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Un capharnaüm dans ma tête
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6 septembre 2010

La Main Noire et Le Dragonnier (chapitre 21)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 21 : Le Bordel de Cwene


Je me trouvais au lieu de notre rendez-vous et ce n'était même pas moi qui avait décidé d'y aller... Enfin, pas vraiment. En fait, j'avais réussi à faire croire à Johan que la jeune femme qu'il avait vu ne voulait plus de moi. J'avais joué les hommes inconsolables et Johan avait fait part de ma peine à quelques uns de nos compagnons du dortoir. Mes amis avaient alors décidé de m'emmener ici pour me consoler de la perte de cette donzelle.

J'avais vu des dizaines d'endroits de ce genre. Que ce soit ceux des grandes villes ou ceux des pires bouges d'Alagaësia. Peu importait le luxe et les dorures, peu importait les chambres miteuses, on trouvait toujours la même chose. Des filles plus ou moins jeunes. Des garçons aussi parfois mais c'était plus rare. On mélangeait rarement les prostitués de sexe différent dans une même maison.

Le bordel de Cwene était typique d'une petite ville. Pas trop miteux. Un peu luxueux. Un bon choix de filles. Quelques garçons aussi.

Mes camarades n'étaient pas ivres mais ils étaient tout de même assez joyeux. Quelques verres de plus et les filles n'auraient pas grand chose à faire pour gagner leur salaire.

Je n'avais que très peu bu contrairement à ce que croyaient les autres. Je devais avoir les idées claires pour ma rencontre avec Selena.

« Alors Eragon, tu veux laquelle ? On te l'offre. » me demanda Johan en passant un bras autour de mes épaules.

Une demi-douzaine de filles se trouvaient devant nous. Certaines assisses. D'autres non. Toutes dans des positions plus ou moins lascives. Selena pouvait être l'une d'elle. Elle m'avait dit qu'il lui arrivait de se mêler à ces femmes... Toujours pour les mêmes raisons... Obtenir des informations ou tuer.

Une jeune femme aux boucles brunes, aux épaules nues et à la jupe largement remontée sur le côté gauche me fit un discret clin d'œil.

« Elle. » dis-je en la montrant du doigt.

Leur gardienne me lança un regard irrité. Elle regarda la fille que je venais de choisir. Cette dernière lui fit signe que tout irait bien.

Elle s'avança. En passant près de leur gardienne, elle lui glissa quelques choses à l'oreille qui la fit rire.

Arrivée près du groupe de jardinier, elle se pressa contre moi. Elle se hissa sur la pointe des pieds et chuchota à mon oreille.

« Suis-moi. »

Elle avait gardé la même voix. Le clin d'œil était bien un signe.

Elle ne s'était pas encore éloignée de moi. Sa bouche était toujours près de mon oreille. Je sentis bientôt ses dents fines sur le lobe qu'elle mordilla.

Un frisson me parcourut l'échine.

Elle s'éloigna et me regarda dans les yeux, un sourire malicieux aux lèvres. Elle pris mon bras.

« Allez. Viens. »

La voix avait changé. Ce n'était plus celle de Selena.

J'entrai par la petite porte. Jamais par la grande. La grande était réservée aux clients. La petite aux employés et je faisais plus souvent partie de la deuxième catégorie que de la première.

Galh m'accueillit comme à son habitude. C'était une femme assez fluette. Elle n'avait rien de la femme imposante qu'on s'attendait à trouver en tenancière de lieux de plaisir mais elle tenait sa maison close d'une main de fer.

« Nous ne t'avons pas vu depuis longtemps Nyss. »

Pour elle, j'étais Nyss, espionne de Morzan, notre maître à toutes deux. Bien qu'à un moindre degré, elle était un de ses pions, tout comme moi et il en avait plusieurs autres comme elle à travers toute l'Alagaësia. Ainsi que je l'avais dit à Brom, les hommes font parfois beaucoup de confidences sur l'oreiller...

« Le Maître m'avait envoyé en mission, répondis-je. Tu as du nouveau pour moi ?

-Rien de bien probant. »

Elle m'observa attentivement.

« Tu as été malade ? Tu as maigris. »

Il y avait des choses qu'on ne pouvait pas modifié... Même lorsque l'on se grimait à l'aide de l'Ancien Langage.

« Ma mission. »

C'était tout ce que je pouvais lui dire et elle le savait bien.

« Tu te mêles aux filles ce soir ?

-Si tu m'en donnes la permission.

-C'est toujours un plaisir de t'avoir parmi nous. »

Nous discutâmes pendant encore quelques minutes puis j'allais à l'une des chambres pour me changer. A peine avais-je revêtu mon nouveau déguisement qu'on me fit appeler. Des clients étaient arrivés. C'était Eragon en compagnie de quelques autres jardiniers. Le plan de Brom avait donc fonctionné.

Discrètement, je lui fis un clin d'œil. Un léger sourire surgit brièvement sur ses lèvres.

C'était moi qu'il voulait.

Galh me lança son regard habituel. C'était toujours ainsi qu'elle me regardait dès qu'un client me désignait. Je lui fis signe qu'il n'y avait aucun problème. Bien sûr, elle ignorait que la plupart des clients que je recevais ne me touchait pas. Un mot et je les envoyais à un endroit où ils feraient de doux songes. Quelques phrases et je m'assurais que leurs rêves étaient à la hauteur de ce qu'ils voulaient en venant ici.

Je m'approchai du petit groupe. En passant à côté de Galh je lui glissai à l'oreille que vu l'état d'ébriété de ce brave homme l'affaire serait rapidement terminée. Cela la fit rire. J'allais ensuite vers Brom et je me collai contre lui. C'était bien sûr parce que je devais me conformer à mon rôle. Pas parce que j'en avais terriblement envie. C'est aussi pour cette raison que je m'autorisai cette petite fantaisie. Je le pris ensuite par le bras et je le menai à l'une des chambres.

La chambre était petite mais propre. Selena semblait la connaître. A peine étions-nous entrer qu'elle se rendit dans la pièce adjacente. Je restai dans la chambre. Je m'assis sur le lit. Selena ressortit quelques minutes plus tard... Sous son vrai visage et dans sa tenue noire. Elle avait plusieurs rouleaux de parchemin à la main. Elle alla les poser sur la petite table qui se trouvait devant une minuscule cheminée puis elle s'approcha de la porte afin de vérifier si elle était bien fermée. Elle revint ensuite à la table et elle me fit signe d'approcher. J'allai à ses côtés.

« Qu'est-ce que c'est ? Lui demandai-je.

-Quelques cartes. » répondit-elle.

Elle déroula les parchemins.

« Je sais où stationnent ses troupes ainsi que celles de l'Empereur. »

Elle me montra plusieurs points sur la carte. Je les mémorisai immédiatement.

« Il y a du parchemin vierge et une plume dans la salle d'eau, m'informa-t-elle. Si tu veux noter quelque chose, prend-les. »

Je déclinai l'offre. Un parchemin pouvait toujours tomber dans d'autres mains que les miennes. Je préférai faire confiance à ma mémoire. Je le lui dis. Cela la fit sourire.

« J'ai autre chose à te montrer. »

Elle posa son index sur la carte. Je m'approchai un peu plus. Nous étions épaule contre épaule. Je me penchai pour mieux voir quel était l'endroit qu'elle était en train d'indiquer. C'était dans les montagnes des Beors, près de Buragh.

« Ils pensent que vous êtes là. Ils ont envoyé quelques hommes en éclaireurs. D'autres devraient bientôt les rejoindre.

-Combien ? »

Le chiffre qu'elle me donna n'était pas trop effrayant. Nous pouvions leur tenir tête sans trop de problème.

« Qui sera à leur tête ? »

Elle ne répondit pas. J'en tirai les conclusions qui s'imposaient.

« Que dois-tu faire pendant ce temps ? La questionnai-je.

-Je dois me rendre à notre frontière avec le Surda voir quelques garnisons. Vous auriez infiltré des espions là-bas et je dois les découvrir puis les tuer discrètement. »

Nous avions certainement quelques espions là-bas en effet mais j'étais parti depuis trop longtemps pour savoir leur nombre exact. Il fallait que je me renseigne avant son départ.

« Quand pars-tu ?

-Dans une lune au plus tard. »

Il fallait que je rende une petite visite à ma « sœur » pour en savoir plus à ce propos. Elle avait sûrement quelques oiseaux à sa disposition. Je pourrais ainsi prendre contact avec les Vardens.

« Je te dirais ce qu'il en est dans une demi-lune. » lui dis-je.

Elle inclina légèrement la tête.

« Eraaaagooooooon ! »

Nous nous entreregardâmes. Un coup à la porte suivit de près ce cri.

« Eraaaaaagoon ! »

J'avais identifié la voix. C'était celle bien plus qu'aviné de Johan.

D'autres clameurs la rejoignirent bientôt. Les autres jardiniers.

Nous n'arrivions pas vraiment à comprendre ce qu'ils disaient mais j'avais une certaine idée de la teneur de leur parole au vue des rires gras qu'ils émettaient de temps en temps.

« Cache les cartes. Je m'en occupe. »

Je lui obéis. J'emmenai les cartes dans la pièce adjacentes. Elle était minuscule et elle ne contenait qu'un petit placard, une vasque et un pichet d'eau ainsi que quelques linges pour s'essuyer. Je revins ensuite dans la chambre... Et je restai bouche-bée. Selena était... Elle ne portait maintenant qu'une fine chemise qui ne dissimulait guère ses charmes. Elle était courte et lui arrivait à mi-cuisse. Elle était aussi un peu trop grande pour elle, si bien qu'une de ses épaules était largement découverte.

Je la détaillai pendant un instant. Son corps était fin et musclé, ce qui n'avait rien d'étonnant. Elle était ce qu'elle était. Un assassin et un espion. Les quelques cicatrices que j'entrevoyais étaient également des preuves de sa condition... Et je savais que certaines n'étaient pas le souvenir d'un ennemi mais d'un amant et d'un compagnon.

Sois maudit Morzan pour avoir fait d'elle ta chose et pour l'avoir marquée ainsi !

Je profitai du départ de Brom pour me parer d'une tenue, ou plutôt d'une absence de tenue, un peu plus conforme à ma situation présente.

J'ouvrais la porte tandis que le Dragonnier revenait dans la chambre. Des rires gras m'accueillirent.

« Eragon a besoin d'aide ? Lança l'un d'eux.

-A moins qu'il n'ait besoin d'être remplacé. »

Un main se posa sur mon bras.

« Enlevez votre main tout de suite. » ordonnai-je d'une voix dure et glaciale.

Ainsi que je m'y attendais, ma demande suscita rires et quolibets. Je remontai légèrement ma chemise. Des sifflements surgirent puis se turent. Ils avaient vu le poignard attaché à ma cuisse. La main sur mon bras disparut.

Je sentis soudain un torse masculin, et indéniablement nu, se presser contre mon dos.

« Ne vous inquiétez pas. Je m'en sors très bien sans vous. »

Et il voulut leur en donner la preuve apparemment. Je sentis bientôt des lèvres sur mon cou. Quant à ses mains, elles n'étaient pas non plus inactives.

Le premier instant de surprise passé, je me laissai aller pendant un court instant puis je repris le dessus. Je refermai brusquement la porte et je m'éloignai rapidement de Brom.

« Il ne faut pas. » dis-je simplement.

Je n'étais pas idiote. J'avais très bien compris ce qui se passait entre nous. Lui aussi certainement. Nous ne devions pas nous rapprocher l'un de l'autre plus que de raison. Nous ne devions rester que des associés, des partenaires. Pas des amants. L'amour compliquerait tout.

Son regard était triste. Je le vis soudain ouvrir la bouche. Je savais ce qu'il allait dire. Il ne devait pas le faire.

« Je t'aime Selena. »

...

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