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Un capharnaüm dans ma tête
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2 août 2010

La Main Noire et Le Dragonnier (chapitre 17)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.
Toujours la même musique pour accompagner : Pale


Chapitre 17 : L'autre Nom


Ma première visite lors de mon retour au Domaine fut pour Brisingr. Le Dragon rouge allait bien, très bien même. D'habitude, il n'était jamais très en forme après nos absences à Morzan et moi. Il fallait toujours un peu de temps et quelques visites pour qu'il redevienne lui-même mais aujourd'hui, il allait bien. Il ne lui fallut pas très longtemps pour retrouver ses esprits après mon arrivée. Juste quelques deux ou trois « Brisingr » ainsi que quelques caresses.

« Tu as l'air d'aller mieux. » déclarai-je.

« Il est venu me voir pendant ton absence. Parfois pas très longtemps mais tous les jours il se réservait un peu de temps pour moi. »

Le Dragon sourit.

« Il n'a pas beaucoup changé. Les Dragons sont toujours sa priorité. Tu aurais dû le voir avec Saphira ou avec n'importe quel autre Dragon. Un vrai charmeur. Bien peu ont réussi à lui résister. »

« Comment était Saphira ? » lui demandai-je.

Il sourit de nouveau.

« Comme n'importe quelle Dragonne. Fière. Imbue d'elle-même. Arrogante. Ironique. Sarcastique. Et en même temps, je n'ai jamais connu Dragonne plus obéissante et respectueuse de ses Ainées qu'elle. Elle aimait follement son Dragonnier et Brom lui rendait cet amour au centuple. Il ne voyait qu'elle. Il aurait dû devenir fou à sa mort mais c'est presque tout le contraire qui s'est produit. Il est devenu plus dur, plus fort, plus rusé, plus... Tout était déjà là avant mais il a fallu la mort de sa Saphira pour que... »

Il ne finit pas sa phrase. Il semblait triste.

« T'entendais-tu bien avec Saphira ? »

A demi-mot, Morzan m'avait dit avoir eu le même Maître que Brom et Brinsingr avait confirmé cette information.

« Avec moi, il n'y avait aucun problème mais... Mais Saphira ne pouvait pas voir Morzan en fairth. Elle détestait la manière dont Brom s'écrasait devant mon Dragonnier. Elle a toujours détesté Morzan. C'était le seul point de discorde qui existait entre elle et Brom. »

Un léger voile passa dans les yeux de Brisingr.

« Elle aimait follement son Dragonnier et Brom lui rendait cet amour au centuple. Il ne voyait qu'elle... »

« Brisingr. » appelai-je doucement pour qu'il ne perde pas pied.

Il secoua sa lourde tête comme s'il voulait s'éclaircir les idées puis son regard de feu se posa sur moi. Le voile avait disparu... Pour le moment.

« Tu as changé. » me dit-il.

Je passai la main dans mes cheveux courts. J'avais un peu, très peu, accélérer leur repousse. Je ne voulais pas dépenser autant d'énergie pour une simple question de coquetterie.

« C'était pour ma mission. » déclarai-je.

« Je ne parlais pas de ça. »

Il baissa la tête pour me renifler puis il la releva. Il souffla. Quelques flammes dansèrent dans l'air et éclairèrent le plafond de la grotte pendant un court moment.

« C'est plus profond que ça. Tu as changé Selena. »

Je ne sus pas quoi répondre. .

« Il est rare de t'entendre m'appeler seulement Selena. » murmurai-je.

D'habitude c'était Selena-Main-Noire ou Selena-Compagne mais le plus souvent, il me nommait « Compagne de mon Lié ».

« J'ai d'autres noms qui pourraient convenir maintenant mais tu n'es pas encore prête à les entendre. »

Il ferma les yeux.

« Il arrive. »

Il les rouvrit.

« Il est venu me voir pendant ton absence. Parfois pas très longtemps mais tous les jours il se réservait un peu de temps pour moi. »

Je me retournai. Le Changement était là.

Comme à peu près chaque jour depuis le départ de Selena, je m'étais réservé un instant pour aller voir le Dragon de Morzan. Parfois je ne restais que quelques minutes avec lui. C'était lorsqu'il n'était pas en état de me répondre. A d'autres moments, je passais une bonne partie de l'après-midi avec lui.

Une étrange danse s'était instaurée entre nous deux. Il y avait trop de chose entre lui et moi pour que nos conversations ne soient pas emprunte d'un certain embarras. Nous faisions tout notre possible pour éviter d'aborder certains sujets sensibles mais comme nous passions tout notre temps à parler d'un temps dont nous étions les seuls à nous rappeler, ces sujets-là étaient toujours très proches de nous. C'était à nous de faire en sorte qu'ils ne se mettent pas entre nous.

Nous n'étions pas ennemis. Nous n'étions pas non plus amis. Nous n'étions que deux anciens Combattants qui ne s'étaient pas battus dans le même camps. Nous n'avions en commun que deux solitudes que nous voulions voir disparaître pendant un instant.

Elle m'avait dit être de retour bientôt. Je ne pensais pas que cela serait aussi tôt.

Selena était revenue et sa première visite avait été pour le Dragon. Ce dernier avait dit qu'elle aurait été plus heureuse si elle avait été Dragonne. De mon côté, je pensais que si les temps avaient été différents, elle aurait sans doute fait partie des nôtres.

En la voyant, je pris aussitôt un air inquiet que je ne cherchais même pas à masquer. Il n'était plus temps pour nous deux de porter des masques.

Elle était plus pâle, plus mince. Avait-elle été malade ? Et ses cheveux... Sa longue crinière brune avait disparu. Ses cheveux étaient courts. Quelques épis rebelles se dressaient fièrement sur son crâne.

Que s'était-il passé ?

Je me souvins enfin de ce que m'avait raconté ma prétendue sœur. La femme qui devait être la Main Noire avait été condamnée pour avoir libérer des esclaves. Je comprenais mieux maintenant. Ses cheveux étaient aussi courts parce qu'on avait dû les lui raser. Elle n'avait pas été malade. Elle n'était juste pas encore tout à fait remise des coups de fouet qu'elle avait reçu. Elle était donc prête à aller aussi loin ? Juste pour lui.

Je m'approchai d'elle. Je levai la main pour la passer tendrement dans ses cheveux courts. Ma main finit son chemin sur sa joue.

Je me rendis enfin compte de ce que j'étais en train de faire. Je voulus retirer ma main.

Elle la retint.

Il passa la main dans mes cheveux. Je ne l'en empêchai pas. Puis il posa la main sur ma joue. Il voulut presque aussitôt la retirer. Ceci, je l'en empêchai.

Je fermai les yeux.

Comme Morzan, il avait la main calleuse mais ce n'était pas le même type de cals. Le Parjure maniait l'épée tandis que le Dragonnier utilisait la pelle et la pioche. Après tout, ici, il n'était qu'un simple jardinier.

« Je suis désolé, murmura-t-il.

-Tu n'y es pour rien, répondis-je. Je connaissais les conséquences. »

Je lâchai sa main. A mon grand plaisir, il ne la retira pas tout de suite.

« Ça te va bien, tenta-t-il.

-Non c'est faux mais c'est gentil de le dire. »

Sa main quitta enfin ma joue. Elle me manqua aussitôt.

Je retirai ma main à regret.

Je n'avais pas menti lorsque je lui avais dit que cela lui allait bien.

« Ç a ne risque pas de lui plaire. » intervint alors le Dragon du Parjure.

Selena et moi, nous tournâmes vers lui.

« Il devra bien s'y faire. » répliqua-t-elle en haussant les épaules.

Le Dragon se mit à rire. Ce rire était vraiment malicieux comme si... Comme s'il était le seul à savoir quelque chose.

« Tu as changé Selena. » dit-il.

Elle haussa de nouveau les épaules. Je la regardai. Non, ce n'était pas possible. Je posai ensuite les yeux sur le Dragon. Nos regards se croisèrent. La question que j'étais en train de me poser me brûlait les lèvres mais Selena était là. Je ne pouvais pas poser cette question devant elle. Plus tard, lorsque nous serions seuls lui et moi, je le ferai. Plus tard, j'oserai lui demander si mon hypothèse était la bonne.

Je regardai de nouveau Selena. J'aurais voulu lui demander ce qu'elle avait à me dire mais je n'osai pas le faire.

Un silence gêné s'installa.

Le silence venait de surgir et il ne semblait pas prêt de nous quitter. Brom semblait mal à l'aise. Je l'étais également. Le message que je lui avais envoyé via le parchemin ensorcelé se dressait maintenant entre nous. Il devait mourir d'envie de me demander ce que j'avais à lui dire comme je brûlais d'envie de lui faire part de ma décision. Mais ce n'était pas encore le bon moment. J'avais quelques petites chose à faire avant. J'avais des adieux à donner.

Murtagh...

Si j'acceptais mon destin, il n'y aurait pas de retour possible.

« Ton voyage s'est-il bien passé ? » Finit par me demander Brom.

Une banalité.

« Comme tous les voyages. »

Le silence. Il fut bientôt troublé par un soupir d'ennui provenant de Brisingr.

« Les humains je vous jure... »

Nous le regardâmes. Il soupira de nouveau.

« Vous êtes si compliqués... »

Je choisis de l'interrompre avant qu'il n'aille plus loin. S'il commençait une diatribe contre les humains, nous allions en avoir pour des heures de discours.

« Quand revient-il Brisingr ? »

Le Dragon ne répondit pas tout de suite.

« Je ne sais pas vraiment. Bientôt. Les Vardens qu'il poursuivait se sont échappés. Il sera d'une humeur massacrante à son retour. »

Je vis Brom sourire. Il sentit mon regard posé sur lui.

« Désolé mais je ne peux que me réjouir d'une telle nouvelle. »

Je regardai Brisingr.

« Informe-le de mon retour. Dis-lui que le libérateur d'esclave est mort et que le calme est revenu à Dras-Leona. Je lui dirais le reste à son retour. »

Le Dragon inclina la tête pour signifier son accord. Mon regard alla ensuite de Brom à Brisingr.

« Je vais vous laisser. Le Domaine m'appelle. »

Selena nous laissa. Je n'ignorais pas qu'elle dirigeait le Domaine. La Compagne de Morzan était souvent souffrante mais dès qu'elle allait mieux, les Jardins retrouvaient leur Dame. Autrement dit, quand elle n'était pas en mission, elle s'occupait de la gestion du Domaine.

J'attendis une bonne dizaine de minutes. Je voulais être certain de son absence avant de poser la question qui occupait mon esprit au Dragon de Morzan. Lorsque je me tournai vers lui, je remarquai aussitôt son air goguenard.

« Elle a changé. » lui dis-je.

Il acquiesça.

« Jusqu'à quel point ? » demandai-je.

« Selena-qui-change-et-doute n'est plus. Elle a choisi. »

« Qu'a-t-elle choisi ? »

« Ce n'est pas à moi de te le dire Argetlam »

Un silence.

« Et puis tu poses les mauvaises questions Argetlam. Ce n'est pas ce qu'elle a choisi qui devrait t'intéresser mais plutôt qui. »

...

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