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Un capharnaüm dans ma tête
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8 juin 2010

La Main Noire et le Dragonnier (chapitre 14)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 14 : Le Ruban et les Serments


On nous avait appris que la Dame des Jardins était souffrante. Elle devait garder le lit, avaient dit les guérisseurs venus la voir.

J'avais compris que Selena avait dû quitté le Domaine. La Main Noire était en mission. Quelqu'un allait bientôt mourir.

Le rythme de travail des Jardins avait ralenti. Moitié parce qu'il y avait moins de visiteurs car le Maître était absent. Moitié parce que beaucoup s'inquiétaient pour leur bienfaitrice.

Je m'inquiétais aussi. Mais pas pour les mêmes raisons.

Pendant tout le temps que dura sa soit-disant maladie, il n'était pas rare de voir un jardinier arrêter le travail. Il se tournait ensuite en direction du château puis il fermait les yeux pendant un moment. Beaucoup priaient pour la santé de leur Dame.

Je priais aussi. Mais pas pour les mêmes raisons.

Parfois, je me laissais aller à l'égoïsme et je ne pensais qu'à Elle. Pas à sa victime. Je voulais juste qu'elle revienne saine et sauve.

Parfois, je pensais à lui écrire. Je prenais le stylet qu'elle m'avait donné. J'avais le parchemin juste devant moi mais il restait toujours vierge. Je ne savais pas quoi lui dire. Non, en fait, je savais parfaitement ce que je voulais lui dire mais en avais-je réellement le droit ?

...

.

Ce fut la douleur qui me réveilla. Je m'y étais attendue mais... Je réussis péniblement à bouger le bras pour que ma main repose sur l'une des pierres brodées sur mes vêtements. Je murmurai tant bien que mal une formule pour me guérir. La douleur reflua quelque peu.

« Vous êtes également magicienne ? »

Je tournai la tête pour voir qui venait de parler. C'était un homme... Plutôt grand et bien bâti. Il avait une cicatrice sur la joue. Je souris intérieurement. Hreddan, le libérateur d'esclave ; ma cible, était devant moi.

Il y avait un autre homme dans la pièce. Il était moins impressionnant que son comparse mais je me méfiais aussitôt de lui. Le libérateur d'esclave ne me poserait aucun problème. Lui par contre...

La question suivante d'Hreddan me surprit.

« Comment connaissez-vous Brom ? »

Devant mon air étonné, il ajouta :

« Avant de vous évanouir, quand nous vous avons tiré de là, vous avez murmuré ce nom. »

Le souvenir de la mort de Saphira me frappa de plein fouet ainsi que la peine et la douleur qui y étaient associées.

Je ne devais pas penser à ce genre de chose pour le moment. Plus tard peut-être. En cet instant précis, je ne pouvais penser à lui.

« Qui vous dit que notre Brom est le même ? » fis-je remarquer.

Hreddan se lança alors dans la description physique et morale d'un homme que je connaissais sans le connaître. Cet homme semblait connaître Brom. Il l'avait vu. Les soupçons de rébellion commençaient donc à être confirmés.

« Désolée, ce n'est pas la même personne. Mon Brom était un joueur et un tricheur qui a bien failli me plumer.

-Que lui avez-vous fait ? Demanda le deuxième homme présent.

-Il était plutôt bel homme. Nous avons donc décidé de régler nos problèmes dans un lit. Nous ne nous sommes plus jamais revu par la suite mais il m'arrive de repenser à lui avec plaisir. »

Un silence.

« Vous devez sans doute vous douter de mon identité. » finit par me dire Hreddan.

Je décidai d'être honnête avec lui.

« Oui.

-Ce que vous avez fait... Tous ces esclaves libérés... Tout ceci nous a tous beaucoup impressionné. Voudriez-vous rejoindre notre petit groupe et nous aider ? »

Je fis mine de réfléchir pendant un moment.

« J'ai longtemps été seule. J'ai longtemps lutté seule... Peut-être serait-il temps de... Je ne sais pas vraiment. Peut-être devrais-je... »

Je laissai ma phrase en suspens à dessein. Le libérateur d'esclave acquiesça.

« Je comprends... je comprends... Nous en reparlerons après que vous vous soyez remis.

-Merci. »

Puis il me surprit. Encore une fois.

« Je suis désolé pour vos cheveux. »

Pour être honnête, je n'y avais pas encore pensé. Je voulus lever la main pour toucher mon crâne maintenant lisse mais la douleur qui se réveilla à ce moment-là m'en empêcha.

« Ce n'est pas grave. » mentis-je.

Il n'eut pas l'air de me croire.

« On m'a nommé Hreddan à cause de mes actions mais mon véritable nom est Bregald. » dit-il ensuite.

J'allais devoir contacter Morzan pour le lui faire savoir. Peut-être que cet homme était déjà connu comme faisant partie des Vardens après tout.

« Et voici Cisc. » ajouta Hreddan/Bregald en me montrant l'autre homme présent dans la pièce.

Je lui fis un rapide signe de la tête pour le saluer. Le dénommé Cisc ne me le rendit pas.

« Je vais vous laissez vous reposer. Je vous enverrais un de nos guérisseurs le plus vite possible. Ils ne connaissent peut-être pas la magie mais ils pourront tout de même vous aider à vous sentir mieux.

-Merci. »

Hreddan quitta ensuite la pièce. Son compagnon, Cisc, resta avec moi. Devait-il me surveiller ? Au vue de l'état de mon dos, je n'allais certainement pas aller bien loin.

Nous nous observâmes pendant un petit moment puis je tournai la tête pour ne plus le voir et je fermai les yeux. J'espérais m'endormir le plus vite et le plus longtemps possible. J'avais besoin de reprendre des forces pour guérir mon dos.

J'entendis soudain Cisc se lever. Partait-il ? Je me trompais. Il s'approcha de moi. Je fis semblant de ne pas l'avoir remarqué. Quelque chose me disait qu'il n'en fut pas dupe un seul instant. Il s'accroupit à mes côtés.

« C'est étrange. » murmura-t-il.

Je ne répondis pas.

« Oui, c'est très étrange. »

Silence.

« Cet homme, ce Brom, cet amant d'une nuit selon vos dires... »

Il attendit quelques secondes avant d'ajouter.

« J'étais là. Vous avez dit plusieurs fois son nom pendant votre sommeil... Et la manière dont vous l'avez prononcé... Pour vous ce n'était pas un amant d'un soir. C'est un homme que ne réussissez pas à oublier. »

Je me retournai brusquement et je le fusillai du regard.

« Et puis-je savoir en quoi ce sont vos affaires ? En quoi les relations que j'ai entretenu avec mes amants sont vos affaires ? » demandai-je d'un ton exaspéré.

Tout ce qu'il venait de dire était vraiment gênant mais pas seulement parce ce que c'était plus que malvenues de le dire..

« Pardonnez mon impudence ma Dame. » répliqua-t-il d'un ton ironique.

Forte heureusement, il finit par s'en aller.

J'étais seule maintenant mais ce qu'il venait de dire avait fait son chemin dans mon esprit.

Un homme que je ne réussissais pas à oublier...

Je me mis à repenser à la prédiction de l'Herboriste de Teirm. Elle m'avait prédit un amour de Conte et de Légende, l'amour que louent les Poètes... Mais un amour qui devait aussi rester secret. Elle m'avait prédit le changement. Elle m'avait dit que le début de ce changement serait marqué par la présence d'un Dragon ou d'un Dragonnier. Le Dragonnier était maintenant là. Le Dragonnier était un homme qui me plaisait et que j'appréciais... Pourtant, je refusais de croire que ce Dragonnier puisse être l'Amant et le Père que les os de Dragon d'Angela m'avait annoncé. Ce n'était pas parce que je n'aimais pas cet homme. En d'autres temps et en d'autres lieux, j'aurais certainement pu me laisser aller à ce sentiment qui s'était emparé de moi. Mais ici et maintenant... C'était impossible.

Jamais ma main n'avait été liée à celle de Morzan par un ruban et pourtant j'étais liée à lui par un serment encore plus fort que celui de l'Union consacrée par ce simple ruban. Sur mon nom, mon véritable nom, je lui avais juré amour, fidélité et loyauté. Jamais je ne pourrais être capable de trahir Morzan. Jamais un autre homme ne serait capable de prendre sa place dans mon cœur... A moins que je ne change de nom.

Mais un nom, notre nom véritable, ne peut changer n'est-ce pas ?

N'est-ce pas...

...

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