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Un capharnaüm dans ma tête
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6 avril 2010

La Main Noire et le Dragonnier (Chapitre 9)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 9 : La Dispute


Il y avait de la tristesse dans son regard ainsi que je m'y attendais mais il n'y avait pas de crainte ou de peur. Pas la moindre trace. Juste une haine brûlante dont je ne comprenais pas l'origine.

Je voulais savoir. Mon esprit s'approcha du sien. Je me trouvais en face d'un rempart pourvu de quelques meurtrières qui ne laissaient passer que ce que le propriétaire voulait bien.

Eragon n'avait jamais été comme les autres jardiniers. Son mystère avait excité ma curiosité mais à ce moment-là, je ne savais pas quoi penser. Comment un simple Jardinier pouvait-il avoir une telle maîtrise de son esprit ?

On me repoussa mentalement. Je ne compris pas comment mais j'étais certaine que c'était lui qui l'avait fait.

Je le regardai longuement.

Qui es-tu Eragon ?

« Avez-vous beaucoup de travail ? Demanda alors Morzan. Vous pourriez nous accompagner pour la suite de la promenade si vous n'avez rien à faire. »

Eragon pouvait difficilement décliner l'invitation du Maître.

« Ce serait un plaisir. » répondit donc le Jardinier en s'inclinant.

Le Parjure se tourna vers moi.

« Selena m'a dit être très intéressée par ce que vous faites. Vous pourriez lui expliquer la manière dont vous procéder pour obtenir toutes ses roses. »

Nouvelle révérence de la part d'Eragon mais elle était pour moi cette fois-ci.

« Ce serait un plaisir ma Dame. » dit-il d'un ton respectueux et joyeux.

Pourquoi est-ce que je n'y croyais pas ?

Eragon rangea rapidement son matériel puis nous quittâmes son atelier.

Beaucoup posèrent des questions au Jardinier tandis que nous marchions côte à côte. Je restais silencieuse. Morzan semblait maintenant l'ignorer mais j'avais vite vu qu'il ne cessait de nous observer..

Il devait savoir pour nous deux. Mais comment ? Qui avait pu lui dire ? Personne n'était au courant de nos conversations pourtant.

Un homme s'approcha soudain de Morzan. C'était l'un de nos informateurs habituels. Morzan et lui s'éloignèrent rapidement.

En l'absence du Seigneur et Maître de ces lieux, c'était à moi de faire la conversation.

J'échangeais quelques mots avec les autres promeneurs puis je m'adressais enfin à Eragon.

« Qu'est-ce qui vous a conduit en ces lieux ? Lui demandai-je.

-Ma Dame, il n'y a encore pas très longtemps, j'étais une sorte de nomade. J'étais un Conteur voyageant de village en village apportant nouvelles et distractions. Mais les Temps sont durs et je me fais vieux. Il était temps de trouver un endroit à appeler maison.

-L'avez-vous trouvé en venant ici ?

-Je ne sais pas encore mais... Je dois dire que cet endroit recèle pas mal de surprise. »

Sa voix s'était durcie sur ces derniers mots.

« Bonnes ou mauvaises ? Le questionnai-je.

-Je ne sais pas encore ma Dame. »

« Je ne sais pas encore » venait-il dire de dire. Pourquoi avais-je entendu « Mauvaise » ? Ceci m'attristait plus que je ne saurais le dire. Je lui avais menti. Il était normal qu'il m'en veuille mais j'avais espéré que...

Nous étions arrivés au Verger. Le groupe se dispersa pour aller cueillir quelques fruits. Je me retrouvai soudain seule avec Eragon. Je sautais sur l'occasion pour lui agripper le bras et lui dire :

« Ne me détestez pas Eragon. Je vous en supplie. Ne me détestez pas. »

Son regard devint dur et plus haineux que jamais. Sa réponse fut teinté d'ironie et de haine.

« Comment pourrais-je détestez la Compagne et l'Âme Damnée de mon Bienfaiteur ? »

Si nous avions été seule, je l'aurais giflé pour avoir prononcé ces mots. Il ne savait rien de moi, de mon passé. De quel droit pouvait-il me juger ?

*********

J'aurais dû la détester, la haïr. Elle était la Main Noire. Elle était mon Ennemie. Je la haïssais pour ça mais en même temps...

Nos conversations et nos rencontres avaient laissé trop de trace pour que je puisse la haïr vraiment. A demi-mots, elle m'avait confié ses doutes et ses regrets. Je me souvenais de son visage blessé. Je connaissais maintenant le coupable de ce méfait et je ne pouvais que le haïr encore plus pour lui avoir fait ça.

Ô Guerrière qu'auriez-vous fait si je vous avait dit à quel point tout ceci me déchirait ?

Pourtant, quand tu m'a demandé de ne pas te détester, je n'ai été capable que de te donner des mots imprégnés de haine.

La colère donna une nouvelle lueur à tes yeux gris. Tu avais envie de tourner les talons le plus vite possible, j'en suis certain.

Mais tu était bonne comédienne. Tu voulais nous quitter mais tu ne le fis pas tout de suite. La promenade continua pendant un instant puis tu prétexta la fatigue. Quelqu'un, je ne sais qui, alla aussitôt prévenir le Parjure.

Avec sollicitude, il s'enquit de ta santé puis vous nous avez quitté.

Je ne savais toujours pas quoi penser.

*********

Sitôt arrivée au Château des Contreforts de la Crête, je voulus m'enfermer dans ma chambre pour me calmer mais c'était sans compter sur Morzan qui me montrait beaucoup trop de sollicitude alors que nous avions quitté les Jardins depuis longtemps.

« Quelque chose ne va pas Selena ? Me demanda-t-il d'un ton doux.

-Je suis fatiguée, répondis-je. J'aimerais aller me reposer. »

Il m'observa longuement.

« Que penses-tu de ce Jardinier... d'Eragon ? » me questionna-t-il.

Je gardais d'abord le silence. Il ressemblait à un chat jouant avec une souris. J'en eus assez.

Je savais qu'il était au courant pour Eragon. J'aurais dû jouer le jeu. Garder le silence ou répondre poliment à ses questions. Mais je sortis de mes gonds.

« Cesse tout de suite cette comédie ! » ordonnai-je.

Et il cessa aussitôt de jouer.

« Et si cet homme avait été un espion Selena ? Et s'il avait cherché à s'approcher de toi pour pouvoir t'arracher des informations sur moi ?

-Il ne savait même pas qui j'étais avant... »

Avant que te ne mettes ton nez dans mes affaires !

« Avant... Avant aujourd'hui. » préférai-je ajouter.

Je lui en voulais tellement.

« Qu'en sais-tu ?

-Et même si c'était le cas, répliquai-je, je ne t'aurais jamais trahi ! Comment oses-tu douter de moi après tout ce que j'ai fait pour te servir ?

-Ce sont parfois les personnes les plus proches de nous qui nous trahissent le plus facilement. »

Je le giflai pour avoir osé douter ainsi de moi. Enfin, j'essayai de le gifler. Son poignet avait arrêté mon bras avant que je ne puisse le toucher

Je le fixai pendant un long moment. Je n'arrivais pas à croire qu'il ait pu douter ainsi de ma loyauté après tous les serments que je lui avais prêté. J'étais sa Main Noire. Les sentiments que j'avais pour lui avaient peut-être changé au fil du temps mais... Mais Murtagh nous liait irrémédiablement. Murtagh était son héritier mais aussi son otage. J'étais sa Créature et j'allais le rester jusqu'à ma mort.

Il devait y avoir autre chose. Il ne pouvait pas me croire capable de le trahir pour un autre homme.

« Serais-tu jaloux ? »

J'avais posé cette question au hasard mais j'avais visé juste apparemment.

« Tu es à moi. » déclara-t-il farouchement en m'attirant contre lui.

Il me serra dans ses bras. Ma tête se posa tout naturellement sur son épaule.

« Tu es ma Main Noire.

-Maintenant et à jamais. » répondis-je machinalement.

Mais quelque chose venait de se briser. Nous étions restés pendant si longtemps au bord du gouffre et l'un de nous venait d'y basculer. Pourquoi avais-je l'impression que c'était moi ?

« J'aimerais me reposer. » lui dis-je.

Il me lâcha.

« Me laisseras-tu te rejoindre cette nuit ? »

Voilà bien longtemps qu'il ne m'avait pas fait une telle demande.

Je ne lui donnai aucune réponse et je rejoignis ma chambre. J'étais trop épuisée.

Il me laissa faire étrangement.

Une fois entrée dans ma chambre, au lieu d'aller m'allonger, je pris le parchemin et le stylet ensorcelé.

J'en voulais aux deux hommes de mon cœur. L'un y avait trouvé sa place depuis longtemps. L'autre s'y était frayé un chemin rapidement et si ce qui s'était passé aujourd'hui ne s'était pas produit, je ne m'en serais certainement pas rendue compte aussi rapidement.

Pour l'un, l'autre n'était qu'un jardinier sans importance mais pour le Jardinier... Celui-ci lui vouait une telle haine... S'étaient-ils connus, rencontrés auparavant ? Mais si c'était le cas, Morzan aurait dû reconnaître Eragon non ?

Je ne comprenais pas.

Je ne voulais pas perdre Eragon. Je voulais qu'il comprenne, qu'il sache ce qui m'avait poussé dans les bras de Morzan... Dans les bras du Premier des Parjures.

Je lui écrivis longuement. S'il connaissait mon histoire, peut-être allait-il revenir vers moi ?

La nuit était déjà bien avancée lorsque Morzan me rejoignit dans mon lit. Je le laissai faire ce qu'il voulait de moi. Il n'avait jamais été aussi doux... Aussi tendre que cette nuit-là. Mais sa tendresse et sa douceur ne m'atteignirent pas.

J'étais contre lui. Je sentais son torse contre mon dos nu. Il déposait des baisers sur mon cou.

Sa voix troubla soudain le silence de la nuit.

« Promets-moi que tu ne reverras pas Eragon Selena. »

Je ne répondis pas.

« Je te l'ordonne. »

Il prononça mon vrai nom. Le frisson habituel parcourut mon dos. Je ne voulais pas lui promettre une telle chose mais il avait dit mon nom. J'étais obligée de le faire.

Les mots de l'Ancien Langage se formèrent si facilement sur mes lèvres.

« Sur mon nom, je te promets que je ne chercherais plus à voir Eragon le Jardinier. »

...

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