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Un capharnaüm dans ma tête
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4 mars 2011

La Main Noire et Le Dragonnier (chapitre 24)

disclaimer : Rien n'est à moi. Tout est à Christophe Paolini.


Chapitre 24 : Les tourments de la Main Noire

.

« Brisingr. » murmurai-je.

Les flammes prirent possession du bois puis je me réchauffai tant bien que mal tout en jetant un léger coup d'œil à Brom. Le Dragonner était adossé à l'arbre, les yeux fermés. Dormait-il ? Le froid de la nuit ne semblait pas encore l'avoir pénétré.

Je fixai de nouveau mon attention sur la source de chaleur.

Brisingr...

Le feu...

Les Dragons...

Leur Dragonnier...

Mes Dragonniers... Deux feux différents... Ou le même avec différentes facettes ?

Je sentis un mouvement dans mon dos. Je me retournai à demi.

« Je suis trop vieux pour dormir à la belle étoile. » ronchonna Brom.

Nos regards se croisèrent. Une certaine gène s'installa. Je regardai de nouveau le feu.

« M'en veux-tu ? Lui demandai-je.

-Oui. Mais je m'en veux aussi. »

C'était quand même difficile à entendre.

« Tu regrettes ? » Me demanda-t-il.

L'honnêteté et la franchise. Il devait en être ainsi maintenant.

« Je ne sais pas.

-Moi non plus. »

Elle me tournait le dos. Je l'observai. Elle avait remis de l'ordre dans sa tenue. Ses cheveux courts en bataille étaient tout ce qu'il restait de notre étreinte.

Je ne regrettai pas ce qui venait de se passer en fait. Je regrettais la manière dont tout ceci s'était produit. Un arrière goût doux-amer. A la sauvette. Contre un arbre. Un amour qui ne pourrait jamais exister au grand jour et dont la Lune seule devait être le témoin.

Je m'approchai d'elle. Je m'assis derrière elle et la serrai dans mes bras. Elle se laissa aller contre moi.

En silence, nous observâmes tous deux le feu qu'elle avait allumé.

« Je pourrais t'aider à t'enfuir, déclarai-je soudain.

-Pas sans lui. »

Je m'en étais douté.

« Nous l'emmènerons avec nous et nous rejoindrons tous les trois les Vardens. Ils vous protégeront. »

J'essayai de m'en convaincre tout du moins. Mais si je la menais à eux, il ne fallait absolument pas qu'ils sachent ce qu'elle avait pu être.

« Et ta mission ? Lui demandai-je.

-J'aurais éliminé la Main Noire d'une certaine manière.

-Et ta vengeance ? »

Il ne répondit pas. De toute façon, sa réponse importait peu. Je ne pouvais pas partir d'ici. Je ne pouvais pas lui reprendre Murtagh. Il ne me laisserait jamais le faire et même si je réussissais... Il nous poursuivrait. Murtagh était son héritier. Le seul. Il ne le laisserait jamais s'échapper. La petite armée qu'il m'avait envoyée chez la nourrice en était bien la preuve. D'abord deux hommes... Puis des dizaines...

« J'ai choisi Brom. Il n'y a pas de retour possible. Autant profiter du temps qu'il me reste pour réparer mes erreurs de jeunesse.

-Le temps qu'il te reste ? »

Silence.

« Elle annonçait ta mort c'est ça ? »

Je ne répondis pas. Il soupira.

« Bien... Garde ce secret si tu le désires mais je te jure de faire en sorte que cette prédiction n'ait pas lieu. »

Le si sage Dragonnier se montrait bien naïf tout d'un coup.

« On est toujours naïf quand on aime, me fit-il remarquer.

-Je t'interdis de lire dans mes pensées.

-C'est toi qui laisse tes murs baissés. »

Je souris mais je redevins très vite sérieuse.

« Il y a des choses que j'aimerais... Mais c'est impossible. »

Il me serra un peu plus fort contre lui.

« Le peu que nous avons, nous nous en contenterons. » déclara-t-il.

Je souris tristement. Oui, nous devions nous en contenter... Le temps que ça durerait.

« Quand pars-tu ? » Me demanda-t-il.

Je ne répondis pas tout de suite.

« Je ne pars pas, finis-je par dire d'un ton résolu.

-Selena il va te...

-Je ne pars pas tant que mon fils est dans cet état ! M'écriai-je. Il peut m'interdire de le voir mais je ne le laisserai pas. »

Brom me regarda sans savoir quoi dire.

Elle prenait des risques. Trop de risques. Je le connaissais... Si elle se rebellait ainsi contre lui, il allait...

« Je suis sa Main noire, dit-elle tout d'un coup. Il ne peut pas me tuer. Il a trop besoin de moi. »

Quand bien même... Il avait beaucoup d'autres moyens de lui faire du mal.

Elle avait osé ! Il était surpris et furieux. Furieux car elle lui avait désobéi. Surpris car c'était pure provocation de sa part. Sa Main Noire elle-même était surveillée. Sa compagne devait bien s'en douter. Il allait tôt ou tard finir par savoir.

Peut-être espérait-elle que la distance et le temps adoucirait le punition ? Non, elle le connaissait aussi bien qu'il la connaissait. Le temps ne ferait qu'alourdir la peine... Mais ce qu'elle avait fait devait être puni immédiatement.

Heureusement il connaissait les moyens à utiliser pour voyager rapidement.

D'abord, il la priverait de l'enfant. Elle ne pourrait plus le voir. Plus jamais. Il serait trop loin d'elle pour qu'elle puisse l'atteindre. Mais si elle se repentait... Si elle réussissait ses prochaines missions avec brio, peut-être reviendrait-il sur sa décision. Peut-être seulement.

Mais il devait la punir encore plus durement que d'habitude. Cette résolution l'ennuyait cependant car elle allait le priver de sa Main Noire pendant un moment. Mais il n'avait pas d'autres solutions. C'était sa faute. Pourquoi lui avait-elle désobéi ainsi ?

Si elle ne lui avait pas désobéi... Si elle n'était pas restée au domaine... Il aurait été plus clément. Il lui aurait peut-être même pardonner les morts qu'elle avait causé dans leurs rangs...

Il lui avait laissé trop de liberté ces derniers temps. Il fallait rappeler à la Main Noire qui était son Maître à présent.

Où es-tu ?(1)

Je n'oublie jamais vraiment un client mais ton visage semble vouloir rester dans ma mémoire constamment. Je n'ai pas pu oublier totalement ton sourire, ta gentillesse, ta douceur... Ta tendresse...

Les autres... Les autres ne voient que mon corps et ce qu'ils vont en faire. Toi, tu es allé au-delà. Je t'en ai voulu d'abord. Pour pouvoir faire ce que je fais, mieux vaut n'être qu'un corps.

Je veux te revoir mais ne passe pas par la grande porte. Cette fois-ci, la petite est faite pour toi... Pour nous.

Nyss

J'étais inquiet. Elle m'avait laissé plusieurs semaines sans nouvelle. J'avais cherché à en avoir évidemment mais le château de Morzan gardait farouchement ses secrets. J'avais juste réussi à apprendre le retour du Parjure et ce retour avait rapidement était suivi par la pendaison de plusieurs de ses gardes. La raison de cette condamnation à mort... Je l'ignorais.

Je l'attendais devant la porte de service du bordel de Cwene. Elle n'était toujours pas là.

Quelqu'un frappa soudain, très discrètement, à la porte de mon esprit. Je tendis l'oreille.

Viens...

Le fil de pensée qu'elle m'avait envoyé me conduisit à une maison adjacente à la maison close.

La porte était ouverte. J'entrais.

Monte...

J'obéis.

Par ici...

J'arrivais à une chambre, éclairée par une unique bougie. Je réussis à distinguer une silhouette assise dans le fauteuil qui se trouvait à côté du lit. Elle se leva puis s'approche de moi en s'appuyant sur une canne.

Que lui avait-il fait ? Par tous les dieux des nains, comment avait-il pu oser...

« Assis-toi, ordonnai-je. Ne te lève pas ! »

Elle me regarda dans les yeux.

« C'était mon choix Brom. J'ai choisi de rester ici. Je connaissais les conséquences. Ne te sens pas coupable. »

Je voulus m'approcher, la prendre dans mes bras. Elle battit en retraire. Effrayée.

« Ne me touche pas. » lança-t-elle d'une voix désespérée.

Elle voulut retourner à son fauteuil. Elle vacilla. Je me précipitai à ses côtés pour l'aider. Elle eut un nouveau haut le corps. Je sentais sa peur. Au moment où je retirais ma main de son bras, elle eut l'air de se calmer un peu.

Un horrible soupçon m'effleura l'esprit. Il n'avait tout de même pas...

« Pardonne-moi. » dit-elle soudain.

Pardonne-moi d'avoir peur de toi, compris-je... Et la question me brûlait les lèvres mais je n'osais pas la lui poser. J'avais deviné l'un des tourments qu'il lui avait imposé.

Je n'eus pas besoin de demander. Les mots qu'elle prononça par la suite m'apportèrent la confirmation que j'attendais.

« C'est l'un des meilleurs moyens qu'il existe pour briser quelqu'un. Tu le sais bien. »

J'entrai dans une colère noire.

« Combien de temps ? »

Elle se recroquevilla sur elle-même.

« Combien de temps ? » répétai-je tout en tentant d'adoucir le ton de ma question.

J'échouai lamentablement.

« Le temps que la jalousie prenne la pas sur la colère. Je suis sa Main Noire... Sa compagne après tout. »

Les gardes... Voilà donc la raison de leur mort.

« Où est-il ? »

Où est-il que je le tue...

« Brom... » murmura-t-elle.

Elle plongea son regard dans le mien.

« Tu ne peux pas le tuer. Pas maintenant. Pense à Brisingr. Il est le dernier. »

Au fond de moi, je savais tout ça mais le tuer était tout ce que je voulais pour le moment. Le voir mort et savoir qu'il ne pouvait plus lui faire de mal... C'était tout ce que je désirais.

« Il faut continuer ce que nous avons commencer.

-Selena... »

En serait-elle capable après...

« Raconte-moi ! » dit-elle soudain.

Je ne comprenais pas.

« Emmène-moi ailleurs... Au temps où les Dragons parcouraient la Terre et les Cieux. »

Elle ferma les yeux.

« Emmène-moi loin d'ici pendant un instant. »

Je m'assis à ses côtés tout en faisant attention à ne pas la toucher. Elle finirait par me laisser le faire de nouveau mais je devais laisser faire le temps. Pour le moment, je devais juste être présent et l'emmener loin d'ici ainsi qu'elle me l'avait demandé et j'allais continuer de le faire jusqu'au jour où nous pourrions nous éloigner vraiment du lieu de ses tourments.

...


(1) : Message codé de Brom à Selena

(2) : Réponse de Selena au message de Brom

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