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Un capharnaüm dans ma tête
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30 août 2010

La Main Noire et Le Dragonnier (chapitre 20)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 20 : Le Baiser


Nous devons nous voir. Nous devons encore parler. Je sais que tu ne peux pas te libérer de tes obligations de la matinée. Nous nous verrons donc cette nuit, au même endroit qu'hier, sous l'arbre.

Rassure-toi, la Garde ne viendra pas la nuit prochaine faire une visite au dortoir. Notre entrevue pourra donc donc durer autant de temps que nous le voulons.

.

Je ne dormais pas. J'écoutai la respiration paisible de Morzan endormi tout en pensant à un autre homme, à un autre Dragonnier... Et au baiser que nous avions échangé. Ce n'était qu'une supercherie et nous y avions tous deux mis bien trop d'ardeur. Le baiser avait d'abord été maladroit puis il était devenu très vite plus passionné, plus affamé... Si nous nous étions écoutés, il n'aurait pas eu de fin... Ou il aurait mené à beaucoup plus.

Ce n'était que lorsque l'autre jardinier avait toussoté que nous nous étions séparés l'un de l'autre à bout de souffle.

Je me redressai. Appuyée sur un coude, je regardai Morzan. J'avais tellement aimé cet homme et ceci ne semblait qu'un lointain souvenir. On aurait dit une autre vie.

Le Dragonnier se retourna. Ses paupières découvrirent pendant un court instant ces yeux vairons.

« Selena... » murmura-t-il d'une voix endormie.

Je posai la main sur sa joue. Ce geste n'était plus aussi naturel qu'avant.

« Tu ne me trahiras jamais ? »

Je déglutis.

« Jamais.

-Promet-le moi. »

Un silence.

« C'est promis. » murmurai-je.

Mais il était déjà trop tard.

Il se rendormit.

Le dortoir attendait la visite de la Garde. Beaucoup étaient endormis tandis que je rêvais tout éveillé. Je pensais à Selena... Et à notre baiser. Tellement faux tout en étant tellement vrai.

« Elle est mignonne. » entendis-je soudain murmurer.

La couche de Johan était voisine de la mienne.

« Comment l'as-tu rencontré ? »

Silence.

«Tu dors pas Eragon. Je le sais. »

Je soupirai.

« Dans une allée. Un matin. En allant à mon atelier. »

Ce souvenir était encore si frais dans mon esprit mais comme n'importe quel souvenir il finirait par faner. Je voulais qu'il reste aussi vivace qu'aujourd'hui. Peut-être devrais-je en faire un fairth ?

« Je ne sais pas comment elle a fait mais elle a l'air d'avoir trouvé un moyen d'entrer dans les Jardins, mentis-je. Depuis ce jour, je la vois chaque matin.

-Comment s'appelle-t-elle ? »

Le nom me vint spontanément aux lèvres.

« Marianne.

-Tu l'aimes ? »

Je préférai garder le silence. Johan se mit à ricaner.

« Tu t'es déclaré ? »

Toujours pas de réponse. Son rire amplifia.

« Fais attention. C'est un joli brin de fille, je pourrais bien te la piquer. »

Je me retournai et l'ignorai. Son rire continua de me poursuivre pendant un instant puis il finit par s'éteindre.

Je m'endormis en pensant au baiser de la Main Noire.

Comme la veille, j'étais allée voir Murtagh mais je restai avec lui moins longtemps que le jour précédent. J'avais un rendez-vous. Je devais voir Brom.

La nuit n'était pas encore tombée quand j'arrivai à l'arbre qui serait encore une fois le témoin de notre rencontre.

Brom était déjà là. Assis par terre, le dos contre le tronc. En train de fumer sa pipe.

Il avait le masque d'Eragon.

J'arrêtai mon cheval et je mis pied à terre. Il se leva pour me saluer.

Nous restâmes debout l'un en face de l'autre pendant un long moment, incapables de savoir comment nous saluer convenablement.

Je pensais à notre baiser de la veille. A mon amour pour lui. J'avais envie de retrouver le goût de ses lèvres mais ce n'était pas le bon moment pour ça.

Y pensait-il aussi ?

Je ne cessais de fixer ses lèvres. J'essayais pourtant de détourner les yeux mais ils ne cessaient d'y revenir.

J'avais envie de ses lèvres. Je voulais un nouveau baiser. Un vrai baiser.

Mais je n'étais pas là pour ça. Je serrai donc la bride à mes désirs et je la saluai enfin.

« Bonsoir Selena. »

J'avais la gorge sèche. Ma voix était plus rauque que d'habitude. Par tous les Dieux des Nains, j'étais en train de me comporter comme un adolescent alors que j'étais un homme fait depuis longtemps !

Elle inclina simplement la tête pour me rendre mon salut puis elle alla s'installer à la place que j'occupais un peu plus tôt, contre l'arbre.

Je la regardai s'installe. Sa robe en corolle autour d'elle. Elle prit un air agacé quand le tissu se prit entre quelques ronces qui se trouvaient tout prêt. D'une main vive, elle le décrocha sans y faire le moindre accroc.

Je m'arrachai avec peine de la contemplation dans laquelle je venais de plonger. Je crois que je n'avais jamais prêté autant d'attention à une femme. J'observai le moindre de ses gestes. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. J'aurais voulu le faire à sa place. J'avais tellement envie de la toucher et en même temps... C'était un tel délice de me contenter de l'admirer.

C'est un petit rire moqueur qui me permit de m'arracher tout à fait au spectacle délicieux que j'avais sous les yeux.

Je remerciai mentalement Saphira. Je crus entendre une réponse mais ce n'était qu'un murmure d'un souvenir oublié.

Je m'installai en face d'elle. Je me mis à observer les alentours pour ne pas me perdre une nouvelle fois dans des délires qui n'étaient plus de mon âge.

Il ne s'était pas assis à côté de moi. Avait-il cru qu'il ne devait pas ? Je n'aurais sans doute pas dû étendre ma robe ainsi autour de moi...

Je levai les yeux au ciel à cause de ses pensées incongrues. J'étais femme depuis longtemps et cet homme n'était qu'un homme que j'avais échangé un baiser de comédie. Il y en avait eu d'autres. Pourquoi me mettre dans des états pareils ? Mieux valait ne pas compliquer les choses. Notre relation l'était déjà bien assez comme ça.

« As-tu réfléchi à mes conditions ? » lui demandai-je.

Il cessa enfin d'observer le paysage pour poser les yeux sur moi.

« J'y ai pensé et je suis d'accord. » me répondit-il aussitôt.

Elle avait changé de nom. Elle l'avait trahi mais je comprenais son point de vue. Elle ne lui tournerait pas complètement le dos. Cela aurait dû me déplaire ou me rendre soupçonneux mais j'avais confiance en elle. Ce n'était pas des paroles en l'air.

« Nous devons trouver un autre endroit pour parler. » lui fis-je remarquer.

Elle acquiesça.

« J'aimerais que nous nous voyons toutes les demi-lunes, au moins, répondit-elle, afin de faire le point. Si j'ai quelque chose d'important à te dire, quelque chose qui ne peut pas attendre, je t'enverrais un message avec le lieu et l'heure du rendez-vous. »

Je n'étais pas d'accord.

« Je choisirai l'heure et le lieu.

-Pourquoi ?

-Parce que j'ai un rôle à tenir Selena. Tu ne pourras plus me donner le moindre renseignement si je me suis fait renvoyé pour m'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. » répliquai-je.

Elle ne répondit pas.

« De plus, si je te réponds, cela voudra dire que j'ai bel et bien reçu ton message. Nous devrions aussi convenir d'un code. Il y a peu de chance que le parchemin tombe en de mauvaises mains mais je préfère me montrer prudent. »

Elle devint pensive.

« Un signe distinctif plutôt qu'un code, proposa-t-elle. Un code peut toujours être décodé. »

Je n'étais pas convaincu.

« Un signe distinctif peut être imité, contrai-je.

-Je comptais signer mes messages avec des noms différents mais puisque tu veux me donner l'heure et le lieu du rendez-vous, je t'écrirais de longue lettre. Tu prétendras qu'elles viennent de ta famille. Ainsi tu sauras que je veux te voir. »

L'idée semblait astucieuse.

« Je coderais mes réponses, déclarai-je.

-Quel code ? Demanda-t-elle après avoir poussé un léger soupir.

-Je ne sais pas encore. Nous devons nous voir de nouveau pour que je te le dise.

-J'ai le droit de voir Murtagh pendant encore quelques jours. » m'informa-t-elle.

J'en pris note. J'avais donc quelques jours pour trouver un code et lui en parler et ce serait la dernière fois que cet arbre serait le témoin de nos rendez-vous.

Il restait encore une chose.

« Où nous retrouverons-nous toutes les demis lunes ? »

Je souris.

« Je connais un endroit discret et ça ne sera pas un problème pour toi d'y aller, lui dis-je. Nombre de jardinier s'y rendent. Des hommes qui ne sont entourés que par des hommes ont parfois besoin d'un peu de compagnie féminine. »

Il comprit ce que je voulais dire.

« Le bordel de Cwene. » murmura-t-il.

Cwene était une petite ville qui se trouvait à une petite heure à cheval du Domaine. Tout comme moi, il semblait savoir que certains jardiniers s'y rendaient fréquemment.

« Et toi, comment justifieras-tu tes allers et venus là-bas ?

-Je m'y rend assez souvent quand je ne suis pas en mission. Les clients ne sont pas que des jardiniers et c'est fou ce que les hommes sont capables de confier à un amant ou une maîtresse sur l'oreiller. «

Je le vis hochai la tête d'un air entendu.

Nous étions arrivés à un accord. Bien sûr, nous devions encore arrangés quelques petites choses mais nous avions avancés.

Je me levais, mettant ainsi fin à la conversation. Il fit de même.

Comme au début de cette rencontre, nous nous tenions maintenant l'un en face de l'autre sans savoir quoi dire. Trouverons-nous un jour un moyen de parler d'autre chose que de meurtres, de trahison et de conspiration ?

...

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