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Un capharnaüm dans ma tête
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23 février 2010

La Main Noire et le Dragonnier (Chapitre 4)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 4 : La vérité déguisée

 

Je vous pardonne votre erreur et j'espère que vous m'avez rapidement pardonné en voyant le présent que je vous avais réservé.

Pourquoi ? Au début, je voulais juste cultiver les plus belles roses blanches, une sorte de souvenir de notre rencontre puis nous avons parlé d'innocence et de changement. Vous vous êtes sûrement dit que la pureté de cette rose était souillée en la voyant et pourtant ne l'avez vous pas trouvée belle ?
Guerrière, voilà déjà un moment que nous conversons et je m'excuse par avance de mon audace mais pourriez-vous me dire votre nom ?

 (1)
****

Il me demandait mon nom, une chose que je ne pouvais lui donner puisque s'il l'apprenait, il se détournerait certainement de moi. J'allais devoir éludé ou mentir.

Quelqu'un approchait. Je me retournai lentement. C'était lui. Il avait l'air inquiet. Pourquoi ? Oh bien sûr ! Hier, je n'avais pas répondu à son message.

Son air inquiet disparut bientôt. Son visage se décomposa. Son regard se durcit et sa voix prit un ton menaçant.

« Qui vous a frappé ? »

Je voulus détourner les yeux. L'idée de m'enfuir m'effleura même pendant un instant. Il s'approcha de moi et leva lentement le bras. Prudemment, sa main effleura ma joue blessée.

« Qui vous a fait ça ? » répéta-t-il d'un ton encore plus dur.

Comment lui dire ? Je lui devais bien une explication après tout mais je ne pouvais la lui donner. J'allais devoir déguiser la vérité. Ce n'était pas vraiment comme lui mentir non ?

« Mon amant. » répondis-je.

Le Jardinier tremblait presque de fureur. Qu'avais-je donc fait pour susciter une telle loyauté  alors que nous ne nous connaissions à peine ?

****

Son amant... Si jamais son Amant se trouvait un jour en face de moi, il allait payer pour avoir commis une telle ignominie.

« Marianne. » dit-elle soudain.

Je la regardai sans comprendre.

« Marianne. C'est mon nom. »

Elle jeta un léger coup d'œil en arrière.

« Vous me l'avez demandé dans votre dernier message. »

Elle voulait changer de sujet. J'en étais conscient.

« Quel est le vôtre ? » demanda-t-elle ensuite.

Je ne répondis pas. J'observai ses blessures. Son Amant n'y était pas allé de main morte. Sa joue était bleue et légèrement enflée, tout comme son œil. Elle avait également le coin des lèvres écorché. De plus, son Amant devait avoir une bague au doigt de la main qui avait porté le coup puisqu'elle avait une plaie au centre de la joue.

« Pourquoi ? » demandai-je.

Elle détourna les yeux.

****

Comment lui expliquer ?

Je baissai la tête pour échapper à la pitié mêlée de colère de son regard.

« Pourquoi êtes-vous toujours avec lui s'il vous bat ? Nul n'a le droit de... »

Je relevai la tête pour le regarder dans les yeux.

« Je ne réponds pas à ce genre de question ! Surtout lorsqu'elles me sont posées par un homme dont je ne connais même pas le nom. »

****

Je l'avais mise en colère. C'était vrai. Elle ne connaissait même pas mon nom mais après les messages que nous avions échangé, j'avais cru que...

« Pardonnez mon indiscrétion ma Dame. »

Elle ne répondit pas.

« Mon nom est Eragon. »

Elle retint un éclat de rire. Je souris légèrement.

« Comment avez-vous réussi à vous engager ici avec un nom pareil ?! »

Je haussai les épaules. Lorsque j'avais décidé de ce nom, je savais que ce choix pouvait peut-être nuire à ma mission. Ce nom avait une telle connotation qu'il attirerait certainement l'attention sur moi mais... Quoi de mieux qu'une forêt pour cachet une feuille d'arbre ?

« Vous connaissez donc aussi cette légende, lui dis-je.

-Qui ne la connait pas ?

-Elle s'est tout de même plus que perdue depuis la chute des Dragonniers. »

Elle n'eut pas le temps de répondre.

« Eragon tu es là ? »

Je me retournai. Un des jardiniers de l'équipe du matin était en train de remonter l'allée de terre menant à mon atelier.

« Je suis ici. J'arrive ! » criai-je.

Le jardinier s'arrêta. Je me tournai vers la Guerrière, vers Marianne, pour lui dire au revoir. A ma grande surprise, elle s'était retirée dans un coin sombre de l'abri.

****

Mon comportement le surprenait je le savais mais si l'autre jardinier me voyait... C'en était fini de nos conversations. J'étais la compagne du Maître et la compagne du Maître n'avait pas à frayer avec un simple jardinier.

« Je vous rejoins dans cinq minutes ! cria Eragon.

-Pas de problème mais dépêche-toi ! »

Le jardinier s'éloigna. Eragon se tourna vers moi. Il s'approcha de moi. Je lui adressai un sourire contrit.

« Je ne veux pas être vue dans cet état. » lui dis-je.

Il inclina légèrement la tête. Il semblait comprendre mes réticences. Il leva ensuite le bras puis il posa la main sur ma joue indemne.

« Je connais quelques mots d'Ancien Langage, me confia-t-il. Je pourrais peut-être vous soigner. »

Il l'avait interdit. Je devais refuser.

Sa main n'avait pas quitté ma joue. Je le regardai. Je remarquai enfin qu'il avait les yeux bleus, d'un bleu plus clair que l'œil droit de Morzan. Le Jardinier, Eragon, se pencha alors légèrement vers moi.

Il se figea soudain puis cligna des yeux. Sa main quitta enfin ma joue. Il se redressa. Il semblait mal à l'aise.

« Je dois y aller, dit-il.

-Oui. Je crois. » répondis-je.

Il s'en alla. Avait-il failli...

****

Je l'avais presque embrassée. Que m'avait-il pris ? Je n'étais pas ici pour ça. J'avais une mission. De plus, j'étais un vieil homme même si je n'en avais pas l'apparence. Sans compter que le « romantisme » n'avait jamais été un de mes points forts. J'avais bien eu quelques aventures lors de ma jeunesse bien sûr. J'étais un Dragonnier. Pas un moine. Mais les choses avaient toujours été clairs avec les femmes que j'avais côtoyé. Aucun engagement. Un moment agréable pour tous les deux. C'était tout ce que je pouvais leur donner après tout. Et puis cette femme avait un amant, qui la battait soit, mais elle en avait un. La courtiser était vraiment une très mauvaise idée alors pourquoi ne pouvais-je pas m'en empêcher ? Je ne devais pas me leurrer. Cette femme me plaisait. Son intelligence... Sa culture... Sa beauté... Elle était une perle, un joyau dont il fallait prendre le plus grand soin et son amant osait... Le souvenir de la marque sanglante sur sa joue réveilla ma colère. Comment un homme pouvait-il faire une telle chose ?

Je revins à mon atelier après le travail. Elle n'était pas là bien sûr mais je souris en voyant un message de sa main sur mon tableau noir.

****

Au début, il n'y avait que les Nains et quelques autres créatures dont nous ne savons rien. Au début, il y avait les Dragons. Puis vint les Elfes sur leurs bateaux d'argent. Les humains ne font pas partie de cette histoire. Pas encore. Mais bientôt eux aussi arriverait sur les Terres qui porteraient le nom d'Alagaësia.

Au début, donc, il y avait les Elfes et les Dragons, peuples aussi fier et fort l'un que l'autre mais les Elfes prirent à tort les Dragons pour de simples animaux et cette méprise allait engendrer la plus fatale des erreurs... Un jeune Elfe chassa et tua un Dragon comme s'il s'était s'agit d'un simple cerf.

Furieux, les Dragons voulurent venger leur congénère et le chasseur devint proie à son tour. On le tua mais cette mort n'apaisa la soif de vengeance de certains Dragons. Ceux-ci se réunirent et les Elfes furent attaquer.

Les deux Peuples ne savaient pas comment communiquer entre eux. Nul ne put donc mettre fin aux hostilités qui venaient de commencer et la Guerre entre Elfes et Dragons fut sanglante. Chaque mort dans un camp en appelait une autre dans le camp adverse. La vengeance était la seule loi suivie.

La Guerre durait déjà depuis cinq ans lorsqu'un jeune Elfe trouva un œuf de Dragon. Pourquoi l'œuf avait-il été abandonné ici ? Ses parents avaient-ils été tué par des attaques Elfiques ? Les Dragons l'avaient-ils abandonné ici à dessein ? Nul ne le sait et nul ne l'avait jamais appris.

L'œuf finit par éclore bien sûr et l'Elfe décida d'élever le Dragon. Il lui donna même un nom dans la langue d'Antan.

Lorsque le Dragon eut atteint sa taille adulte, l'Elfe le monta pour prouver à tous qu'Elfes et Dragons pouvaient vivre ensemble, en paix. Ce simple geste suffit à arrêter le bain de sang et des accords de paix furent conclus et pour symboliser cette union la Confrérie des Dragonniers fut créer.

Il y eut de nombreux Dragonnier. Certains noms devinrent des Légendes. D'autres furent oubliés. Mais les noms de l'Elfe et du Dragon traversèrent les siècles. Eragon et Bid-Daum... Ce sont des noms chargés de pouvoir et ceux qui les portent sont certainement promis à un grand avenir...

. . . .

Ne vous inquiétez pas si je ne vous donne aucune nouvelle dans les jours prochains. Le Maître est de retour. La Garde sera donc prise par ses devoirs envers lui.

****

En effet, elle ne me donna aucune nouvelle pendant plusieurs jours. J'en profitais pour m'occuper de mes roses et je menais également l'enquête. Je commençais à être suffisamment bien intégré pour pouvoir poser des questions sans que l'on me soupçonne immédiatement de faire partie des rebelles. Je n'appris pas grand chose auprès des jardinier. La Compagne de Morzan n'avait pas été vue dans les Jardins depuis des mois. Sa santé était beaucoup trop mauvaise pour qu'elle puisse sortir. Quant à la Main Noire, nul ne semblait connaître celle qui se cachait derrière cette identité. Les jardiniers avaient tous peur d'elle mais émettre des hypothèses sur sa véritable identité occupait souvent leurs soirées. Certains pensaient que c'était une des officiers haut gradé. D'autre pensaient au contraire que c'était un des soldat du rang et que Morzan se servait d'elle pour surveiller tous ses soldats. Les moins nombreux émettaient même l'hypothèse qu'elle n'était pas un soldat de la Garde mais juste une domestique du Château.

Je n'avais eu que peu de contact avec la Garde de Morzan jusqu'à maintenant. Je décidai de creuser de ce côté. Peut-être devais-je interroger la Guerrière là-dessus ? C'était la solution la plus simple et la plus rapide et pourtant je m'y refusais.

Une quinzaine de jours après notre dernière rencontre, un nouveau message apparut sur mon tableau noir et je trouvais sur ma table de travail un rouleau de parchemin et un fin stylet. Le parchemin était vierge de toute écriture. Pourquoi me l'avait-elle laissé ?

Le message du tableau noir répondit à toutes les questions que j'étais en train de me poser. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer son ingéniosité. Cette femme était vraiment intéressante.  Mais son idée marchait-elle vraiment ?

Avant de me mettre au travail, je déroulai donc le parchemin et apposai la main dessus. Je fermai les yeux pour mieux me concentrer.

« Ysgrifennu. »

Je rouvris les yeux. Le mot de l'Ancien Langage que je venais de prononcer n'avait eu aucun effet visible.

Je pris le stylet et commençai à écrire. Son sortilège marchait bel et bien. Au fur et à mesure que j'écrivais, mes phrases disparaissaient.

J'arrêtais d'écrire et quelques secondes plus tard, quelques mots apparurent sur le parchemin. Je souris. Elle avait répondu.

****

Je ne fais maintenant plus partie de la Garde des Jardins. J'ai été réintégrée dans la Garde Normale et on vient de me confier une mission. Je serais donc absente pendant quelques temps mais je désire poursuivre nos discutions. Je pense avoir trouvé un moyen de le faire.

Ainsi que vous l'aurez certainement déjà remarqué, j'ai laissé un parchemin et un stylet sur votre table de travail. Ils sont ensorcelés pour nous permettre de communiquer.

Si vous voulez m'écrire, posez la main sur le parchemin et dîtes «  Ysgrifennu ». (2)

Si vous voulez effacer ma réponse pour écrire la votre, faite la même chose mais en disant « Erases ». (2)

En attente de votre message.

M.

 ….


(1)  Message de Brom, cf chapitre 2. Les deux autres messages sont de Selena.

(2) J'ai utilisé du gallois pour les mots en Ancien Langage (enfin... j'espère que google ne s'est pas joué de moi...). Le premier mot doit normalement vouloir dire « écrire » et l'autre « efface ».

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