Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un capharnaüm dans ma tête
Newsletter
6 novembre 2009

Gardienne : chapitre 16

Chapitre n°16 : Chasse en couple compromise.


Mais pourquoi ai-je accepté cette chasse ? Me demandai-je pour la centième fois tandis que je marchais aux côtés d’Ishta dans une rue complètement déserte. Nous avions au moins cette chance là, nous n’avions encore croisé personne.

Quelque chose me disait que cette chasse allait vite finir par dériver en la plus stupide des compétitions au niveau de la tuerie et de l’assassinat. Cette compétition, je ne la gagnerais sûrement pas. J’étais encore une novice dans l’art de la chasse, de la manipulation, du meurtre et du mensonge tandis que mon compagnon avec ses presque trois mille cinq cents ans devait être un maître dans la matière.

« Ahélya. »

Ishta venait d’interrompre mes sombres réflexions. Je tournai le regard vers lui. Tout en marchant, Ishta me détaillait du regard.

« Pourquoi n’as-tu pas gardé l’autre tenue ? » me demanda-t-il enfin au bout de quelques minutes.

Je m’arrêtai.

« Pourquoi me poses-tu cette question ? » le questionnai-je d’un ton méfiant.

Il continuait de me détailler du regard. Je n’allais pas supporter son examen pendant très longtemps. S’il continuait ainsi, je n’allais pas donner cher de sa peau.

« Tu aurais attiré beaucoup d’hommes avec. » me révéla-t-il enfin.

Obsédé !

« J’aurais surtout attiré l’attention, contrai-je. Crois-tu qu’une femme normale se promènerait avec ce genre de vêtements en plein mois de janvier ? »

J’avais en effet troqué ma jupe et mon haut de soir noirs contre un pantalon droit noir et un pull blanc à col roulé en laine. Au pied, j’avais des bottes noires à hauts talons en cuir. Bien sûr, je portais mon habituel manteau en cuir. C’est une matière que j’ai toujours adorée et je n’étais pas la seule apparemment. Ishta portait lui aussi ce genre de manteau.

Le Gardien réfléchit pendant quelques minutes. Soudain et avec une vitesse dont seul un Vampire pouvait être capable, il réussit à me pousser contre un mur. J’étais bloquée.

« Il n’y pas que l’attention des autres hommes que tu aurais attiré si tu avais encore ces vêtements, murmura-t-il passionnément

-Tu veux dire que je ne t’attire pas lorsque je suis habillée de cette manière? » Rétorquai-je en faisant une petite moue boudeuse.

Je me fis soudain charmeuse et je fis semblant de me soumettre à sa force.

« Et si je portais ces vêtements qu’est-ce que tu aurais fait Ishta ?

-J’adore quand tu es comme cela. » Répondit-il après m’avoir contemplé pendant un long moment.

Ses yeux noirs brillaient de désir.

« Comment ? » demandai-je en promenant mes doigts sur son épaule.

Il sourit. Je distinguais une autre lueur dans ses yeux. Ce n’était plus l’amant que j’avais en face de moi, c’était le chasseur, le prédateur.

« Soumise et prête à endurer tout ce que je pourrais te faire. »

Mes doigts dérivèrent lentement vers son cou. Je me mis à caresser sa peau. Soudain, je plantai mes ongles dans son cou. Un flot de sang jaillit aussitôt et m’éclaboussa. Je m’essuyai le visage de l’autre main. Je plantai encore plus profondément mes ongles dans son cou. Ishta ne grimaça même pas. Il souriait. Tout ceci semblait follement l’amuser.

« Fais attention petite sœur, me dit-il. Tu vas finir par te blesser. J’en serais désolé.

-Oh non mon petit démon adoré ! J’ai longuement étudié toutes ces petites choses qui nous rapprochent et qui nous affectent tous les deux… Comme les blessures. Je peux très bien te blesser sans me mettre en danger et tu sais comment ? C’est très simple Ishta. Il me suffit d’utiliser ce que les prêtres m’ont donné en me transformant en Vampire c’est-à-dire… Mes pouvoirs. »

Il ne souriait plus autant. Je l’inquiétais un peu. C’était moi qui avais le dessus maintenant.

« C’est toi qui est soumis maintenant il me semble. » fis-je remarquer au Gardien.

Avant qu’il ne puisse répondre, je pris appui sur le mur avec mes pieds puis je nous projetai contre le mur d’en face. Mes ongles étaient toujours plantés dans son cou. Pourtant, il n’avait pas l’air de souffrir. Son sang continuait de couler et cela ne semblait pas lui importer outre mesure. Je n’allais pas en rester là. Je plantai les ongles de mon autre main dans son ventre.

« Seules les armes qui te blessent ouvriront également des plaies sur mon corps. Mais si je te blesse avec ce que la Nature m’a octroyé en devenant Vampire, je n’ai rien à craindre.

-Et si tu me tues ? »

C’était le seul problème qu’il restait. Je pouvais le blesser sans me blesser mais……

« Tout le monde verra deux jolis petits tas de poussière à la place où nous nous trouvons pour le moment demain matin.

-Tu serais prête à mourir avec moi alors ?

-Plutôt romantique, tu ne trouves pas. »

Le silence s’installa pendant quelques minutes.

« Tu avais l’intention de faire cela lorsque je t’ai proposé cette chasse. »

Je pouvais lui retourner la question. S’il ne m’avait pas bloquée contre le mur, je ne l’aurais jamais blessé.

« Non. »

Je le lâchai. Ishta tomba par terre. Il était épuisé. Il avait dû perdre beaucoup de sang. Il eut un peu de mal à se remettre sur ses pieds et je ne fis rien pour l’aider à se relever.

« Alors pourquoi ? Me demanda-t-il.

-Ne dis plus jamais que je te suis soumise, répondis-je en essuyant mes mains couvertes de sang sur mon pull.

-Tu viens de tâcher l’un de tes plus beaux pulls. Que va dire ta chère maman ? Du sang sur un pull… Comment vas-tu bien pouvoir expliquer une telle chose Ahélya ? »

Il me semble que ce n’était pas vraiment son problème. Quand à être couvert de sang…

« Regarde-toi un peu alors. Tu es couvert de sang.

-Et affamé par ta faute. »

Je m’en serais doutée. Ma perte de sang de mercredi était encore présente à mon esprit. J’avais réussi à tenir pendant la journée mais une fois que la nuit était arrivée, j’avais dû faire plus de victimes que d’habitude.

« De plus, cela sera plutôt dur de chasser dans de telles tenues. »

Ishta se mit à rire.

« Tu n’as pas tout à fait tort. Malgré toute la séduction dont nous pouvons faire preuve, les mortels ne suivront pas des gens couverts de sang. Chez toi puis chez moi… cela te va ?

-Comme tu veux. »

Je lui fis signe de me suivre. Dans un même élan, nous nous transformâmes tout deux en brume. Je le conduisis rapidement chez moi… Enfin chez mes parents. Je bondis jusqu’à la fenêtre puis l’ouvris. Je sautai doucement à l’intérieur de ma chambre. Ishta ne m’avait pas suivie. Je me retournai et me penchai par la fenêtre. Le Gardien était toujours en bas. Il attendait je ne sais quoi.

« Qu’est-ce que tu attends pour entrer ? Murmurai-je.

-J’ai besoin d’une invitation. Tu as oublié ce détail on dirait. » Me répondit-il.

Je levai les yeux au ciel exaspéré. Quel crétin !

« Tu es vraiment idiot ou te le fais exprès ? Je suis un Vampire et j’habite ici. Tu peux donc entrer sans avoir besoin de la moindre invitation. »

Ishta bondit. Il avait mal calculé son coup. Il avait visé trop haut. Il se cogna contre le mur. Je sentis une légère douleur au front mais c’était tout. Il tomba mais réussit à se raccrocher au rebord de ma fenêtre. Le Gardien grommela un juron. Je ne l’aidai pas. Il finit par entrer dans ma chambre. J’avais raison. Il n’avait pas besoin d’invitation.

« Pour être honnête, je l’avais fait exprès. »

De quoi ? De se fracasser la tête contre le mur ou de dire qu’il avait besoin d’une invitation ?

« Hein ? Fis-je.

-J’adore te mettre en colère en fait. »

S’il continuait ainsi, j’allais vraiment me mettre en colère.

« La ferme. Je vais prendre une douche. Reste-là et ne bouge pas. Mes parents dorment dans la chambre à côté.

-Je pourrais voir Léo ? »

Son ton était hésitant. C’était comme si j’avais un autre homme en face de moi. Il aimait profondément son fils. J’étais désolée de la peine que j’allais lui causer.

« Ton fils n’est pas ici Ishta. »

Il reste sans voix. Il finit par s’asseoir sur mon lit.

« Croyais-tu vraiment que je t’emmènerais jusqu’à l’endroit où se trouve ton fils ?

-Pendant un moment, j’ai cru que… »

Il était très triste. Je me penchais vers lui et je lui chuchotai à l’oreille.

« Ne me sous estime jamais Ishta. »

Je sortis ensuite de ma chambre et je filai à la salle de bain. Hélas, ma mère m’entendit aller et venir. Elle avait un sixième sens pour cela. Dès que je me déplaçais pendant la nuit, elle l’entendait.

« Ahélya tu es malade ? » me demanda-t-elle.

J’allais dans la chambre de mes parents sur la pointe des pieds. Je me dirigeais vers le côté droit du lit. Je me penchais ensuite vers ma mère. Elle s’était redressée. Je la regardai droit dans les yeux.

« Dors maman. Je ne suis pas malade et je n’ai rien de grave. »

Elle commença à dodeliner de la tête puis elle se rallongea.

« Ton… ton pull, il… il est… il est couvert de sang.

-Mais non ! Dors s’il te plait. »

Je passai rapidement la main au dessus de son visage. Ma mère s’endormit alors profondément. Je regardai ma main. J’ignorais que je pouvais faire cela. C’était sans doute une extension de l’hypnose.

Je retournai à la salle de bain. Je me douchai rapidement puis je retournai dans ma chambre. Ishta m’y attendait toujours. Il avait ouvert la fenêtre et regardai dehors.

« J’ai toujours aimé les paysages nocturnes. » me dit-il en se retournant.

Je n’avais qu’un drap de bain drapé autour de moi et je tentais tant bien que mal de cacher le maximum de mon corps à mon compagnon. Ishta retourna s’asseoir sur le lit en disant.

« Mais le spectacle que j’ai sous les yeux me semble mille fois plus intéressant. »

Le Gardien s’installa plus confortablement sur le lit, son dos appuyé contre le mur. Il m’observait attentivement. J’étais très mal à l’aise. Monsieur profitait du spectacle que je lui offrais.

« Aurais-tu peur de moi ? » me demanda-t-il sur un ton malicieux.

Peur de toi ! Tu vas voir ! J’allais me placer en face de lui. Le drap de bain tombe sur le sol. Mon malaise avait disparu. Je n’éprouvais aucune honte après ce que je venais de faire. Même quand Ishta me regarda avec ses yeux flamboyants. La lueur que j’avais vu lorsque nous étions en Transylvanie avait réapparu dans son regard. Je subis son examen sans broncher. Il regarda ensuite mon lit et il tapa rapidement sur le coussin.

« Serais-tu en train de me faire une proposition ? »

Il était très calme. Je me penchais alors vers lui et mes lèvres effleurèrent les siennes.

« Arrête de rêver. » répondis-je en me redressant.

Je lui tournai le dos et j’ouvris ma commode pour choisir les vêtements que j’allais mettre pour notre petite soirée en amoureux. Amoureux… J’avais le droit de ne pas être convaincue ? Je m’accroupis pour pouvoir chercher au fond du tiroir les vêtements que je cachais à mes parents.

« Décidément, poursuivit Ishta, tu m’offres un spectacle charmant qui vaut bien ceux qu’organise Claudine. Tu n’as jamais songé à te produire sur scène? Autre question, es-tu sûre de ne pas vouloir tester les ressorts de ton matelas ?

-Oh oui, j’en ai très envie. » Répondis-je sans même me retourner.

La Vampire poussa un petit cri de victoire.

« Mais pas avec toi, ajoutai-je tout en pensant le contraire. De plus, mes parents dorment ici je te le rappelle. »

Je me relevai avec des vêtements pliés à la main. Je les posai sur le lit à côté d’Ishta puis retournai à ma commode pour prendre des sous vêtements et des collants. Je me plantai ensuite devant Ishta puis je commençai à m’habiller lentement… Très lentement. Le Vampire s’appuya encore un peu plus contre le mur et il m’observait avec un regard des plus intéressés. J’avais fini d’enfiler mes collants. J’allais prendre le reste de mes vêtements mais j’hésitai. J’avais envie de faire quelque chose. Finalement, je laissai mes habits pendant quelques minutes et je m’assis sur Ishta. Il posa les mains sur ma poitrine nue et me caressa. Je levai la tête vers le plafond en me mordant la lèvre inférieure. Je sentis bientôt sa main sur mon visage. Il me força à baisser la tête. Je le regardai dans les yeux. Ses mains avaient cessé leurs délicieuses caresses. Nous restâmes ainsi sans bouger pendant de longues minutes. J’approchai enfin mes lèvres des siennes et l’embrassai. Ishta tenta de m’enlacer mais j’échappai à son étreinte. Je me relevai et je pris les vêtements pliés à côté de lui.

Je mis une mini jupe en cuir blanc et un dos nu noir. Je m’assis sur mon lit à côté d’Ishta pour enfiler mes bottes. Je me levai pour remette mon manteau noir.

« Ma tenue convient-elle à l’endroit où tu veux m’emmener ? Lui demandai-je.

-Elle sera parfaite. Tout comme toi. »

Ishta se leva et alla à la fenêtre. Il sauta. J’attachai autour de ma taille le fourreau qui contenait le poignard d’argent des Gardiens puis sautai à mon tour après avoir refermé la fenêtre derrière moi. De nouveau Ishta et moi nous transformâmes en brume. Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés à l’appartement du vieux Vampire. Il s’agissait d’un immeuble assez luxueux. Je poussai un petit sifflement admiratif en faisant cette observation.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Me demanda Ishta.

-Rien. C’est joli. »

Après un petit tour en ascenseur, nous entrâmes enfin dans l’antre du Gardien. Le foyer d’Ishta était aux antipodes de ce que j’avais imaginé. Lui, le Vampire le plus passionné, au caractère si fort et qui avait une personnalité si intéressante, possédait un appartement sans âme et sans personnalité. On aurait dit que personne ne vivait ici. C’était froid… Impersonnel. Je m’installai dans le salon et je laissai Ishta rejoindre sa salle de bain.

« Tu es sûre que tu n’as pas envie de te joindre à moi. » me dit-il lorsqu’il fut sur le seuil de la salle de bain.

Une rafale de vent lui ferma aussitôt la porte au nez. Il n’eut pas le moindre mal. Je l’entendis rire. Ma réaction lui plaisait. Il était comme cela. Il l’est resté.

Je recommençai à observer l’appartement. Rien ici n’indiquait que quelqu’un y vivait. Le studio où j’avais élu domicile était rangé et propre mais… Un léger désordre témoignait de ma présence tout comme les affiches de cinéma et les posters de séries télévisées que j’avais accroché un peu partout. Ici… Pas de tableau, ni de désordre. J’allai à la cuisine pour en ouvrir les placards. Pas de verre, ni de vaisselles. Quoi de plus normal après tout. Mais chez moi, il y avait tout de même un minimum de vaisselle. J’allai ensuite au réfrigérateur. Il était vide. C’était à peu près pareil chez moi. Je me dirigeai ensuite vers sa chambre. Rien n’y indiquait une quelconque présence humaine habituelle dans cette pièce. Par contre, le cercueil indiquait la présence d’un Vampire. Je commençai une fouille en règle. J’ouvris l’armoire. A part quelques vêtements c’est-à-dire deux ou trois pantalons et quatre ou cinq chemises, il n’y avait rien. Sauf… Quelque chose d’assez intéressant. Un ordinateur portable. Trois mille cinq cents ans et plutôt à la page. C’était vraiment l’un des tous derniers modèles. Je tournai la tête vers la droite. J’entendais toujours le bruit de la douche. J’espérais qu’il allait en avoir pour un bon moment.

Je sortis l’ordinateur portable de l’armoire puis je me dirigeai vers le lit. Je le posai dessus. Je l’ouvris et ensuite l’allumai en priant intérieurement Dame Fortune pour qu’il n’y ait aucun mot de passe. Ouf, il n’y en avait pas. Ishta n’était pas si prudent que cela en fin de compte. J’entrepris de regarder ses fichiers. Il n’y avait rien de bien intéressant. Pas un seul fichier parlant de ses plans. A quoi t’attendais-tu Ahélya ? Ishta n’était pas fou. Il n’allait tout de même pas confier ses plus noirs secrets à un ordinateur. Je tombai enfin sur quelque chose d’intéressant. Tout comme moi, Ishta écrivait ce qu’il lui arrivait. C’était un journal intime en quelque sorte. Un journal intime qui faisait des centaines de pages. Les premières devaient remonter au sept ou huitième siècle après Jésus Christ. J’y lus des noms que je ne connaissais pas. Sans doute ceux des autres Gardiens. Nous n’étions pas aussi nombreux que je le pensais en fin de compte. Notre nombre oscillait toujours entre trente et cinquante. Je n’en revenais pas. Ishta avait donc continué à rédiger son journal pendant tout ce temps. En revanche, je me demandais où pouvait bien être passé les premières pages. Il ne faisait pas mention de sa transformation ni de ce qui avait pu se passer par la suite. De plus, on remarquait une certaine discontinuité dans ses récits. Sûrement à cause de ses passages en prison. Je repensai soudain à ce que j’avais trouvé dans la bibliothèque du Clan… son journal… avant même qu’il ne devienne Gardien, il avait partagé notre vie. C’était sans doute pour cette raison là que Shiva l’avait choisi. Il avait pu juger de la valeur d’Ishta. Peut être aurai-il aimé reprendre son journal, retrouver ce qu’il avait écrit lorsqu’il était encore vivant ?

Je faisais rapidement défiler le texte tout en tendant l’oreille pour voir si Ishta était toujours sous la douche. Soudain, je tombai enfin sur un passage qui concernait Shiva. C’était ce que je cherchais.

« Bingo ! » m’exclamai-je tout haut.

Je me plongeai dans la lecture de ses lignes. Chaque mot, chaque phrase est un cri de haine envers le Premier. Il lui reprochait beaucoup de choses. Ses parents avaient été tués par des Vampires. Il avait été élevé par son grand père qui avait été tué par un immortel… sûrement un Vampire et Shiva avait fait de lui ce qu’il aurait dû détester le plus. Je découvris ensuite plusieurs pages sur Gwen. J’appris alors pas mal de choses sur la prêtresse, des choses qu’elle ne m’avait jamais dîtes. Pourquoi ? C’était la Vampire qui avait été engendrée la même nuit qu’Ishta. Le Gardien racontait ensuite leurs disputes. Maintenant, je comprenais mieux le mépris qu’il existait entre eux deux. J’étais en train de découvrir une facette de Gwen que j’ignorais complètement. D’après ce que je lisais, elle avait l’air d’entretenir une profonde jalousie pour le jeune Gardien qu’était alors Ishta. Sentiment commun à tous les prêtres on dirait. Arrête Ahélya, tu sais que Gwen t’est fidèle. Elle ne te trahira jamais. Ishta a sans doute écrit tout cela pour t’égarer. Pourtant… j’avais envie de croire le Gardien.

Je découvris enfin les pages qui m’étaient consacrées. Ces pages étaient très différentes des précédentes. J’y trouvais une tendresse et une douceur que j’ignorais encore chez le Vampire.

« Oh Ishta ! » murmurai-je attendrie.

Dans ces pages, il avait choisi de s’adresser directement à moi. Ce n’était plus un journal. C’était des lettres. Des lettres pleines de tendresse et dont les paroles m’émouvaient profondément. Dans ces si jolies lettres, je trouvais les conseils d’un père, la bienveillance d’un frère et la confiance d’un fils. Mais il n’y avait pas que cela. J’y trouvais également les attentions d’un amoureux ainsi que la plus folle passion d’un amant.

« Tu t’amuse bien ? » me demanda une voix pleine de colère.

Mon Dieu, j’avais oublié d’écouter le bruit de la douche.

« Je t’ai posé une question Ahélya ? »

Je me retournai lentement. Ishta était là, une serviette de bain était drapée autour de ses hanches. C’était la première fois que je le voyais vraiment dans le plus simple appareil. Pour ainsi dire… C’était à couper le souffle !

« Je… Je… » Balbutiai-je.

Je ne savais pas quoi dire. Une seule solution : la fuite ! J’éteignis l’ordinateur puis je me transformai en brume pour lui échapper. Je redevins solide et je l’attendis. Je m’assis sur le canapé. Qu’allait faire Ishta ? Était-il très en colère contre moi ? Je le méritais après tout.

Le Gardien sortit bientôt de sa chambre. Il semblait très calme. Il ne prononça pas une seule parole à propos de l’incident qui venait de se produire. J’aurais tant aimé lire dans ses pensées. Quand en serais-je vraiment capable ? Il me regarda et sortit. Je le suivis. Nous n’échangeâmes pas la moindre parole. Arrivés dans la rue et après avoir vérifié que personne ne nous observait, nous nous métamorphosâmes de nouveau en brume.

Nous arrivâmes rapidement devant une boîte de nuit que je connaissais. J’y étais déjà allée en compagnie de mes amis. J’entrai à la suite d’Ishta. Il paya pour nous deux.

« Merci. » lui dis-je.

Le Gardien haussa les épaules. Les videurs s’avancèrent vers nous pour nous fouiller. Ils se chargèrent d’abord d’Ishta mais ils ne trouvèrent pas le poignard que le Gardien portait en permanence sur lui tout comme je le faisais moi-même. Cette arme était beaucoup trop importante pour que nous puissions nous en séparer un seul instant. Il regarda alors les videurs dans les yeux et leur chuchota quelque chose que je ne compris pas. Qu’est-ce qu’il avait encore fait ?

Les videurs se dirigeaient maintenant vers moi. Ils me passèrent directement au détecteur de métaux mais il ne sonna pas malgré la présence du poignard. Il se trouvait toujours dans son fourreau d’argent, lequel fourreau était attaché autour de ma taille. Il me suffisait de glisser la main dans mon dos pour le prendre. Les videurs entreprirent tout de même une fouille corporelle. Ishta en avait profité pour s’éloigner. Pendant dis bonnes minutes ils cherchèrent le poignard que le Gardien avait dû leur signaler. Merci Ishta. Une nouvelle fois, il m’avait sous estimé, moi et mes pouvoirs. Croyait-il vraiment que l’on pouvait m’avoir aussi facilement. ? Dès que j’étais entrée, j’avais changé le poignard en brume comme avait sans doute dû le faire Ishta. Ils me laissèrent enfin tranquille. Je les quittai en leur faisant mon plus beau sourire. Après avoir déposé mon manteau au vestiaire, je retrouvai enfin Ishta.

Le Gardien s’était assis au bar. Il se trouvait tout près de l’entrée et il avait déjà un verre à la main. Whisky coca à juger à l’odeur. Je surgis soudain derrière lui.

« Ta ruse n’a pas marché mon cher ami, lui dis-je.

-Quelle ruse ? » Me répondit-il.

Et en plus, il jouait les innocents !

« Laisse tomber. »

Je m’assis sur un tabouret juste en face de lui. Je me mis à observer les rares personnes qui se trouvaient dans la boîte de nuit. Il y avait surtout des femmes. Tout comme moi, Ishta était en train d’observer les clients. Mon compagnon semblait déjà avoir arrêté son choix sur une jeune femme à la robe blanche.

« Pas terrible, lui fis-je remarquer.

-Serais-tu jalouse petite sœur ? Lança Ishta sur un ton moqueur.

-Tu sais très bien que je ne parlais pas de cela. »

Ah celui-là, s’il pouvait arrêter de se vanter !

« Elle est trop petite mon cher ami. Tu as perdu pas mal de sang tout à l’heure. Je pense qu’il te faudrait donc une proie plus conséquente. Pour commencer bien sûr ! »

Ishta sourit. Je l’amusais. C’était visible ! Mais je continuais mon petit discours.

« A ta place, je choisirai un homme assez grand, plutôt bien bâti et en bonne santé. Mais surtout, je croie qu’il ne devrait pas avoir bu trop d’alcool. On ne sait jamais !

-Tu imagines vraiment pouvoir me donner des conseils maintenant. Je n’ai pas besoin de toi petite sœur. Devrais-je te rappeler mon âge ? »

C’était inutile.

« En es-tu vraiment sûr Ishta ? L’interrogeai-je. Moi aussi, je vais te rappeler quelque chose. »

Je marquai une pause pour réfléchir à ce que j’allais lui dire. Ishta attendait patiemment que je parle.

« Je suis la seule à pouvoir te comprendre Ishta. J’aimerais que je sois pour toi ce que tu es pour moi.

-Pour toi, je suis un ennemi.

-Pas du tout. Un père, un frère, un fils, un amoureux comme un amant. Voilà ce que tu es pour moi. Que je sois donc une mère, une sœur, une fille, une amoureuse et une amante pour toi. »

Ishta garda le silence.

« Ishta… A part Léo, tu n’as que moi. Accepte de libérer Shiva et mettons fin à cette guerre inutile. »

Je pensais ce que je disais.

« Nous ne sommes pas fait pour nous battre l’un contre l’autre mais pour lutter ensemble contre ceux qui veulent du mal aux Vampires. »

Bien sûr, il ne laissa pas passer cette occasion.

« Je te rappelle que tu aimes l’un d’eux, me fit-il remarquer.

-Il n’y a plus rien entre Vlad et moi. Nous sommes beaucoup trop différents. Il essaie de me comprendre mais il n’y arrive pas souvent… »

En fait, je ne connaissais qu’un seul homme qui en était capable. C’était lui. Je me tus. Je tournai soudain la tête vers l’entrée. Une lumière m’aveugla. Je me cachai le visage avec la main. J’attendis que le spot se déplace pour regarder de nouveau vers l’entrée. J’avais bien entendu. Ce rire, que mon ouïe de Vampire si fine venait de percevoir, appartenait bien à la personne à laquelle je pensais. Je tournais rapidement le dos au petit groupe qui venait d’entrer. Oh bon sang ! Tout mais pas cela ! J’appuyai un coude sur le comptoir et je posai la main sur mon front.

« Il ne manquait plus que cela. » chuchotai-je.

Ishta m’avait entendu bien sûr. L’ouïe des Vampires est si puissante. Il se retourna et tout comme je l’avais fait, il observa le groupe qui venait d’entrer. Il sourit et se lécha les canines tout comme moi, il m’arrivait souvent de le faire. Il se retourna et se pencha vers moi.

« Le petit groupe qui vient d’entrer me plait beaucoup. Surtout le garçon. »

Petit problème, il y avait trois garçons. Duquel était-il en train de parler?

« Je parlais du plus brun ma chère. Il a l’air solide et en bonne santé. De plus, il me semble qu’il n’a pas dû boire d’alcool. Son sang sera parfait pour commencer mon repas. Ses compagnes feront de très bons plats de résistance. Quant aux deux derniers garçons… Ils feront sûrement deux très bons desserts. » Énonçât-il sur un ton nonchalant.

Mais le Vampire n’en avait pas fini.

« Mais ne t’inquiète pas Ahélya. On partagera. »

Je l’agrippai brusquement par le col pour le tirer vers moi. Ishta se laissa faire sans opposer la moindre résistance. J’observais pendant un petit moment le groupe qui avait attiré notre attention. Ils allaient vers l’une des banquettes. Je tournai la tête pour les suivre du regard. Comment avais-je pu oublier ? Ils s’assirent sur une banquette qui n’était pas trop éloignée de nous. Ils s’étaient aussitôt lancer dans une discussion animée. Malgré la musique, j’entendis l’une des filles dire :

« Dommage qu’Ahélya n’aie pas pu venir avec nous.

-Oui, ajouta une autre, cela faisait un moment que nous voulions aller en boîte tous ensemble.

-C’est vrai, continua une troisième. En plus, on aurait encore plus rigolé si elle avait été là.

-Quelqu’un sait pourquoi elle n’a pas pu venir ? »

C’était le garçon dont avait parlé Ishta en premier qui venait de poser cette question. Mais personne ne le savait. La discussion se poursuivit. Je souris. Merci les filles ! Je tirai encore un peu plus Ishta vers moi.

« Touche à un seul de leurs cheveux et demain, il n’y aura plus aucun Gardien pour faire la loi chez les Vampires. »

Je le lâchai. J’avais une folle envie de partir mais je ne voulais pas qu’Ishta me voie fuir comme je désirais furieusement le faire. Je décidai de me faire toute petite mais c’était oublié ma faim. Je me redressai aussi vite que je m’étais tassée sur mon tabouret sous le regard goguenard d’Ishta. Je me lançai à la recherche d’une proie à mon goût.

« Tu ferais mieux d’en faire autant. » dis-je à Ishta.

Le Gardien haussa les épaules. Nous avions en fait un léger problème pour trouver notre prochain repas. Il n’y avait pas beaucoup de clients dans la boîte de nuit donc… Pas un très grand choix dans le menu. Mais Ishta ne s’était toujours pas mis en chasse.

« De toute façon, ils ne te reconnaîtront certainement pas. Je ne crois pas qu’ils puissent t’imaginer habillée et maquillée de cette manière. » Me fit remarquer Ishta.

Il n’avait pas tout à fait tort. Que diraient-ils au moment où ils me verraient habiller comme… Une pétasse.

« Oh mais tu n’en es pas une, me dit Ishta.

-Depuis quand tu lis dans mes pensées toi ! »

Nouveau haussement d’épaules. Il m’énerve !

« Bien sûr, je serais assez embêtée s’ils me reconnaissaient. Mais ce n’est pas ma tenue le plus embarrassant. Comment veux-tu que je justifie ta présence, que nous soyons ici ensemble alors que je suis censée sortir avec un brun aux yeux verts qui s’appelle Vlad ?

-Tu n’auras qu’à leur dire que tu as plaqué cet idiot pour un superbe blond aux yeux noirs qui s’appelle Ishta. »

C’est qui le plus idiot de vous deux ?

« Mouais… Surtout qu’ils connaissent Vlad. Qu’est-ce que je fais s’ils vont lui parler de toi ?

-Et alors ? Cela lui donnera juste une raison supplémentaire pour nous tuer ? »

Je le regardai dans les yeux et je lui répondis très sérieusement :

« Personne n’aura le droit de te tuer à part moi.

- Cela t’arrive souvent d’avoir envie de tuer ta seule famille. »

Je souris.

« Arrête Ishta. Tu penses exactement la même chose. Même si nous sommes les deux êtres les plus proches l’un de l’autre qui existe en ce monde, nous tuerions père et mère pour obtenir ce que nous voulons. »

Ishta baissa la tête.

« C’est vrai. Tu as raison. » Jugea-t-il.

Mais cette appréciation ne concernait pas seulement les Gardiens. Elle parlait de la majorité des Vampires. Il est cependant vrai que les Vampires ont beaucoup plus de risque de céder puisque nous avons de très nombreux pouvoirs qui nous permettraient d’obtenir tout ce que nous voulons.

« Ahélya ! » s’exclama soudain quelqu’un qui se trouvait derrière moi.

Et merde ! J’aurais dû partir ! Je le savais ! Mon instinct avait eu raison. Pourquoi ne l’avais-je donc pas écouté ? Je me retournai lentement vers celui qui m’avait interpellé sous le regard moqueur d’Ishta.

« Alex, le saluai-je très mal à l’aise.

-Je croyais que tu ne pouvais pas venir.

-En fait, il a pratiquement fallu que je la supplie à genoux pour qu’elle m’accompagne. »

Ishta s’était levé pour aller à la rencontre d’Alex. Il était en train de lui serrer la main. Le Gardien me regarda en souriant. J’en profitai pour le foudroyer du regard. Ishta me répondit par un clin d’œil. Alex sembla remarquer la tension qui était en train de monter entre Ishta et moi.

« Vous êtes ? Lui demanda-t-il avec un regard soupçonneux.

-Le plus grand imbécile que la Terre aie jamais porté. » Répondis-je à la place d’Ishta tout en souriant malicieusement au Gardien.

Alex nous regarda l’un après l’autre étonné. Avec un petit sourire, pour ne pas montrer ses canines tranchantes, Ishta dit :

« Vous savez comment est Ahélya… »

Non, on ne le sait pas. Comment suis-je ?

« Elle adore taquiner les gens qu’elle apprécie. »

Parce qu’il croit que je l’apprécie !

« En fait, nous ne nous connaissons vraiment que depuis quelques jours. Mais… Nous nous entendons déjà comme larrons en foire.

-J’aurais plutôt dit comme chien et chat. » Fis-je remarquer.

Alex nous regardait de plus en plus incrédule. Il se tourna enfin vers moi.

« Est-ce que c’est l’un de ces mystérieux amis dont tu refuses de nous parler ? » me demanda-t-il sur un ton hésitant.

Il est vrai que j’invoquais souvent des amis dans le besoin pour disparaître à loisir. J’allais nier bien sûr mais Ishta me devança.

« C’est exactement cela. » dit-il joyeusement.

Trop joyeusement si vous voulez mon avis. S’il continuait comme cela, il allait tout faire rater.

« Je suis extrêmement déçu qu’elle refuse de parler de moi. Mais c’est Ahélya. Alex… c’est bien cela… »

Mon ami acquiesça.

« En tout cas, elle parle très souvent de vous… »

Je fixai Ishta tout en pensant : continue comme cela et tu vas recevoir mon poing dans la figure. De plus, tu vas finir par perdre toutes chances d’entrer dans notre petit cercle. Je suis sûre qu’Alex se méfie de toi. Le lien télépathique entre Gardiens jumeaux existait réellement. Ishta reçut donc le message. Il se tut. Alex put enfin en placer une.

« Venez avec nous alors. »

Il fixa Ishta.

« Tous les deux. »

Alex nous devança. Je me levai. Ishta me tendit le bras. Je le refusai. Nous accompagnâmes le jeune homme jusqu’à la banquette où s’était installé le reste de mes amis. Alex était venu au bar pour commander à boire. Ishta avait pris le plateau chargé de verres et le maniait avec la dextérité propre à tous les Vampires. J’eu tout de même le temps de lui dire quelques mots avant que nous soyons arrivés vers eux.

« On est bien d’accord Ishta si tu fais ne serait-ce qu’une seule réflexion sur Vlad… Ou sur les Vampires, je t’enferme dans un cercueil de plomb rempli d’ail et je te jette à l’eau. »

Mais je n’eu pas vraiment le temps de poursuivre mes menaces. Nous étions arrivés. Alex était déjà en train de parler sur un ton joyeux. Un sentiment que je ne partageai guère en ce moment. J’aurais voulu me trouver à des kilomètres de là. Ce n’est pas que je n’apprécie pas mes amis. Je les adore ! Ce sont des gens formidables et je me suis souvent demandée ce que j’aurais pu devenir sans eux. mais… J’étais Vampire et c’était en tant que Vampire que j’étais venue ici ce soir en compagnie d’Ishta. Comment allai-je pouvoir m’en sortir ? Ils ne devaient pas savoir pour moi. Ishta et moi allions devoir agir avec beaucoup de discrétion. Nous ferions peut être mieux de partir ! Pas question petite sœur ! Je veux connaître tes amis ! La ferme Ishta !

« Regardez qui je viens de trouver ! »

Ce furent des exclamations de joie. Leur attention s’arrêta sur Ishta au bout de quelques minutes mais pour moi, c’était encore bien trop tôt.

« Qui est-ce ? » demanda Éva.

Toujours aussi directe cette chère Éva ! Alex haussa les épaules. Il est vrai qu’il ne savait pas vraiment qui était Ishta et puis… C’était plutôt à moi de le présenter aux autres. Je consultai rapidement le Vampire du regard. Dois-je leurs donner ton vrai nom ? Je pris enfin la parole.

« Les amis… Je vous présente Ishta. Nous nous sommes rencontrés à l’hôpital. Il avait déjà quelques petits problèmes mentaux à l’époque. »

Cette fois-ci, c’est lui qui me foudroya du regard. Il faut dire que j’y étais peut être allée un peu fort mais la vengeance d’Ishta ne se guère attendre.

« Ishta, continuai-je, voici Éva et son petit ami Jérémie… »

A ne pas confondre avec mon ex petit ami Jérémie. J’avais aussi été à l’école primaire avec le petit copain d’Éva mais…

« Ah oui ! Celui que tu ne peux pas voir. » Dit Ishta tout bas.

Il avait parlé si bas que seule une oreille de Vampire était en mesure d’entendre la phrase qu’il venait de prononcer. Mon angoisse monta d’un cran. Qu’allait bien pouvoir inventé Ishta pour me mettre dans l’embarras ? De sa part, je m’attendais au pire.

« Jenny, Marie, Ella, Diane et son petit copain Peter…

-Celui-là… Il me semble que c’est Alex qui ne peut pas le voir. » Dit-il un peu plus fort.

Heureusement, sa voix était encore trop basse pour être entendue par des oreilles humaines. J’en remerciai le Ciel. J’essayai en vain de me calmer. Je devais me contrôler… Mais surtout éviter de lui en coller une devant eux. C’était peut être ce qu’il attendait en fait ? Je n’avais pas envie de voir si c’était le cas. Il fallait juste que je reste calme.

« Jess, une amie de Jenny qui a eu la bonté de les accueillir chez elle pour la soirée et enfin Alex que tu viens de voir. » poursuivis-je d’une voix à peu près calme.

Ishta était tout sourire.

« Je suis enchanté de vous connaître. » leur dit-il.

Ils le saluèrent. Mes amis semblaient un peu gênés. Avaient-ils remarqué notre ressemblance ou avait-il compris qu’il n’avait pas tout fait l’âge qu’il paraissait avoir ? Arrête de te voiler la face ma petite Ahélya. Tu sais très bien ce qui les dérange. Ce n’est pas Vlad qui est avec toi ce soir. Quant à Jérémie, qui me connaît depuis la primaire, il doit se demander si je ne l’ai pas payé pour qu’il vienne avec moi. J’aurais adoré lire dans les pensées à ce moment-là.

On se poussa pour nous faire de la place. Mais malgré cela, il n’y avait toujours pas assez de place pour nous deux. Une seule personne pouvait s’asseoir et encore ! Nous allions être plutôt serrés. Évidemment cela ne gêna pas le moins du monde Ishta. Il avait la solution. Il s’assit puis… M’attira sur ses genoux avec une familiarité qui pouvait faire deviner à mes amis le degré d’intimité qu’il existait entre nous deux. En plus vu la manière dont j’étais habillée ce n’était pas l’idéal. Il y eut un grand silence étonné et… Peter et Jérémie prirent Diane et Éva sur leurs genoux. Je pouvais m’asseoir maintenant. Il y avait suffisamment de place mais Ishta ne me laissa pas m’échapper. Mes amis nous regardaient sans comprendre pendant qu’Ishta et moi, nous étions en train de nous mesurer du regard. Je tentai de nouveau de glisser sur le canapé à côté de lui mais…. Je n’aurais jamais dû m’habiller comme cela.

« Oh non, tu es parfaite ainsi, me dit Ishta télépathiquement.

- La ferme crétin ! Laisse-moi descendre ! »

La lutte entre nos deux regards continuait plus que jamais et aucun de nous deux ne céderaient. Mes amis devaient croire que notre lutte était silencieuse mais il n’en était rien. Le lien télépathique qui existait entre nous fonctionnait plus qu’il ne l’avait jamais fait.

« Je t’ai dit de me lâcher !

-Sinon quoi ! »

Il fallait absolument que quelqu’un prenne la parole ou tout ceci allait finir par dériver en combat entre Vampires… C’est-à-dire quelque chose qui ne serait pas trop beau à voir. Ella prit soudain la parole et ainsi sauva tout le monde du massacre qui se préparait.

« Qu’est-ce qu’Ahélya a voulu dire en parlant de troubles mentaux tout à l’heure ? C’était une plaisanterie n’est-ce pas ? »

Ishta cessa de me fixer et j’arrêtai de me débattre pour échapper à son étreinte. Nous nous mîmes à observer attentivement Ella tous les deux. Pendant un instant, elle parut presque effrayée de sentir nos regards sur elle. Ishta s’en rendit compte lui aussi.

« Pas du tout, répondit-il pour détendre un peu l’atmosphère. J’avais vraiment un petit problème. »

Qu’est-ce qu’il va bien pouvoir dire comme connerie celui-là ?!  J’attendais, fébrile, la suite de sa phrase. Elle ne tarda guère.

« En fait, je me prenais pour… Un Vampire. »

Je lui envoyai aussitôt un violent coup de coude dans les côtes. Ishta ne fit même pas une petite grimace de douleur.

« Continue ma chérie ! Me dit-il télépathiquement. J’adore quand tu me fais du mal. »

Je levai les yeux au ciel. En plus, il a fallu que je tombe sur un Vampire masochiste ! Tout le monde regardait Ishta en essayant de savoir s’il plaisantait ou non. Heureusement qu’ils ne pouvaient pas lire dans ses pensées. Cela leur aurait permis de constater qu’il s’agissait d’un grand malade.

« Tu as intérêt à trouver un truc assez convaincant pour me dissuader de te balancer dans les bouteilles, fis-je à mon jumeau grâce à notre communication psychique tout en lui montrant le bar du regard.

-Et Vlad ? » Demanda soudain Marie.

C’est dans ces moments-là que j’ai de furieuses envies de tuer les humains. Je me tournais vers Marie pour répondre mais…

« Tiens c’est vrai, ajouta Diane. Il n’est pas avec vous ? »

Mais si ! On fait ménage à trois en plus !

« Il fait du baby-sitting, répondis-je Sa sœur lui a laissé ses deux filles pour le week-end. »

Les autres se contentèrent de cette explication tandis qu’Ishta me regardait avec un air soupçonneux.

« Tu ne lui a tout de même pas confié mon fils ! Me dit-il sur un ton accusateur grâce à notre connexion télépathique.

-Mais si !

-Tu es vraiment folle !

-Pas plus que toi. Vlad ne va rien lui faire. Il veut une meilleure entente entre nos deux peuples. Je lui ai dis qu’accepter Léo était un grand pas pour le succès de cette entreprise. C’était ce que tu voulais faire en créant le Clan ne l’oublie pas. »

Ishta n’était pas vraiment convaincu.

« Et si on allait danser, proposa Éva.

-Bonne idée ! » M’exclamai-je joyeusement.

Nous nous levâmes… A part Ishta. Je laissai mes amis se diriger vers la piste de danse puis je les observais attentivement tandis qu’ils se perdaient dans la foule qui y était maintenant. Je me rassis à côté d’Ishta au moment où je les perdis de vue.

« Occupons-nous maintenant de ce pourquoi nous sommes venus, lui dis-je. J’ai faim.

-Moi aussi et sans doute plus que toi. Que penses-tu de celui-là ? »

Il me montra un homme qui était un peu plus grand que lui vêtu d’un tee-shirt blanc et d’un simple jean.

« Son sang devrait amplement nous suffire pour le moment, me dit Ishta. Je vais donc laisser ton charme agir ma jolie Vampire.

-Comme tu veux. Je le séduis, je l’attire dans un endroit discret et je nous change en brume pour sortir d’ici.

-Dans combien de temps, je dois te rejoindre dehors petit sœur ?

-Dans dix minutes cela devrait être bon. Un petit quart d’heure au plus tard.

-Bien. A tout de suite alors. »

Je me levai et me dirigeai aussitôt vers notre futur repas tout en espérant que mes amis ne me verraient pas en train de draguer ce type. Il était en train de danser. Il bougeait plutôt bien. Pas comme certains jugeai-je en remarquant soudain Éva avec Jérémie. Il danse vraiment très mal ce type. Heureusement ils ne me virent pas. En plus, les autres ne devaient pas être loin. Je devais me dépêcher. Je me coulai lentement derrière ma proie puis en dansant j’allais sous ses yeux. Le hasard me servit. Quelqu’un me poussa et je me trouvai projeter contre lui. Il me rattrapa.

« Je suis désolée, lui dis-je en lui offrant mon plus beau sourire.

-Oh, ce n’était pas du votre faute. » Me répondit-il.

Dix minutes plus tard, j’avais réussi à l’attirer dans les toilettes. Personne à gauche ! Personne à droite ! Je l’enlaçai et me coller contre lui pour l’embrasser à pleine bouche et… Enfin, je le poussai loin de moi. Nous étions dehors maintenant. Ma force était bien supérieure à la sienne. Il tomba par terre. Ishta ne tarda pas à sortir de l’ombre.

« J’ai failli attendre. » me dit-il.

Je regardai rapidement ma montre. J’avais mis à peine dix minutes pour venir jusqu’ici.

« Je suis dans les temps chéri. » répliquai-je.

L’homme s’était relevé.

« Tu as eu du mal à l’attirer jusqu’ici ? Me demanda Ishta.

-Non ! Un vrai petit garçon devant un magasin de sucrerie. Je n’ai eu qu’a demandé… Et il a suivi. »

Je levai les yeux vers le ciel étoilé.

« Mon Dieu, dîtes-moi quand les hommes commenceront enfin à réfléchir avec ce qu’il y a dans leur crâne !

-Ne t’inquiète pas, répliqua Ishta. Il y en a qui le font.

-Cette remarque vaut aussi pour les Vampires chéri !

-Qu’est-ce que vous me voulez ? » Nous interrompit l’homme que je venais d’amener jusqu’ici.

Il essayait de rester calme mais tout son corps sentait déjà la peur mais ce n’était pas encore la terreur qui surgissait en chaque mortel lorsqu’il comprenait ce que nous étions.

« Pas grand-chose. » répondis-je en me collant de nouveau contre lui.

Je le forçai doucement à reculer. Il se retrouva assez vite le dos contre le mur extérieur de la boîte de nuit. Il devait avoir beaucoup de mal à nous voir en plus. Le coin était très sombre. Une chose qui ne nous gênait absolument pas Ishta et moi.

« Rien même. » ajoutai-je.

Je me collai encore plus contre lui puis je me dressai sur la pointe des pieds pour atteindre son cou que je me mis à lécher. Il transpirait. Je tendis ensuite la main vers Ishta.

« Chéri… Pourquoi tardes-tu autant à me rejoindre ? »

Je le sentis s’approcher et prendre ma main. Il la porta jusqu’à ses lèvres pour l’embrasser.

« Ne t’inquiète pas. J’arrive. »

Il garda ma main dans la sienne et il se rapprocha. Tout comme je l’avais fait, il se colla contre cet homme. La bouche contre son cou, il murmura :

« Ma compagne a raison. Nous ne vous demandons pas grand-chose. Juste un peu de votre sang.

-Vous êtes… »

Le mot Vampire mourut sur ses lèvres. Ishta et moi avions frappé en même temps. Main dans la main, nous buvions le sang de cet homme. Je ne vis rien. Sans doute parce que nous étions deux. Je le lâchai la première. Je préférai laisser à Ishta le soin d’achever notre première victime. Mon jumeau avait un besoin de sang plus urgent que le mien. La quantité que je venais de boire me suffirait pendant quelques heures.

L’homme finit par s’affaisser contre le mur. Ishta le suivit dans son mouvement. Je ne saurais dire exactement ce que j’éprouvais en le voyant faire cela. C’était un peu comme si je me nourrissais moi-même. Ishta le lâcha enfin. Il se redressa. Le cadavre tomba doucement sur le sol. Ishta s’essuya la bouche avec un mouchoir blanc qu’il venait de tirer du l’une des poches de son pantalon.

« Tu vas mieux ? Lui demandai-je.

-Oui, mais il me faudra sans doute un petit dessert si je veux tenir jusqu’à la nuit prochaine. »

Je montrais le corps de la main.

« Et lui… On en fait quoi ?

-Je vais l’enterrer.

-Comment ?

-Comme cela ! »

Il fixa un bout de terre sous des sapins à quelques mètres de nous. Aussitôt, une mini tornade se forma et creusa le sol. Après avoir fait un trou très profond, la tornade disparut. Ishta se tourna vers moi.

« Pourrais-tu m’apporter Monsieur ? »

Je fouillai rapidement ses poches avec de le prendre dans mes bras. J’y trouvai un très joli portefeuille avec cent euros en billets de dix et de cinq. Je les pris. C’était toujours ce que je faisais. Je faisais les poches des gens que je tuais. Le vol était un bon mobile pour un meurtre. Je regardai en même temps les différentes cartes qu’il possédait. Je poussai un cri d’effroi.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » me demanda Ishta en s’approchant de moi.

Il semblait de mauvaise humeur en disant cela.

« C’est un flic Ishta. »

Le Gardien me répondit par un mot qui m’était inconnu mais qui avait tout l’air d’être un juron. Il me semblait qu’il s’agissait de la langue des Vampires.

« Qu’est-ce qu’on fait ? dit Ishta.

-Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse !? On l’enterre et on se tire d’ici en quatrième vitesse. »

Mais Ishta n’était pas de cet avis.

« On l’enterre et on reste ! Tes amis sont ici ne l’oublie pas.

-Flûte ! »

Mais pourquoi avait-il fallu que nous les rencontrions ?

Notre plan fut aussitôt mis à exécution. Ishta prit le corps et le jeta dans la tombe improvisée. Avec quelques rafales de vent, il combla la tombe improvisée.

« Ne t’inquiète pas. Personne n’a pu te voir, me rassura Ishta. Après tout, tu l’as amené ici grâce à tes pouvoirs. Personne ne peut prouver que tu es sortie de la boîte…

-La prochaine fois, c’est moi qui choisis et c’est toi qui attires notre repas dehors. »

Ishta me prit doucement par la main. Il la porta de nouveau à ses lèvres pour l’embrasser tendrement tandis qu’il plongeait son regard dans le mien.

« Ishta, s’il te plait. »

Ce que je venais de lire dans son regard m’effrayait un peu. Je n’étais pas encore prête pour cela. Il sourit et nous métamorphosa en brume. Il nous rematerialisa dans les toilettes.

« Au fait, lui demandai-je, pourquoi avons-nous réussi à entrer sans invitation ?

-Pour la raison la plus simple du monde.

-Qui est ?

-As-tu eu besoin d’une invitation lorsque tu es retournée au lycée ?

-Bien sûr que non !

-Tu sais pourquoi… Parce que comme cette boîte de nuit, il s’agit d’un endroit public. La loi de l’invitation ne fonctionne donc pas.

-Logique. Question idiote. » Répondis-je.

Il m’entraîna hors des toilettes. Mes amis étaient de nouveau assis sur leur canapé. En nous voyant arriver main dans la main, ils nous regardèrent de travers. Je lâchai aussitôt la main d’Ishta et je leur dis :

« Ce n’est pas ce que vous croyez !

-Et que devraient-ils croire ? » Répliqua Ishta en se rapprochant dangereusement de moi.

Il prit mes deux mains dans les siennes.

« Arrête cela bon sang ! Murmurai-je.

-Et pourquoi ? »

Il m’embrassa mais ce baiser était très différent de ceux que nous avions déjà échangé. Il était plein de tendresse et de respect. Ishta releva lentement la tête et plongea de nouveau son regard dans le mien. De nouveau, c’était de la tendresse que j’y lisais. De la tendresse mêlée aux plus ardents des désirs. Je baissai les yeux sous le regard étonné de mes amis. Je m’assis. Ishta proposa :

« Je vais allez chercher à boire. Qu’est-ce que vous voulez ? »

D’une voix un peu hésitante, mes amis lui répondirent. Ishta commença à s’éloigner une fois qu’ils eurent finis de passer leur commande.

« Ishta, appelai-je

-Oui. » Répondit-il en se retournant.

Je pris l’argent que je venais de voler et le lui envoyai. Ishta le rattrapa au vol.

« Où… » Commença-t-il.

Soudain, son regard s’éclaira. Il venait de comprendre d’où venait l’argent.

« Ahélya, il y a des choses dont il faudrait que je te parle. »

Il ajouta ensuite quelque chose par télépathie.

« On ne vole pas les morts ! »

Il s’éloigna. Éva le suivit du regard puis se tourna vers moi.

« Tu n’es donc plus avec Vlad ? »

Après ce genre de scène, on ne pouvait pas douter du contraire.

« C’est un peu plus compliqué que cela, répondis-je.

-Et toi qui disais que tu ne sortirais jamais avec deux mecs en même temps, me fit remarquer Marie.

-J’ai dit que c’était compliqué.

-Explique-nous alors ! s’exclama Diane.

-Je ne peux pas.

-En tout cas, il est mille fois mieux que Vlad. »

Je me tournai étonnée vers Jenny. Je ne savais pas qu’elle n’appréciait pas Vlad.

« Tu pourrais peut-être nous le dire maintenant. Où est-ce que vous vous êtes rencontré ? »

Je souris. S’ils savaient ! Je m’enfonçai un peu plus dans le canapé et je croisai les bras.

« Allez Ahélya ! Réponds ! »

J’adore faire mijoter Jenny mais je n’eus pas le temps d’inventer une histoire plausible. Ishta revenait avec les consommations. Il s’assit à côté de moi. Il me glissa à l’oreille :

« Tu es prête pour le plat de résistance. »

Il m’embrassa doucement sur la tempe.

« Je choisis alors.

-Comme tu veux ! »

Je me levai et je pris Ishta par les mains pour l’entraîner sur la piste. Nous fûmes rapidement suivie par mes amis. Je cherchai du regard une personne suffisamment appétissante pour apaiser ma faim. Je la trouvai enfin. Je fis un signe à Ishta puis je lui montrai du regard. Le Vampire hocha rapidement la tête et se dirigea vers elle. Je retournai m’asseoir. Dans une dizaine de minutes, le charme de mon compagnon aurait agi et j’allais pouvoir me nourrir. Jenny, Marie, Ella et Alex me rejoignirent quelques minutes plus tard. Ce dernier prit mille précautions pour me dire…

« Ahélya, je crois que ton nouveau petit copain est en train de draguer quelqu’un.

-Je sais. »

Il me regarda avec un air étrange. Mais Alex n’eut pas le temps de me poser d’autres questions à propos d’Ishta.

« Tiens les ringards ! C’est bien le dernier endroit où j’aurais cru vous trouver. Très jolie jupe Ahélya. Enfin… Elle serait très jolie sur moi. »

Nous nous retournâmes vers celle qui venait de prononcer cette phrase. Elle est donc toujours aussi aimable celle-là !

« Alexia, quelle bonne surprise ! » répondit ironiquement Alex.

Alexia était une fille qui était au collège avec Alex et moi. Il s’agissait d’une pétasse de premier ordre qui adorait se pavaner et se moquer de moi. Je reçus soudain un message d’Ishta qui me disait de le rejoindre dehors.

« Excusez-moi. » dis-je.

Je me levai et je me dirigeai rapidement vers les toilettes. Cinq minutes plus tard, j’étais dehors.

« Joyeux Noël ! s’exclama Ishta en me voyant arriver.

-Noël c’était le mois dernier ! »

Je découvris alors la jeune femme que j’avais choisie attachée et allongée sur le sol.

« Qu’est-ce que tu lui as fait ?

-Rien ! C’est promis ! » Se défendit le Gardien.

Je m’approchai d’elle et la libérai. Elle me remercia mais je la fis taire en lui posant une main sur la bouche. Je la mordis. Son sang était vraiment délicieux. Je sentis soudain une odeur connue. Je lâchai la fille et je me retournai pour scruter l’horizon. J’humai l’air. Voilà… Je l’avais repéré! Je sautai aussitôt à côté de l’espion. Il tenta de s’enfuir mais j’étais très rapide. Je le rattrapai pour le ramener à Ishta. Je la fis tomber par terre. Ishta s’accroupit et lui releva la tête en l’agrippant par les cheveux.

« Qui est-ce ? Me demanda-t-il.

-Une sale petite fouineuse. J’ai raison Alexia n’est-ce pas. »

Elle essaya de nouveau de s’échapper mais un éclair l’en empêcha. Je ne la touchai pas bien sûr mais il tomba suffisamment près d’elle pour qu’elle s’arrête. Elle tomba par terre et se tourna vers Ishta et moi.

« Mais qu’est-ce que vous êtes ? Cria-t-elle.

-Cela me semble plutôt clair, dit Ishta. Nous sommes des Vampires. Je pense que tu dois connaître.

-Tait-toi Ishta ! La principale question c’est qu’est-ce qu’elle fiche ici ? Répond à la question Alexia. »

Elle avait très peur mais elle réussit tout de même à répondre.

« Je t’ai suivie et tu as disparu d’un coup. Pouf !

-Mouais comme toi quoi ! Pouffe ! »

Ishta allait parler. Je retirai rapidement le poignard des Gardiens de son fourreau pour le lui appliquer sur la gorge. Il ne m’en empêcha pas. Il l’aurait pu pourtant.

« Fais un seul commentaire et je t’égorge, le menaçai-je.

-Si tu veux. »

Il éloigna doucement la pointe du poignard de sa gorge puis me montra Alexia du regard.

«Mais notre problème pour le moment, c’est elle, me rappela-t-il. Qu’est-ce qu’on en fait Ahélya ?

-Et si on l’enterrait avec le flic, proposai-je. Vivante bien sûr ! »

Je la regardai en souriant. Elle eut un haut le corps. Sa peur avait encore monté d’un cran.

« Ahélya !

-Quoi ! Elle n’a pas arrêté de se foutre de moi depuis que je la connais. De toute façon, nous allons devoir la tuer… Alors autant que je m’amuse avec elle. Tu ne croies pas ?

-C’est pas bien de se venger !

-Et c’est toi qui oses me dire cela ! » Répliquai-je en riant.

Alexia était en train de tenter de s’échapper en rampant. Je lui sautai dessus.

« Oh non ! Tu ne vas pas nous quitter comme cela toi ! »

Elle s’était mise à pleurnicher.

« Je suis désolée… Pardonne-moi. »

Et la plus jolie chose qu’elle ne m’a jamais dite…

« C’est humain de pardonner Ahélya.

-Il y a un petit problème Alexia… Je ne suis plus humaine depuis longtemps. »

Ishta toussota pour protester. Je l’ignorais. J’avais vraiment envie de m’amuser avec elle.

« Qu’est-ce que je pourrais bien te faire ? »

Je me plongeai dans mes souvenirs. Je le revis en train de s’admirer dans les miroirs des toilettes au collège pendant chaque récréation. Son visage…

« C’est bien à ton visage que tu tiens le plus n’est-ce pas ? »

Affolée, elle hocha la tête de haut en bas. Elle n’aurait pas dû… pas dû du tout.

« Bon… C’est bien que tu aies choisi ce que je vais détruire en premier. » lui dis-je en promenant l’un de mes ongles le long de son décolleté.

Je faisais rapidement le va et vient puis je ralentis. Ma main était au niveau de son cou maintenant. J’enfonçai très doucement mes ongles dans sa peau mais pas très profondément. Je remontai soudain la main jusqu’à son front tout en évitant son œil. Ses superbes yeux verts…Je m’en chargerai en dernier.

« Pas mal, jugeai-je en contemplant ce que je venais de faire. On dirait du Picasso.

-Ahélya ! M’appela Ishta.

- Fiche-moi la paix chéri !

-Ahélya !

-Je suis occupée pour le moment !

-Ahélya, à ta place, je me retournerais. »

Je lâchai Alexia. Son visage était en sang. Je ne pus résister à l’envie que j’avais de lui lécher le visage. Son sang était plutôt bon. J’obéis enfin à Ishta. Je me redressai et me retournai. Oh mon Dieu ! Des têtes surgissaient au dessus de la haie. Mes amis ! J’essayai vainement de cacher ma main couverte de sang derrière mon dos mais c’était oublié le sang qui avait coulé sur mes vêtements. Ishta s’approcha alors de moi. Il avait son mouchoir à la main. Lentement, il commença à essuyer le sang qui avait coulé sur ma jupe tout en me regardant dans les yeux.

« Ce n’est pas ce que vous croyez, dit le Gardien en imitant ma voix à la perfection.

-La ferme Ishta. » Répliquai-je sur un ton très dur et en détachant bien les syllabes.

J’entendis alors un petit bruit de course. Alexia s’enfuyait. Par réflexe, j’étendis la main vers elle. Un éclair la projeta de nouveau sur le sol. Je revins vers elle. Je m’accroupis à côté d’elle.

« Toi tu restes là ! »

Je lui donnai une légère pichenette derrière l’oreille. Mais à cause de ma force de Vampire, je faillis presque la lui arracher.

« Je n’en ai pas encore fini avec toi. » ajoutai-je.

Je me rappelais soudain la présence de mes amis. Je me redressai et je me tournai vers eux très gênée. Je ne voulais pas qu’ils me voient comme cela, faire cela, agir de cette manière propre à mon espèce, aux Vampires. Quelques uns me regardaient avec une lueur de fascination dans le regard mais ils étaient tous effrayés.

« Je n’aurais jamais voulu que vous voyer cela ! »

Personne ne répondit. C’était le silence… Le plus profond des silences. Ishta le troubla.

« Bon, c’est pas que je m’ennuie mais… Je vais te laisser Ahélya. Ce sont tes amis… Donc c’est à toi de t’en occuper. » Dit Ishta.

J’entendis soudain un bruit de battement d’aile. Qu’est-ce que… Et je compris !

« Oh non Ishta, tu ne vas pas t’en tirer de cette manière ! »

Je sautais aussi haut que je le pouvais et je réussis à rattraper la petite chauve souris qui tentait de fuir à tire d’aile. Je regardai la chauve-souris en criant :

« Redeviens immédiatement Vampire crétin ! »

Aussitôt, la chauve-souris se mit à grossir. Ishta finit par reprendre sa forme normale. Je le tenais toujours par les pieds. Je le laissai tomber lourdement par terre. Bien fait !

« Je te remercie de ta sollicitude, lui dis-je tandis qu’il se relevait. Ah c’est beau la solidarité entre jumeaux !

-Tu as réussi à me redonner mon corps de Vampire ! Tu peux agir sur mes pouvoirs… Ce qui veux dire que… »

Bon sang ! Il a raison ! Si je pouvais contrôler ses pouvoirs, il pouvait en faire de même avec les miens. C’était pas bon cela… Pas bon du tout. Ishta semblait ravi.

« Je sens que nous allons bien nous amuser Ahélya, dit le Gardien avec un petit sourire narquois.

-Je vais faire disparaître ce sourire de ta face de rat Ishta, dis-je sur un ton assez calme.

-Essaie toujours petite sœur. »

Je m’élançai vers Ishta, le poignard des Gardiens à la main. Le Gardien se transforma en brouillard. J’opérai un rétablissement au sol. Je me relevai aussitôt.

« Encore faut-il que tu réussisses à me toucher petite sœur ! »

Et cela l’amuse en plus ! Ishta en avait profité pour sortir son poignard de son fourreau. Il fixa le mien. Celui-ci se mit à vibrer et se retourna pour se planter dans la paume de ma main. Il n’eut pas la satisfaction de me voir pousser un cri de douleur. Je retirai le poignard de ma main puis je le remis dans son fourreau. Ma blessure cicatrisa à la même vitesse que celle d’Ishta.

« Es-tu sûre que tu réussiras à me battre sans ton arme ? Me demanda-t-il.

-Je l’ai bien fait tout à l’heure.

-Tu m’as eu par surprise tout à l’heure.

-Ishta…

-Oui.

-Nous sommes jumeaux n’est-ce pas ?

-Oui. Pourquoi ? »

Je me jetai sur lui et le renversai par terre. Je lui lacerai le visage avec mes ongles.

« Il parait que nous sommes liés psychiquement ! Alors pourquoi est-ce que je ne suis pas capable de prévoir tes attaques ?! Nous devrions savoir ce que pense l’autre… »

Je ne m’attendais pas du tout à la réponse qu’il me fit.

« J’ai déjà essayé figure-toi ! »

Il bloqua mes mains puis réussis à me faire rouler par terre. C’était moi qui me retrouvais sous lui maintenant. Il bloquait mes mains au dessus de ma tête. Je ne me débattais pas. Je voulais comprendre ce qu’il venait de dire.

« Qu’est-ce que tu veux dire ?

-A ton avis ! Toutes mes incursions dans esprit c’était pour faire quoi ! »

Quel… Salaud ce type ! Et dire que je croyais qu’il était amoureux de moi ! Je réussis enfin à libérer mes mains et lui donnai un coup de poing à lui arracher la tête. Heureusement que c’était un Vampire. S’il avait été humain, je l’aurais tué net.

« Hum… hum… »

Dans un même mouvement, Ishta et moi tournâmes la tête vers la gauche. Alex, Éva, Jenny et Marie se tenaient là, juste à côté de nous.

« Quoi ! Dis-je en même temps qu’Ishta.

-On ne voudrait pas vous interrompre dans votre discussion… Mais Alexia s’est enfuie, nous dit Jenny.

-Quoi !!!!!!!!!!!!! »

Ishta se releva précipitamment. Moi aussi. Je regardai l’endroit où aurait dû se trouver Alexia. Il n’y avait plus personne.

« Tu n’aurais jamais dû la laisser s’échapper. » me fit sournoisement remarquer Ishta.

Ben tiens… C’est ma faute en plus !

« Minute papillon, rétorquai-je, c’est à cause de toi que je l’ai laissé s’échapper.

-Oserais-tu le répéter ? »

Il me fit face. Nous nous mesurâmes du regard.

« Parfaitement. C’est ta faute !

-Tu vas voir ! »

Il se jeta sur moi. Je l’évitai en bondissant sur le côté. Ishta se releva. Il allait recommencer mais Jenny s’interposa. Ishta avança vers elle. Il était menaçant.

« Tu veux voir ce qu’il en coûte d’interrompre les Gardiens humaine, dit-il durement.

-Les Gardiens ? » Répéta Jenny.

Elle avait cependant reculé. Alors tu le trouves toujours mille fois mieux que Vlad ?

« Ishta. » roucoulai-je.

Il se tourna vers moi avec un regard méfiant. Il devait se demander ce que je mijotais.

« Souviens-toi de ce que je t’ai dit… Touche à un seul de leurs cheveux et les Vampires n’auront plus personne pour les diriger.

-Minute papillon ! C’est toi qui les diriges. Pas moi ! Je n’ai jamais voulu le faire.

-A d’autre ! Lequel de nous deux a réuni le plus grand nombre de Vampires sous sa bannière ? C’est toi il me semble, insinuai-je d’une voix calme et posée.

-La ferme Ahélya !

-Je comprends mieux ce que voulait dire Ahélya quand elle disait qu’ils s’entendaient comme chien et chat, entendis-je dire Alex.

-Vous êtes des Vampires ! » S’exclama Diane incrédule.

Ishta me regarda et m’envoya un petit message télépathique. Il me disait de me débrouiller toute seule pour trouver une explication plausible à leur donner. Je lui répondis :

« Pas question. On est dans le même bateau tous les deux ! »

Nous continuions de discuter par télépathie. Nous ne nous aperçûmes pas que mes amis en avaient profité pour s’approcher du cadavre de la jeune femme dont j’avais bu le sang. Ishta et moi étions en train de poursuivre notre conversation par télépathie. Nous tentions de savoir comment nous pourrions nous sortir de ce mauvais pas. Soudain, l’un de mes amis s’exclama.

« Elle est vivante ! Il faut qu’on la soigne ! »

Nous tournâmes la tête vers eux. Je m’approchais du corps avec Ishta. Même si elle n’était pas morte, elle avait perdu beaucoup trop de sang pour qu’elle survive. Je m’agenouillai à côté de la tête de ma victime puis la posai délicatement sur mes genoux. Je lui tournai la tête pour leur montrer les morsures qu’elle avait sur le cou. Ces marques qui était la signature de notre espèce. Par contre, on n’ignorait que ses traces disparaissaient une fois que la victime était morte.

« C’est toi… Qui a fait cela ? » me demanda Jenny en fixant longuement la trace.

J’inclinai légèrement la tête pour acquiescer. Je ne pouvais pas parler. J’avais encore le goût de son sang dans ma bouche. Il fallait que je leur parle, que je leur explique. Je devais au moins leur dire pourquoi elle n’était pas encre morte. Je leur devais bien cela.

« Alexia m’a interrompue avant que je ne la tue. » révélai-je enfin, tête baissée.

Je le levai lentement pour regarder Marie. Son regard croisa le mien. Elle porta lentement la main vers le col roulé de son pull. Son regard était lourd d’accusation. Je baissai de nouveau la tête. J’étais désolée… Tellement désolée. Mais j’étais ce que j’étais. Je ne pouvais plus rien y faire maintenant. Ishta était debout derrière moi maintenant. Il regarda mes amis.

« Ne la blâmez pas. C’est moi qui la lui aie apportée !

-Ishta… N’essaie pas de justifier mes actes, dis-je tout bas. Je suis ce que je suis.

-Tu veux que j’aille chercher nos manteaux.

-Oui. S’il te plait. »

J’espérais qu’il n’allait en profiter pour se faire la malle. Il posa sa main sur mon épaule. Je la pris puis levai la tête vers lui.

« Ne t’inquiète pas. » Me dit-il tout haut.

Je le regardai dans les yeux pour puiser cette force qui nous était commune dans son regard. Il partit et me laissa seule avec eux. Mes amis.…

Publicité
Commentaires
Un capharnaüm dans ma tête
Publicité
Derniers commentaires
Publicité