. Que va-t-il se passer quand il va mourir ? Pourras-tu vivre avec cette idée? Tu es immortelle. Pas lui.

-Je pourrais toujours demander à l'un de vous de le transformer.

-Crois-tu vraiment qu'il le voudrait ? Il t'aime, c'est vrai. Mais c'est un membre du Clan. C'est un ennemi.

-Tout comme Ishta.

-Ishta est immortel lui et puis… C'est ton jumeau. Il est donc normal que tu partages certaines choses avec lui.»

Partager certaines choses avec lui… Il me semble que ce n'était pas vraiment le terme approprié pour caractériser la relation que je pouvais avoir avec Ishta.

«C'est un peu incestueux tout de même Claudine.

-Nous sommes des Vampires chérie.»

Claudine se leva puis se dirigea vers une petite table de bois. Dessus, il y avait la boisson préférée, après le sang bien évidemment, de la Vampire. Elle s'en servit un verre.

«Tu en veux ? Me demanda-t-elle en se tournant vers moi.

-Plutôt mourir, répondis-je avec une grimace de dégoût.

-Tu as tort. C'est très bon. Tu devrais goûter un jour.»

J'avais déjà goûté et je n'avais pas apprécié du tout. Je me suis toujours demandée ce qu'elle pouvait bien mettre là dedans. Je le lui avais demandé un jour mais Claudine m'avait répondu que… c'était une recette secrète chérie !

«De plus, je te ferais remarquer que tu es déjà morte chère Ahélya.» ajouta-t-elle.

Elle revint s'asseoir sur les coussins de la banquette qui occupait la majeure partie de son boudoir tout en sirotant son étrange breuvage. Mais qu'est-ce qu'elle peut bien mettre là dedans ? Je m'installai à côté d'elle. J'avais une question à lui poser. Une question importante.

«Il y a une autre raison à ma venue et cela concerne les Gardiens.

-Demande à Gwen. Elle est beaucoup plus calée que moi sur le sujet.

-Je pense que tu pourrais m'aider Claudine. En y réfléchissant bien, ma question concerne les choses de l'amour.

-Tu veux savoir des choses sur l'amour entre Gardiens ?»

C'était bon. Je crois que j'étais déjà suffisamment briefée à ce propos. Ishta avait d'ailleurs pris mon enseignement très à cœur. Je détestais cet homme.

«Non.» répondis-je.

Claudine sembla déçue. J'attendis quelques minutes avant de poser ma question.

«Claudine… Est-ce que les Gardiens sont capables d'avoir des enfant ?»

Elle ne réagit pas comme je m'y attendais. Au lieu de me regarder avec des yeux stupéfaits à cause de ma question, elle resta très calme et continua de boire à petites gorgées son odieux breuvage.

«Toi… Tu as rencontré Léo, me dit-elle enfin.

-Pour être franche, il est en ce moment même en train de dormir sur mon clic-clac.»

Je lui racontai alors mon séjour en Transylvanie sans en omettre aucun détail. Et quand je dis aucun, c'est aucun. L'épisode de la vitrine la fit hurler de rire. A la fin de mon histoire, elle me dit :

«Je ne sais pas si Léo est son fils. En revanche, je l'ai toujours cru. La ressemblance est beaucoup trop frappante entre eux deux pour que cela ne soit qu'une coïncidence. En tout cas, s'il est son fils, cela expliquerait pourquoi il le cache. Surtout s'il est humain.»

Je la regardai sans comprendre.

«Tu devrais le savoir mieux que moi voyons. Une Loi l'interdit chérie.

-C'est vrai ! Réalisai-je. La Loi n'interdit pas les unions entre Vampires et mortels… Donc entre Gardiens et humains mais si des enfants naissaient de ces unions, ils devraient être tués.»

Je me levai et me mis à faire les cent pas. Le puzzle était en train de se reconstituer sous mes yeux.

«Cette Loi serait la seule que le Premier aie faite. Cela expliquerait pourquoi Ishta lui en veut tellement.

-Je ne peux pas t'aider davantage Ahélya. Le reste… Seul Ishta serait en mesure de te l'apprendre.

-Merci.» lui dis-je en l'embrassant sur la joue.

C'était aussi un au revoir. Je quittai aussitôt la demeure de Claudine. Seul Ishta pouvait m'expliquer et cette explication me conduirait certainement à Shiva. Je pourrais peut-être enfin le délivrer. Si j'avais réellement son fils avec moi, Ishta ne tarderait pas à me contacter pour le reprendre. J'attendais ce moment avec impatience. Shiva, je réussirais, me promis-je intérieurement tandis que je retournais chez mes parents sous forme de brume.

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Un capharnaüm dans ma tête
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