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Un capharnaüm dans ma tête
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1 mars 2011

La Main Noire et Le Dragonnier (chapitre 23)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 23 : Les larmes de la Main Noire


Eragon,

 

J'envoie cette lettre à ta sœur même si elle t'est adressée. Il parait qu'elle a fini par te retrouver mais je ne sais si elle te parviendras.

Te souviens-tu de moi ? Sans doute pas. Moi, je ne t'ai jamais oublié. J'aurais difficilement pu le faire de toute façon.

Te souviens-tu de notre première rencontre ? Au milieu d'une mer de fleur, chez ton père. Le soleil commençait à descendre. Un léger vent s'était levé et faisait osciller les fleurs.

J'avais pris une rose. Elle était blanche. Je l'avais cueillie pour ma mère. Tu m'avais laissée partir mais tu m'avait dit de ne pas recommencer, que la prochaine fois, je tomberais peut-être sur ton père et qu'il ne serais pas aussi indulgent que toi.

Nous n'étions encore que des enfants.

Nous ne nous sommes revus en grandissant. De plus en plus souvent. De plus en plus proches...

Te souviens-tu de moi maintenant ?

Et tu es parti. Tu m'as laissée seule... En me laissant un petit bout de toi.

J'ai entendu dire que tu ne voulais pas revenir ici même si ton père n'est plus là.

Eragon, j'ai besoin de toi et ce petit bout de toi que tu m'as laissé aussi. Ne voudrais-tu pas voir mon fils ? Ne voudrais-tu pas voir notre enfant ?

Cianna

(1)

Après l'enfant. Arbre. Demain. Crépuscule (2)

...

J'avais demandé une journée de congé afin de pouvoir rendre visite à « ma sœur ». Johan avait appuyé ma demande. Maintenant que je savais qu'il était un espion de Morzan, je me demandai pour quelle raison il avait fait ça. Me surveillait-il ?

Ma sœur s'était installée dans une villes voisines. Elle avait réussi à se placer comme domestique et elle était venue me rendre visite plusieurs fois au Domaine. C'était la première fois que je lui rendais la pareille.

Mes soupçons à propos de Johan se renforcèrent quand je me rendis compte qu'il avait lui aussi pris un jour de repos mais j'allais tout de même chez ma sœur. Il n'eut pas l'air de me suivre.

Ils m'avaient envoyé quelqu'un qui avait dû être formé par des mages et je les en remerciais intérieurement. Ma sœur était capable de tenir une conversation mentale et orale en même temps même si elle ne parlait que très peu. Elle n'avait pas mes capacités et mon expérience en ce domaine.

Pour un œil extérieur, nous parlions de la pluie et du beau temps, de la famille... Elle essayait toujours de me convaincre de rentrer tandis que je lui expliquais pourquoi je ne voulais pas. Mais intérieurement...

C'est ainsi qu'elle m'apprit que Hoelian, leur espionne à Dras-Leona était revenue saine et sauve et ils avaient rapidement découvert que sa mémoire avait été modifié. Ils cherchaient maintenant pourquoi.

Je savais...

Selena...

Ma sœur ne me demanda pas la raison de ma visite et la demande que j'étais venu lui faire la surprit. Avait-elle a sa disposition des oiseaux messagers ?

Oui, elle en avait quelques uns et elle me demanda pour quelle raison j'en avais besoin. Je ne lui répondis pas. Je me contentais de lui confier un message à transmettre aux Vardeens puis je lui ordonnai de me prévenir quand elle recevrait une réponse.

J'avais codé mon message. Elle n'était pas capable de le lire. Seuls les dirigeants des Vardens pouvaient savoir de quoi il était question dans mon message.

L'infiltration est réussie au-delà de mes espérances. Une garde a trahi par amour.

Elle doit bientôt partir pour la frontière afin de débusquer les espions que nous pourrions avoir dans les garnisons qui sont à notre frontière avec le Surda. J'ai besoin de leur nombre et de leur nom.

Morzan et ses troupes se dirigent vers Buragh. 50 hommes y sont déjà en éclaireurs.

 

MdA

(3)

J'attendais Selena près de l'arbre qui avait déjà été témoin de plusieurs de nos rencontres. Je lui avais donné rendez-vous ici car elle m'avait dit qu'elle devait allé voir son fils.

J'étais inquiet. La nuit était là depuis longtemps et Selena ne m'avait toujours par rejoint.

J'entendis soudain le bruit d'un cheval mené au grand galop. L'animal passa bientôt devant moi.

Je crus pendant un instant que le cavalier avait perdu le contrôle de sa monture mais je me rendis compte de mon erreur en voyant le cheval faire volte-face puis s'arrêter devant moi. L'instant d'après son cavalier était dans mes bras.

Selena pleurait et je ne savais pas pourquoi.

J'avais décidé de profité de l'autorisation de Morzan. J'allais ensuite voir Brom. L'arbre était encore une fois notre point de rendez-vous.

En arrivant à la maisonnette de la nourrice de Murtah, je trouvais la porte fermée. Il n'y avait personne dans le petit jardin.

Je frappai. La porte s'ouvrit à demi. Les traits tirés de la nourrice renforcèrent le soupçon d'inquiétude qui s'était emparé de moi et ce n'était pas les mots qu'elle prononça par la suite qui allait me rassurer.

« Partez ma Dame. Vous n'avez pas le droit d'être ici. »

Elle referma la porte. Je glissai mon pied dans l'entrebâillement. Je fis une légère grimace de douleur en sentant la porte cogner contre ma botte.

Le visage de la nourrice réapparut dans l'entrebâillement.

« J'ai le droit de venir le voir. Il m'a donné l'autorisation.

-Vous ne l'avez plus. »

Elle chercha à refermer la porte malgré la présence de mon pied. J'ignorai la douleur et je retirai rapidement mon gant avec les dents. Je posai ensuite la main sur la porte. Coupé de la terre, le bois mourait mais je sentais encore quelques étincelles de vie dans le bois de la porte.

« Aecyrftraevam, inlaetan eka un eka weohnata néiat haina ono. »(4)

La porte s'ouvrit violemment. La nourrice tomba à la renverse. J'entrai et courrai jusqu'à la chambre de Murtagh. Je me précipitai vers son lit et je restai figée.

Que lui avait-il donc fait ?

La responsable de ce bras enrubanné, de cette jambe placée dans une attelle... ça ne pouvait être lui.

Que lui avait-il fait ?

Je posai la main sur son petit front. Il était brûlant. Je prononçai quelques mots en Ancien Langage pour le soulager.

Il ouvrit difficilement les yeux.

« Mama ? » dit-il d'une petite voix enrouée.

Je le pris dans mes bras. Il grimaça puis il se mit à sangloter faiblement tout en essayant de ne pas le faire.

« Pas pleurer. Pas pleurer. Papa colère si pleurer. »

Je le serrais un peu plus fort contre moi. Il fallait partir. Nous enfuir. Échapper à cet homme, à ce monstre. Si nous ne partions pas, il allait finir par le tuer.

« Ma Dame, partez ! »

Je me retournai. La nourrice... Et deux hommes... Deux soldats de la garde personnelle de Morzan... Deux espions et assassins qui savaient en partie la vérité sur ce que j'étais.

« Laissez-moi passer.

- Vous devez laissez l'enfant ici.

-Pas question. »

Forcer le passage était peut-être suicidaire mais il n'était que deux après tout.

« Je vais t'emmener loin d'ici, murmurai-je à Murtagh en l'embrassant. Très loin d'ici. Tu pourras jouer autant que tu veux. Pleurer comme tu veux. Je resterais toujours avec toi. Nous resterons tous les deux. »

Je relevai la tête. Avec quelques mots d'Ancien Langage, je me débarrassai des deux hommes puis courrai dans la maison pour rejoindre l'extérieur. La nourrice ne bougea pas. Cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Dehors, dix hommes de la garde personnelle de Morzan m'attendaient. Je savais que tout était perdu mais je ne voulais pas encore m'avouer vaincue.

Elle pressa soudain ses lèvres sur les miennes. J'en écarquillai les yeux de surprise.

Tous ses murs mentaux étaient tombés/ J'appris ainsi ce qui venait de se passer. Je partageais son chagrin et sa colère et je n'avais pas dressé mes murs, je me serais certainement laissé submerger par ses émotions. Elle voulait oublier ce qui s'était passé. Elle voulait se perdre dans un instant de plaisir afin de ne plus penser à rien. Juste elle... Moi... Une étreinte... Du réconfort... De l'oubli...

Je l'éloignai de moi.

« Tu n'es pas dans ton état normal, lui dis-je après avoir repris mon souffle.

-Ne me laisse pas. Je t'en supplie. Ne me... »

Elle chercha encore une fois à m'embrasser. J'évitai le baiser en tournant la tête. Face à son échec, ses mains prirent le relais. J'agrippai ces poignets. Elle grimaça. Je la lâchai.

« Non Selena. Non. Pas comme ça. Pas alors que tu es dans cet état, tentai-je de la raisonner. Tu n'es pas dans ton état normal. Ce serait...

-C'est moi qui est en train de profiter de toi. Pas le contraire ! »

Elle était très douée pour transmettre ses émotions. Ses talents de télépathes semblaient supérieurs aux miens. Mes murs étaient en train de craquer.

Ce n'était même pas des mots. Juste des émotions brutes, pures...

Chagrin...

Désespoir...

Peur...

Désillusion...

Besoin... Besoin de réconfort... Besoin de moi...

Envie... Envie d'oublier... Envie de moi...

Plaisir...

Je la repoussai... Mentalement et physiquement ce qui la laissa à bout de souffle pendant un court instant.

Elle porta ensuite la main à son oreille. Le bout de ces doigts étaient rouge. Elle saignait. Mon attaque mentale avait été trop forte. Je l'avais blessée... Comme lui... Je n'osai plus la regarder dans les yeux.

« N'est-ce pas ce que tu veux ? »

Je levai la tête. Plus de larme. Un sourire séducteur. Elle s'approche de moi. Séductrice... Manipulatrice... Main Noire...

« N'est-ce pas ce que tu veux Brom, dit-elle en me caressant la joue et en m'envoyant des images de ce qui pourrait être. Tu me désire je le sais. Je le sens. »

Je la laissai discourir. J'étais figé, glacé. C'était la compagne de Morzan que j'avais en face... Ce n'était pas ma Selena. C'était de nouveau la sienne... Et cette femme-là, je ne pouvais pas l'aimer. J'aurais voulu pourtant parce qu'elle était aussi Selena mais cette part d'elle, je ne pouvais pas totalement l'accepter. Pendant un instant, je doutais de mes sentiments à son égard. Elle était la Main Noire. J'étais tout ce qui restait de la Confrérie.

Selena se figea. Elle s'éloigna de moi, me tourna le dos. Elle gardait le silence.

Ses murs n'étaient pas revenus. J'avais toujours accès à ses pensées. Elle avait perçu mon trouble. J'aurais pu aller plus loin mais je me refusai à le faire. Je n'avais pas le droit.

Je m'approchai d'elle et je le serrai dans mes bras.

Nous restâmes ainsi, enlacés, pendant un long moment.

« J'aimerais te dire les mots que tu attends, me dit-elle soudain, mais j'en suis incapable. J'aimerais pouvoir être celle que tu... »

Elle se tut.

« Mais ça ne serait plus tout à fait toi. » lui fis-je remarquer.

Doucement, je l'obligeais à se tourner vers moi. Elle refusa de croiser mon regard.

« Lufian eka. » (5)

Je penchai la tête.

Un baiser calme.

Plus aucune envie de lutter.

Juste être ensemble.

Juste elle et moi... Et ce qui était né entre nous.

Et l'arbre qui avait été le témoin de nos complots devint à ce moment-là celui de nos étreintes.

...


(1) Message de Selena à Brom.

(2) Message décodé de Brom à Selena

(3) Message décodé de Brom aux Vardens

(4) « Ce qui reste de l'arbre, laissez-moi passer et je ne te ferais pas de mal. »

(5) « Je t'aime »

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