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Un capharnaüm dans ma tête
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2 février 2010

La Main Noire et le Dragonnier (Chapitre 1)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 1 : Le Jardinier et La Guerrière


Je me demandais souvent si Morzan était un parfait imbécile ou non. Il fallait l'être pour croire Galbatorix et adhérer à sa folie mais je devais bien reconnaître qu'il pouvait se montrer intelligent de temps en temps. Il suffisait de voir ses jardins et de connaître leur véritable fonction pour s'en rendre compte. Le Parjure voulait se faire bien voir. Le Parjure voulait qu'on le croit accueillant et bienveillant. Il avait donc choisi d'ouvrir ses jardins à tous et ceux qui s'en occupaient n'étaient pas tenu aux mêmes conditions de travail que les domestiques du château qui se trouvait sur les contreforts de la Crête. Pour les jardiniers, nul passage devant le Maître, nul serment en ancien langage à donner et une certaine liberté. C'était l'emploi parfait pour moi. Je pouvais côtoyer les domestiques, et les interroger sans qu'ils ne s'en rendent compte, même si nous n'étions pas logés au même endroit et si je me débrouillais bien, j'allais pouvoir découvrir le véritable visage de la Main Noire et quand le moment viendrait, je l'éliminerai.

J'avais également une autre mission. Je n'en avais parlé à personne. Ni aux Vardens. Ni aux Elfes. Pas même à mes maîtres, Oromis et Glaedr. Morzan avait une compagne. Je voulais la détourner de lui, la faire aller au-delà de tous les serments qu'elle avait pu lui prêter pour qu'elle le trahisse. Elle devait devenir ma créature et cesser d'être la sienne. Je devais la séduire mais... Encore fallait-il pouvoir la voir. La compagne du Parjure sortait rarement. Il fallait aller au château pour la voir et je ne pouvais pas me rendre là-bas ouvertement. Dans quelques temps peut-être, j'allais essayer de me rapprocher du château puis j'attendrais encore quelques mois avant de m'introduire à l'intérieur. Le château devait certainement être protégé mais je comptais sur l'orgueil de Morzan. Il avait toujours été trop sûr de lui. Il avait dû laisser une faille... Comme avec les jardins.

Je faisais partie de l'équipe du matin. Les jardiniers qui la composaient devaient se lever à l'aube pour s'occuper des fleurs, des arbres, des pelouses.... Nous devions également réparer les éventuelles dégradations qui avaient eu lieu l'après-midi et en fin de matinée, nous devions commencer à dresser les tréteaux dans les endroits les plus agréables du jardin c'est-à-dire les lieux ombragés, ceux aux fleurs les plus odorantes et les plus belles. Pendant l'après-midi, ces tables seraient couvertes de victuailles. Le Parjure était un le meilleur des hôtes. Il prenait soin de ses éventuels invités.

Il y avait deux autres équipes qui s'occupaient des jardins. Celle de l'après-midi était essentiellement composées de domestiques et de guides ainsi que de quelques jardiniers. L'après-midi, c'était le moment des visites, des promenades... C'était aussi le moment où l'on pouvait voir Morzan et discuter avec lui. On venait ici pour voir les Jardins. C'est du moins ce que tout le monde disait. Mais on venait surtout pour le voir lui, l'informer. Je n'aurais pas pu faire partie de cette équipe. J'avais confiance en mon déguisement mais mieux valait éviter une éventuelle rencontre avec l'Ennemi.

La dernière équipe, celle de nuit, était composée de quelques jardiniers mais la plus grande partie de ses effectifs comptait des gardes. Ces derniers devaient surveiller les jardins jusqu'à notre arrivée. C'était l'équipe la moins nombreuse mais ses membres étaient dits féroces. C'était l'équipe qui m'aurait permis de m'approcher du château le plus facilement mais on ne pouvait en faire partie qu'après plusieurs années de bons et loyaux services.

Je n'avais pas eu de contact avec les Vardens depuis des mois, depuis que j'avais été engagé ici en fait. J'avais voulu m'intégrer avant de tenter quoi que ce soit. Je faisais partie des jardiniers qui s'occupaient des roses. L'un de mes plus proches « amis » m'avait confié quelques jours plus tôt qu'on pensait même à moi pour remplacer celui qui avait la direction de ce secteur. Les responsables des jardins avaient remarqué que j'avais la main heureuse avec les roses. J'avais souri à cette annonce puisque j'avais toujours été partagé entre deux passions : les histoires et les roses. La première m'avait toujours été utile. On ne soupçonnait jamais un conteur. Aujourd'hui encore, mes histoires m'avaient permis de me faire accepter auprès des autres jardiniers. On me demandait souvent de réciter des contes, le soir, quand nous étions tous au coin du feux.

Les roses par contre... Voilà une passion que ne me servait que chez les Elfes. Avec l'aide de l'un d'entre eux, j'avais même réussi à obtenir des roses roses bleues aux pétales brillantes et nervurées qui n'étaient pas sans rappeler les écailles d'un Dragon. La Reine Islanzadì m'avait permis de choisir leur nom. Bleu... Ressemblant à des écailles de Dragon... Aucun Elfes n'avaient été étonnés quand je les avais nommé Saphira.

Pour me faire bien voir de mes chefs, j'essayais maintenant de faire la même chose mais avec des roses rouges. Je leur avais parlé de mon idée quelques jours plus tôt et ils l'avaient adorée. On m'avait donc aussitôt donné un petit coin de terre pour mes expérimentations. Seule condition, je ne pouvais m'en occuper qu'après avoir terminé toutes les tâches que l'on m'avait assigné. Je ne pouvais donc procéder à la reproduction de mes roses qu'en fin de matinée ou avant l'aube. Je rejoignais donc mes quartiers après l'ouverture des jardins au public.

En général, le Parjure venait dans le milieu de l'après midi. Je partais donc toujours avant sa possible arrivée. M'occuper de ces roses m'avait également permis de lier connaissance avec certains visiteurs mais jamais je n'allais vers eux. J'attendais qu'ils viennent à moi, intrigués et curieux à cause de ce que je faisais.

L'aube commençait tout juste à se lever. Aujourd'hui, je m'étais levé plus tôt pour pouvoir cueillir les roses les plus rouges du jardin. Je me dirigeais ensuite vers mon petit atelier pour pouvoir les replanter. Je souris. J'avais bien fait de ne pas masquer mes « maigres » connaissance de l'ancien langage, juste quelques mots issus d'un héritage familiale. Ma famille s'était toujours occupée des roses.

Avant de me donner l'emploi, mes examinateurs avaient voulu connaître les mots que j'avais à ma disposition. Je ne les leur avais confié qu'après des heures d'hésitations. Ils en connaissaient la plupart puisque le Parjure voulait des jardins parfaits.

Ce fut notre première rencontre.

Ma petite serre se trouvait dans un recoin des jardins, près d'un endroit que seuls les habitués pouvaient connaître. Le coin était agréable mais pas exceptionnel. Une allée de fin gravier serpentait entre les parterres de roses aux multiples couleurs. Cette allée se divisait ensuite en deux. Un petit chemin menait à ma serre. L'autre, mieux entretenu, donnait sur un petit coin de verdure abritant un banc aux coussins confortables, un endroit parfait pour les amoureux.

Une femme était agenouillée au milieu de l'allée. Elle avait une rose blanche à la main. Les yeux fermées, elle était en train d'en respirer l'odeur. Elle était belle. Un sourire doux flottait sur ses lèvres. Je fus charmé par cette vision mais l'illusion disparut lorsque je me rendis compte de la tenue de la nymphe que je venais de découvrir.

On l'aurait facilement imaginée vêtue de soie et couverte de diamants alors qu'elle portait des vêtements de cuir matelassé, des brassards noircis et des jambières. L'épée au côté... La dague à sa ceinture... Je n'étais pas en face d'une noble et gente dame. C'était une guerrière qui se tenait devant moi.

*

J'étais revenue de Teirm la veille. Ma mission s'était déroulée sans encombre mais ce qui en avait résulté de me satisfaisait guère. C'était un leurre. L'homme que je devais abattre n'avait rien à voir avec les Vardens. En le voyant si désireux de se venger, j'avais décidé de le laisser en vie mais lui n'apprécierait certainement pas mon initiative. J'allais en payer le prix mais tant qu'il ne touchait pas à notre enfant, peu importe ce qu'il pouvait me faire. J'étais prête à l'endurer.

Forte heureusement, j'allais avoir plusieurs jours de répit. Il était auprès de l'Empereur pour le moment et il ne reviendrait que lorsque sa Majesté l'aurait décidé. Mais son absence m'attristait tout de même puisqu'elle me privait de mon habituel confident.

Je m'étais levée avant l'aube pour me promener dans nos jardins. Avant que je ne devienne sa Main Noire, je m'en occupais activement. J'avais choisi les premiers jardiniers. J'avais choisi les fleurs, les arbustes et les arbres qui devaient y être plantés. J'avais dessiné les parterres...

Ces jardins... C'était mon idée. Je voulais que les autres l'aiment comme je l'aimais, le voient comme je le voyais. S'ils pouvaient lui parler, le connaître, ils allaient se rendre compte, ils allaient savoir qui il était vraiment.

Je n'étais qu'une enfant à l'époque mais... Comment avais-je pu être aussi aveugle ?

Après une ballade entre les arbres fruitiers, je me rendis au Pavillon des Roses. Je voulais aller au Rendez-vous des Amants. J'avais créé cet endroit spécialement pour nous, une alcôve de verdure où nous retirer quand nous voulions échapper à nos visiteurs. Lorsque j'étais devenue la Main Noire, les promenades s'étaient faites plus rares. Les rendez-vous aussi. Et maintenant, ils avaient totalement cessé. Je n'apparaissait guère en public à cause de ma santé chancelante qui avait encore été aggravée par la naissance de notre premier enfant. C'était ce qu'il disait.

Je ne savais pas vraiment pourquoi je me rendais là-bas. Était-ce de la nostalgie ?

Les roses qui m'entouraient étaient magnifiques. Le rouge flamboyant se mêlait au blanc le plus pure. Un jaune ensoleillée éclairait le violet sombre qui se trouvait à ses côtés. J'aperçus alors un vilain petit canard au milieu de ses somptueuses sœurs. Ses pétales commençaient à se flétrir. Son blanc était bordé de marron clair. Je m'accroupis pour la cueillir et je regardai la fleur pendant un long moment. Je me mis à réciter quelques mots à voix basse. C'était idiot de gâcher mon énergie pour une telle bêtise. Je le savais bien.

La rose retrouva sa vigueur et se redressa. Les tâches marrons disparurent. Elle avait retrouvé son blanc pur. Un mot, un simple mot, pouvait-il me permettre de retrouver mon innocence ?

J'approchai la fleur de mon visage pour respirer son odeur avant qu'elle ne meure. Le sort que je venais de jeter aller consumer ce qui lui restait de vie en un rien de temps.

Un intrus !

Je portais la main à ma dague.

*

J'étais repéré. La guerrière porta la main à la dague qu'elle avait à sa ceinture. Un mouvement de trop et sa lame viendrait tout contre mon cou, j'en étais certain.

« Bonjour. » tentai-je.

Elle suspendit son geste et tourna légèrement la tête vers moi. Nos regards se croisèrent.

*

C'était un jardinier aux bras chargés de roses aussi rouges que le sang. Un nouveau sans aucun doute puisqu'il ne détourna pas les yeux quand nos regards se croisèrent. C'était pourtant ce que tous les autres faisaient en me voyant. Les rares fois où je leur avais adressé la parole pour avoir des nouvelles des jardins, leurs yeux n'avaient pas cessé de fixer le sol comme si un seul de mes regards pouvait tuer.

Je n'arrivais pas à lui donner un âge. Ceux qui le rencontraient devaient penser qu'il avait une petite trentaine. Ce n'était pas mon avis. Il y avait quelque chose dans son regard. Soit il était plus vieux qu'il n'en avait l'air. Soit... Soit il avait vu des choses qui l'avaient fait vieillir prématurément.

Je me redressai.

*

Elle se leva. Nos regards ne s'étaient pas quittés. Sa main était restée près de sa dague. Elle n'allait pas m'attaquer mais je n'étais pas encore accepté. Elle se méfiait.

« La garde de nuit s'est-elle bien passé ? » lui demandai-je.

*

Il me prenait pour l'une des gardes de l'équipe de nuit. J'en restai bouche-bée. Mais après tout... Que pouvait-on conclure d'autre en voyant ma tenue ? Certainement pas que j'étais la compagne du Maître. Cette guerrière n'avait rien à voir avec la maîtresse du Parjure, cette femme atteinte de langueur qui ne mettait jamais le nez dehors.

Je choisis de ne pas le détromper.

*

Cela avait fugace mais je l'avais tout de même remarqué. Ma question l'avait étonnée. Pour quelle raison ?

J'aurais pu pénétrer à l'intérieur de son esprit pour le savoir mais je me méfiais des gardes de Morzan. Le Parjure n'était pas idiot au point de laisser ses gardes sans moyen de défense face à l'intrusion d'un autre esprit dans le leur. Je devais me méfier. Un petit jardinier n'était pas censé faire ce genre de chose, même involontairement. Je ne devais pas me faire remarquer.

Soudain la fleur qu'elle avait à la main fana en quelques secondes. J'avais eu raison de me méfier. Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison à ce dépérissement soudain. Cette femme connaissait l'ancien langage et elle l'avait utilisé sur cette fleur.

*

Il était en train de regarder attentivement ma main. Je la leva. La rose blanche était morte. Un mot avait suffi pour la faire revivre mais ce mot avait précipité sa mort. Tout ceci me rappela douloureusement les prédictions de l'herboriste rencontrée à Teirm. Si je changeais, la mort suivrait de près... Comment pouvais-je changer en sachant une telle chose ? Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas que mon enfant meure lui aussi.

J'avais besoin d'être seule. Des larmes n'allaient par tarder à rouler sur mes joues.

*

Elle regarda la rose morte. Son regard devint triste et elle détourna les yeux. La seconde d'après, la guerrière avait disparu.

Avais-je rêvé ?

Je pris le petit chemin de terre qui menait à ma serre en pensant à ce qui venait de se passer. Cette femme... Je ne savais pas pourquoi mais... Mais cette femme entièrement vêtue de noire m'intriguait. Peut-être parce ce que la couleur de ses vêtements m'avait fait penser à la véritable raison de ma venue sur les terres du Premier des Parjures.

Qui es-tu ?

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