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Un capharnaüm dans ma tête
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25 septembre 2009

Gardienne : chapitre 10

Chapitre n°10 : Traîtrise


Les jours suivants passèrent à une vitesse fulgurante. J'avais repris une vie à peu près humaine grâce à Vlad. A peu près humaine car malgré tout, je continuai à sortir la nuit pour tuer. La soif serait toujours là elle.

Je venais de fêter avec Vlad mon anniversaire de Vampire. Quatre mois déjà que j'avais été transformée. Quatre mois déjà que j'étais devenue une meurtrière. Vlad m'avait offert pour l'occasion une chaîne en argent avec un pendentif représentant un petit démon. Je lui avais dit :

«Habituellement, on n'offre pas ce genre de pendentif. Un démon ! Ce serait plutôt un ange mon chéri.

-Les anges peuvent être si ennuyeux. Ils sont beaucoup trop parfaits et toi, tu tiens plutôt du démon…

-Que veux-tu dire par là !» avais-je répliqué.

La discussion s'était terminée dans le lit de Vlad.

J'avais repris une vie humaine parce que je n'avais pratiquement plus aucun contact avec le monde vampirique. Reine m'écrivait de plus en plus rarement. J'en étais même venue à penser qu'elle et Misha m'en voulaient d'avoir conclu un pacte avec le Clan. J'ignorais si c'était le cas. Mais ce fut l'une des lettres de la Vampire qui me rappela soudain les fonctions et les attributions que j'avais reçue en devenant Gardienne. Le marché avait été rompu. Un chasseur du Clan avait tué un Vampire deux nuits avant mon anniversaire. J'entrais aussitôt dans une colère froide dont Vlad n'arriva pas à me faire sortir. Mon instinct de Gardienne réclamait vengeance. Je ne pouvais pas y résister. Après avoir tendu la lettre de Reine à Vlad, j'enfilai mon long manteau en cuir puis je sortis en trombe de l'appartement du jeune homme. Cela ne va pas se passer comme cela !

«Où vas-tu ? Me cria Vlad.

-Voir tes supérieurs.» répondis-je d'un ton glacial.

Je lui en voulais à lui aussi d'une certaine manière. Il faisait partie du Clan.

L'un des bâtiments principaux qui abritaient leurs locaux ne se trouvait pas très loin de notre immeuble. J'y fonçai en quatrième vitesse. Oh non ! Cela ne va pas se passer comme cela ! Ils allaient m'entendre. Vlad réussit à me rattraper dans les couloirs.

«Qu’est-ce que tu vas faire ?» me demanda-t-il.

A ton avis !

«Demander des explications mon cher.

-Mais qui te dit que le Vampire ne s'est pas attaqué à ce chasseur !»

Je m'arrêtai net. Comme avait-il osé dire cela ? Je me tournai vers Vlad. Mon ton se fit encore plus glacial.

«Répète ce que tu viens de dire.» ordonnai-je.

Vlad recula mais il ne put m'échapper. Ma main se saisit de son cou puis je le poussai contre le mur. Vlad ne pouvait faire aucun mouvement. Peut-être pour la première fois, il devait se rendre compte de ma force. Je serrai de plus en plus. Cela m'importait si peu de le tuer. J'étais dans un tel état. Ma colère me guidait et peu m’importait ceux que j'aimais, la colère était la plus importante. Le besoin de vengeance aussi.

«Répète ! Criai-je.

-Ahélya ! Tu m'étrangles.» réussit-il enfin à dire.

Il n’était pas important. Ce n'était pas lui que je voulais tuer. Je le laissai tomber par terre et poursuivis mon chemin. Les membres du Clan reculèrent effrayés à ma vue. Il faut dire que le spectacle devait être assez impressionnant. Des nuages noirs étaient apparus dans le couloir et un vent violent et glacial s'était mis à souffler sur mon ordre. Les éléments commencèrent à se déchaîner. J'utilisais tous les atouts que me conférait mon statut de Gardienne. La pluie succédait à la neige. La grêle à la pluie. Les éclairs et le tonnerre à la grêle. J'avisai soudain un employé qui avait eu l'imprudence de ne pas s'enfuir. Je l'approchai de moi grâce à une rafale de vent. Il avait si peur. Voilà pourquoi il était resté sur place. Cela ne devait pas être un homme de terrain. Il me semblait d'ailleurs l'avoir souvent vu dans la bibliothèque du Clan. Il sentait la terreur et il faut bien l'avouer… J'adorais cela. Je suspendis un nuage orageux juste au dessus de sa tête. Le pauvre homme… Je l'aurais presque plaint. Presque ! Je lui ordonnai :

«Parle. Dis-moi où il est ?

-Ahélya ! Arrête !» cria Vlad.

Il avait donc continué de me suivre. Je laissai l'employé et m'approchai de Vlad. Le jeune homme ne devint pas ma nouvelle cible. Malgré ma profonde envie de me venger sur lui, je voulais l'éloigner de tout cela, l'éloigner de ce que j'étais en train de faire.

«Reste en dehors de cela Vlad. »

Je me retournai. L'employé que j'avais menacé quelques instants plus tôt s'était enfin enfui. Je haussai les épaules. Cela m'importait peu. Je pouvais toujours en trouver un autre pour me renseigner. Je poursuivis donc mon œuvre de terreur. Ils allaient bien finir par me dire où il était. Je criai :

«Dîtes-moi où il est si vous ne voulez pas mourir !»

Un éclair fit éclater une porte… Des grêlons gros comme des œufs eurent le même effet sur une autre. Derrière ces portes, il y avait des gens, des employés du Clan mais cela m'importait si peu. Ils pouvaient bien mourir. Je m'en fichais totalement. Je sentais toujours l'odeur de Vlad. Mon amant était encore derrière moi mais il restait à bonne distance de mes pouvoirs. Ils ne voulaient pas me dire où il se trouvait. Après tout, cela ne faisait rien. J'avais un autre moyen de le savoir. Son odeur. Je me concentrai. J'hûmai l'air. Parmi les nombreuses odeurs que je percevais, je découvris enfin celle qui m'intéressait, celle de l'homme qui commandait le Clan. L'homme au front quelque peu dégarni et eux cheveux blanc que j'avais rencontré la première fois que j'étais venue ici. C'était lui que je voulais voir. Les éléments se calmèrent sur mon ordre. Mais les nuages noirs annonciateurs de mauvais temps étaient toujours là. Ils me suivaient comme mon ombre, une ombre que je n'avais plus depuis que j'étais devenue Vampire.

Je me guidai grâce à son odeur. J'arrivai enfin devant la porte du directeur du Clan. Les nuages semblaient frémir d'impatience. Ils n'étaient pas les seuls. Moi aussi, j'avais hâte que commence la confrontation. Avant d'ouvrir, j'écoutai ce qui se déroulait derrière cette porte. J'entendis un bruit de bouteille que l'on débouche puis un liquide qui coulait dans des verres. Apparemment, on fêtait quelque chose dans cette pièce. Pas le meurtre d'un simple Vampire tout de même. Non, il devait y avoir autre chose et je me demandai ce que cela pouvait être. Mais rien ne m'avait préparée à ce que j'entendis. Ce fut le directeur qui parla le premier :

«Buvons à notre réussite mon chez Hector.

-Croyez-vous qu'elle va comprendre monsieur ?

-Mais non… Elle n'a plus aucun contact avec d'autres représentants de son espèce… Et puis, elle est bien trop occupée par l'agent Yourick. Cet amour qu'elle a pour notre agent est une véritable bénédiction.

-Notre associé va être très heureux de tout cela monsieur.

-En effet, nous allons enfin pouvoir reprendre le combat Hector. C'est la première chose que mon associé m'a assurée. Les Vampires lui font beaucoup plus confiance. Aucun d’eux ne suivra plus cette Gardienne en couche culotte et cela pour deux raisons… Aucun Vampire ne la connaît puisqu'elle est beaucoup trop jeune et elle a fait l'erreur de conclure un pacte avec nous sans les consulter. Non, les Vampires ne la suivront plus. Cela arrange beaucoup notre associé.

-Ne croyez-vous pas monsieur qu'il est tout de même dangereux de passer un tel pacte avec un Vampire. Surtout lui. Souvenez-vous de ce que l'on dit sur lui. Il est paraît-il incontrôlable.»

Ainsi, leur associé était un Vampire. Quel membre de mon espèce était assez fou pour trahir son propre sang ?

«Mais non, assura le directeur. Il est beaucoup trop aveuglé par sa rage et son désir de vengeance. Dès que nous le reverrons, nous le tuerons. C'est aussi simple que cela.»

Tu es bien présomptueux mon petit directeur. Comment pouvait-il croire qu'il réussirait à tuer si facilement un Vampire ? Surtout s'il voulait le tuer au moment où il le reverrait c'est-à-dire la nuit… Les quelques heures où nos pouvoirs sont les plus puissants. A moins qu'il n’ait prévu de le suivre pour savoir où il se cachait pendant la journée. Seul le Soleil était capable de nous affaiblir, mais à des degrés plus ou moins important.

«Et elle mourra avec lui. » poursuivit le directeur.

Je compris enfin qui était leur associé. Je dus m'appuyer contre le mur car j'avais l'impression que l'on venait de me poignarder le cœur. Comment avait-il pu ?

«Et Shiva ? demanda Hector.

-Je le lui ai laissé. Le Premier de tous les Vampires n'aurait fait que nous embarrasser… Et puis où l'aurions-nous caché, il l'aurait tout de suite prévenue. Si vous voulez mon avis, Shiva va passer un très mauvais quart d'heure dans les prochains jours.»

Je m'appuyai encore plus lourdement contre le mur. Chaque mot était un nouveau coup de couteau en plein cœur. Comment avait-il pu ?

«Et la prêtresse ?» demanda Hector.

Oh non ! Pas Gwen ! Ils l'avaient donc capturée elle aussi ! Après tout, ne l'avait-il pas toujours détestée.

«Il nous l'a livrée. Elle est la dernière à savoir de quelle marnière on peut créer les Gardiens avec lui et Shiva. Je vais enfin pouvoir me venger de celle qui a tué mon père.»

C'était donc cela. Gwen avait tué le père de l'actuel dirigeant du Clan. La vengeance est un mal universel. Elle détruit les humains comme les Vampires mais ne comprenais pas pour quelle raison Gwen avait pu tuer son père. J'eus alors une vision qui me détrompa sur ce point. Je vis la tentative de meurtre qu'il y eut contre les Gardiens en 1972. Gwen était présente. Un homme qui ressemblait à l'actuel directeur du Clan mais un peu plus jeune que lui se jeta devant les Gardiens et les prêtres. Il avait reçu à sa place le coup qui devait tuer Gwen.

«Il voulait nous aider, murmurai-je.

-Ahélya !»

C'était Vlad. Je me retournai vers le jeune homme. Je lui lançai un regard triste.

«Ça va ?» me demanda Vlad.

J'eus alors un terrible soupçon. Je le plaquai contre un mur et je l'empêchai de parler en pressant ma main contre sa bouche. Rapidement, je l'hypnotisai. J'avais quelques petites choses à vérifier.

«Ton patron t'a-t-il ordonné de coucher avec moi pour m'occuper ?» demandai-je d'un ton dur.

Je libérai sa bouche.

«Non.» Répondit Vlad

Sa voix avait pris la tonalité des êtres que j'hypnotisais. Elle était devenue monocorde.

«Étais- tu au courant de ses plans ?»

La réponse fut une nouvelle fois négative. Il ne m'avait pas trahie. Cela me soulageait. Je libérai Vlad en claquant des doigts. Il secoua la tête. Il m'observa attentivement. Il semblait surpris.

«Tu m'as hypnotisée !»

Je plaquai de nouveau ma main sur sa bouche en lui ordonnant de se taire.

«Et alors ? Répliquai-je en le libérant.

-Tu pourrais me faire confiance au moins. Tu me connais Ahélya !

-Vu ma situation mon cher, je préfère ne faire confiance à personne. Je t'en supplie. Ne te mêle pas de cela. Je t'en supplie Vlad.

-Je veux t'aider.

-Tu veux m'aider, répétai-je. Va chercher Gwen alors !»

Je le libérai. Après un dernier regard, Vlad s'éloigna. La mission que je lui avais donnée n'était en fait qu'un prétexte pour l'éloigner de ce lieu. Je ne voulais pas qu'il voie ce qu'il allait certainement se passer.

Mon sang de Vampire bouillait dans mes veines ainsi que mon désir de vengeance. Je passai doucement ma langue sur mes canines. Elle ne saigna pas. Je murmurai :

«A nous deux monsieur le traître.»

J'ouvris la porte en grand. Je ne fus pas surprise par ce que je trouvai derrière. Le dirigeant du Clan était assis à son bureau. Hector était debout devant lui. C'était un homme d'une quarantaine d'années. Autour de ses yeux marron, je distinguais de très fines rides. Son regard n'était ni dur, ni méchant. Il obéissait c'est tout. Il tenait une flûte à champagne à moitié pleine à la main. Sur le bureau, je pus voir la bouteille de champagne et un autre verre, a moitié plein lui aussi.

«Messieurs, les saluai-je en inclinant légèrement la tête.

-Ahélya.» fit le directeur.

Il se leva puis s'approcha de moi. Il prit ma main et la baisa. J'eus alors une soudaine envie de vomir. Cette envie était bien pire que celle que j'avais pu connaître à cause de l'ail. Cet homme était pire que ce que j'imaginais. Il lâcha ma main et m'observa. Je ne détournai pas le regard. Je le fixai attentivement. Il eut la réaction à laquelle je m'attendais. Sous mes yeux trop brillants, trop flamboyants, il finit par détourner le regard. Il me reprit par la main pour me conduire jusqu'à Hector.

«Hector, dit-il, laissez-moi vous présenter Ahélya. Ahélya, voici Hector, l'un de mes plus proches collaborateurs.

-C'est curieux. Je ne l'avais encore jamais vu, fis-je innocemment remarquer.

-Le Clan est une grande famille Ahélya. Hector n'est pas très souvent avec nous en fait. Il se charge de discuter les traités importants avant que je ne les signe.»

Mais bien sûr face d'ail, pensai-je. Les seuls traités importants que tu puisses signer, c'est avec moi crétin. Il me prend vraiment pour une idiote. Je regardai Hector et lui souris. Un sourire suffisamment large pour dévoiler mes canines. L'homme eut un sursaut d'effroi. Tiens, il ne me connaissait donc pas. Il ne savait donc pas qui j'étais et ce que j'étais.

«Ahélya est une Vampire, crut bon de préciser face d'ail pourri. C'est une Gardienne.

-En fait, pour être plus précise, intervins-je, c'est moi la Gardienne en couche culotte…»

A cette phrase, le directeur et Hector prirent une expression interdite. Ma phrase avait fait l'effet d'une bombe. J'en étais ravie. Je m'assis sur le bureau et croisai les jambes.

«Et oui, poursuivis-je, celle-là même dont vous parliez il y a à peine cinq minutes. Je suis enchantée de vous connaître Hector.»

Je lui tendis la main mais il la dédaigna. Il préféra courir jusqu'à la porte. Quelle idée stupide.

«Je ne ferais pas cela si j'étais vous.» dis-je d'un ton calme.

Le tonnerre se mit à gronder. Un éclair faillit le foudroyer. Hector revint aussitôt à sa place.

«Je vous l'avais dit.

-Comment…

-Comment ai-je fait ça Hector ?»

Je me levai d'un bond.

«Mais voyons Hector, je suis une Gardienne.»

Je m'approchai de face d'ail.

«Pas mal pour une Gardienne en couche culotte, vous ne trouvez pas cher ami ? Lui dis-je. Mais ce n’est que l’un des petits tours que je suis capable d’accomplir. Je crois que je ne vous ai jamais parlé de mon don de prémonition. »

Je pris un air désolé.

« J'ai le regret de vous annoncer que vous serez certainement mort ce soir…»

Face d'ail resta calme tandis qu’Hector transpirait de plus en plus.

«Vous n'êtes pas très marrant monsieur le directeur, continuai-je. Vous gâchez tout le plaisir que je pourrais prendre à voir votre peur. Hector ! Appelai-je.

-Oui madame, répondit l'intéressé avec un ton effrayé.

-Gardienne suffira. Allez jusqu'aux rideau Hector et coupez en des bandes de longueur égale. Il doit bien y avoir des ciseaux ici… Et s'il n'y en a pas vous le ferez avec les dents.

-Bien madame.

-J'ai dit Gardienne !» lui rappelai-je.

Hector m'obéit. Il avait tellement peur de moi. Après avoir fouillé dans les tiroirs du bureau et trouvé des ciseaux, il se dirigea vers les rideaux et commença à les découper comme je venais de le lui ordonner.

«Vous avez l'air de bien vous amuser, souffla haineusement face d'ail.

-Pour être honnête… Oui. Cela m'avait manqué voyez-vous.

-Quoi ?

-Mais la cruauté ! C'est vraiment quelque chose de délicieux presque autant que la vengeance. Qu'en pensez-vous ?»

Je me mis à le dévisager en lui posant cette question. Il garda son masque de sérénité mais l'imperceptible accélération des battements de son cœur que je percevais me disait qu'il commençait à avoir la trouille. Tant mieux. Il ne répondit pas à ma question. J'en posai donc une autre.

«Je crois que, en ce qui concerne la vengeance, vous vous y connaissez peut-être mieux que moi ? »

Il serra les poings. Je souris. Face d'ail tenta alors de me mettre en colère.

«Que dirait l'agent Yourick s'il vous voyez faire cela ?»

Je me rassis sur le bureau.

«S'il vous plait, ne mêlez pas Vlad à tout cela. Il sait ce que je suis. Je ne lui ai jamais promis de changer et il ne me l'a jamais demandé.

-Vous auriez changé s'il l'avait fait ?

-Non, répondis-je sans même réfléchir. Je ne peux pas lutter contre l'instinct. C'est aussi simple que cela. J'agis toujours en accord avec ma nature de Vampire, de Gardienne.

-Et votre instinct vous permet-il de coucher avec un agent du Clan c'est-à-dire un ennemi de votre race.»

Je fis mine de me tenir le ventre comme si j'avais eu très mal.

«Ouille, fis-je. Ça c'est un coup bas monsieur. Je vous croyais plus loyale que ça.

-Qu'est-ce que vous pouvez bien connaître à la loyauté vous les Vampires.» répliqua-t-il d'un ton haineux.

Je l'approchai de moi avec un souffle de vent. Il était juste en face de moi. Je nouai mes jambes autour de lui. Une goutte de sueur perla sur sa tempe.

«Je vous intimide on dirait.»

Je lui caressai la joue en plongeant mon regard dans le sien.

«Quel âge avez-vous ? Lui demandai-je soudain.

-Cinquante et un ans. Pourquoi ? ”

Je l'aurais cru plus vieux. Cinquante et un ans. Je réalisai soudain qu'il avait l'âge de mon père mais ce n'était pas cela qui allait m'empêcher de faire ce que je voulais faire. Non, maintenant, plus rien ne pouvait m'arrêter.

«Oh pour rien.» répondis-je enfin.

Je défis sa ceinture poux ouvris sa braguette. J'entrai ma main à l'intérieur de son pantalon.

«Qu'est-ce que…» commença-t-il.

Je mis un doigt sur sa bouche.

«Chut, fis-je. Ne vous inquiétez pas. Je ne vais pas vous faire le moindre mal, du moins pour l'instant. Non, en fait, ce serait plutôt le contraire.»

Je me saisis enfin de l'objet de ma convoitise. Il hoqueta. Face d'ail n'était plus aussi stoïque. Il transpirait beaucoup. Je commençai à le caresser lentement tant en demandant mentalement pardon à Vlad pour ce que j'étais en train de faire.

«Vous voyez, dis-je. Je ne vous fais pas le moindre mal.»

Il essayait de réprimer les frissons de plaisir que je lui donnais mais il n'y arrivait guère.

«Laissez-vous aller.» dis-je à son oreille.

Je continuai de le caresser. Lorsque je sentis une érection, je lui mordis sauvagement l'oreille puis le repoussai loin de moi. Il tomba par terre, l'oreille à moitié arrachée. J'avais le goût de son sang dans la bouche. Il était dégoûtant mais je devais continuer.

«Tu as fini avec ces bandes ? Criai-je à Hector.

-Oui Gardienne, répondit rapidement ce dernier.

-Bien.» fis-je.

Je lui pris les bandes de tissu des mains puis le poussai sur l'un des fauteuils pour enfin l'attacher solidement. Je procédai de la même manière avec face d'ail après lui avoir retiré son pantalon et son caleçon. Je me mis à genou devant le siège puis lui dit :

«Voulez-vous que je continue le traitement de choc ou pas ?»

Pas de réponse. Je lui caressai doucement la cuisse.

«Alors, vous répondez.»

Il ne répondit pas. Je haussai les épaules. Qui ne dit mot consent après tout. Je léchai sa cuisse et remontai de plus en plus haut. Il parla enfin.

«Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-il d'une voix étranglée.

-Dis-moi où il est.» dis-je en relevant la tête et en le regardant dans les yeux.

Il comprit aussitôt que je parlais de son associé.

«Je ne sais pas, répondit-il.

-Bip ! Mauvaise réponse.» répliquai-je

Je me penchai de nouveau sur lui pour continuer ce que j’avais commencé un peu plus tôt.

«Dois-je continuer ?» demandai-je.

Mais j'arrêtai tout de même. Une odeur connue me fit lever la tête. A la porte se tenait Vlad qui soutenait Gwen. Je ne cherchai même pas à croiser son regard. Je savais qu’il avait tout vu. D'un coup de mes ongles plus tranchants que des lames de rasoir, je libérai face d'ail puis le jetai sur mon épaule. Je m'approchai rapidement de la fenêtre. D'un coup de pied, je la fis éclater. Je me préparai à sauter lorsque…

«Ahélya où vas-tu ? Me demanda Vlad.

-Laisse-la jeune mortel, dit une voix calme, celle de Gwen. Elle va faire ce à quoi on l'a destinée…»

Je ne voulus pas en entendre plus et sautai. Je ne me fis pas le moindre mal et mon passager ne souffrit pas non plus de notre chute. Il s'était évanoui. Je savais très bien où il allait se réveiller.


Après être passée chez moi pour récupérer quelques petites choses, je fonçai à la salle souterraine de la forêt avec mon passager toujours évanoui. Dans l'une des cellules destinées aux Vampires criminels, je déposai mon cercueil puis mis face d'ail à l'intérieur. J'avisai des chaînes dans un coin de la pièce. J'en entourai le cercueil. Je me dépouillai ensuite de mes vêtements pour enfiler la tenue des Gardiennes. J'étais en train d'ajuster le poignard dans son fourreau autour de ma cuisse quand des coups sourds se firent entendre. Je souris. Je finis d'ajuster le fourreau puis je m'assis sur le cercueil. Avec mon poing, je frappai trois coups sur le couvercle. Le bruit cessa. Je me levai pour libérer le cercueil de ses chaînes puis je m'accroupis à côté de lui. Je l'ouvris légèrement. Face d'ail suait à grosses gouttes.

«Rebonjour monsieur, dis-je d'un ton joyeux. Comme vous avez pu le constater, les trois coups viennent de retentir. Que la pièce commence ! Vous avez plutôt intérêt à être convaincant dans votre rôle. Le public peut vous tuer à tout moment.»

J'ouvris complètement le cercueil et approchai mon visage du sien. Je retirai le poignard de son fourreau pour l'appliquer contre son oreille encore intact.

«Première question monsieur ! Avez-vous ordonné à l'un de vos chasseurs de tuer un Vampire il y a de cela quatre nuits ? »

Face d'ail garda le silence. J'appuyai plus fortement le poignard sur son oreille jusqu'à ce que le sang commence à couler. Je retirai le poignard et recueillis sur mes doigts le sang qui y était collé. Je forçai le directeur du Clan à ouvrir la bouche et j'essuyai mes doigts couverts de sang sur sa langue. Il tourna brusquement la tête et recracha le sang. Mon beau coussin de satin blanc était tout tâché maintenant. J'appliquai de nouveau le poignard contre son oreille.

«Vous salissez mon beau cercueil monsieur. Je vais devoir en chercher un autre maintenant…»

J'appuyai plus fortement le poignard.

«Répondez.» ordonnai-je.

Mais il garda le silence.

«Vous voulez jouer à cela. Bien. Après tout, c'est votre choix.»

Je refermai le cercueil et je l'entourai de nouveau de chaînes. Des coups commencèrent à se faire entendre. Je m'assis sur le cercueil. Une dizaine de minutes plus tard, les coups s'arrêtèrent. Et merde ! Je retirai les chaînes et je rouvris le cercueil. Face d'ail s'était évanoui. Je le réveillai à renfort de grandes volées de claques. Il ouvrit enfin les yeux. Il tenta d'arrêter ma main mais il était beaucoup trop lent. Ma main toucha sa joue bien avant qu'il ne puisse me toucher. Ses yeux hagards me fixaient. Je m'accroupis à côté du cercueil puis je commençai à lui caresser le visage.

«Alors, allez-vous devenir plus coopératif ? L'étouffement, c'est une horrible façon de mourir vous savez.

-Si vous me tuez, vous ne pourrez pas obtenir les informations que vous voulez.»

J'éclatai de rire. Je le sortis du cercueil puis le portai jusqu'à la salle principale. Je l'attachai sur l'autel ou l'on m'avait transformée. Je sautai sur la table de pierre et m'assis sur Face d'ail. Je fis glisser la pointe de mon poignard sur sa joue mais sans le blesser.

«Vous avez goûté à l'entrée mon cher ami. Passons maintenant au plat de résistance. ”

Mon poignard remonta sur sa joue puis redescendit. Remonta puis redescendit.

«Vous savez, j'ai un moyen beaucoup plus sûr que la torture pour vous faire parler…»

J'arrêtai de faire glisser le poignard pour en appuyer la pointe sur sa joue. Elle y entra comme dans du beurre. Le sang coula. Je me penchai vers son visage pour le lécher.

«Et ce moyen se nomme hypnose.» finis-je.

Je relevai la tête puis d'un mouvement lent, je fis glisser le poignard. Une large balafre se dessina sur sa joue. Je retirai mon arme et me relevai. Je sautai par terre. J'avais apporté un torchon blanc avec moi. Il devait être sur l'un des sièges de la salle principale avec le reste de mes affaires. Je me dirigeais par là et le trouvai. J'essuyai mon poignard dessus.

«Pourquoi faites vous cela ? demanda-t-il d'une voix étouffée.

-Parce que cela m'amuse. Cela me fait plaisir de vous voir souffrir. C'est aussi simple que cela.

-Vous êtes complètement folle !

-Non. Je me venge. Comme vous, vous avez voulu vous venger de la Vampire qui a tué votre père…» répondis-je en revenant vers l'autel de pierre où il était attaché.

Je le chevauchai de nouveau puis opérai le même traitement sur l'autre joue. Il poussa enfin un cri de douleur. Ceci me ravit. Je lui chuchotai à l'oreille.

«Je vais vous apprendre quelque chose même si vous ne le méritez guère. J'ai eu une vision tout à l'heure avant d'entrer dans votre bureau. J'ai vu la mort de votre père…»

Il garda le silence. Je recueillis un peu de son sang sur mon doigt et le léchai. Je n'appréciais guère le goût de son sang mais je pouvais m'y faire.

«Vous savez qui l'a tué ? Moi je le sais. Votre père a été tué par ses propres hommes parce qu'il a voulu protéger les Gardiens et la prêtresse qui les accompagnait. Gwen ne l’a pas tué. Il s'est mis devant elle et il a reçu le coup qui aurait dû la tuer.

-Vous mentez ! Cria-t-il.

-Les visions ne mentent jamais, répliquai-je. Vous nous haïssez pour de mauvaises raisons.

-Je ne vous croie pas !

-Vous ne me croyez pas. Bien. Il existe peut être un moyen de vous montrer ce que j'ai vu.»

Un moyen qui était très aléatoire. Contrairement à la première fois où j'avais pris du sang humain, il m’était arrivé, par la suite, de voir des choses. Les pensées de ma victimes, des visions et je savais que celui que j'étais en train de mordre voyait tout cela lui aussi tout comme il pouvait voir mes propres pensées. Je pouvais toujours essayer. Je penchai la tête vers son cou et mordis. Il cria. Je me concentrai sur la vision que j'avais eue. Son sang coulait dans ma gorge. Je devais faire attention. Je pouvais très bien le tuer. Je ne suçais son sang qu'à petite goutte. Il se mit soudain à pleurer comme un petit enfant tout en répétant :

«Je ne savais pas. Je ne savais pas.»

J'avais donc réussi. Je n'en revenais pas moi-même. Je relevai la tète.

«Alors dîtes-moi où il est et la raison pour laquelle il retient Shiva en otage ?

-Il veut se venger lui aussi ! Il veut se venger de ce que Shiva lui a fait. Il n'a pas choisi de devenir Gardien.

-Moi non plus, répondis-je, et j'accepte ce que je suis devenue. Dîtes-moi où il est. En souvenir de votre père.

-Il est…»

Mais tout d'un coup, son expression perdue changea. Ses yeux hagards avaient repris leur lueur manipulatrice.

«Qu'est-ce que… commençai-je.

-Il ne dira rien Ahélya.» répondit Face d'ail.

Même sa voix était différente. Plus sûre de lui c’est vrai mais elle était surtout plus rocailleuse comme s'il n’avait pas parlé depuis très longtemps.

«Ishta ! C'est toi n'est-ce pas ? Comment fais-tu cela ?

-C'est en mon pouvoir petite sœur.

-Pourquoi fais-tu cela ?

-Tu l'as dit toi-même. Ça m'amuse, ça me plait de faire souffrir les autres comme j'ai souffert.

-Même les Vampires… Alors que tu as pour mission de les protéger. Je peux t'aider Ishta comme tu m'as aidé.

-Je n'ai pas besoin de ton aide et tu le sais…

-Shiva n'y est pour rien et tu le sais, l'interrompis-je.

-C'est faux ! Cria-t-il. Il m'a tout pris. Ma vie ! Ma famille ! Mes amis ! Mon bonheur ! Je n'aurais jamais dû devenir Gardien.

-Tu as été choisi par les prêtres et les autres Gardiens. Pas par Shiva, Ishta !

-Tu as encore beaucoup de choses à apprendre petite sœur. Occupée par ton cher humain, tu n'as pas pris le temps de lire entièrement tout ce qu'a écrit le fondateur du Clan. Il t'apprendra beaucoup de choses sur les moyens qu'ils utilisent pour faire d'un simple Vampire un Gardien. ”

Je gardai le silence. Il avait raison. Mon histoire avec Vlad m'avait détournée de ma recherche, m'avait détournée de ce que j'étais. Je parlais enfin.

«D'où te vient ce désir de vengeance ? Demandai-je.

-Lis et tu comprendras. Je vais quitter ce corps alors dépêche-toi. Il ne lui restera pas beaucoup de temps à vivre une fois que j'aurais quitté son corps.»

Les yeux du dirigeant du Clan perdirent progressivement leur lueur manipulatrice pour reprendre leur expression hagarde.

«Où est-il ? Dîtes-le moi !»

Le corps fut pris de convulsion. Avant de mourir, il eut le temps de me dire:

«Transylvanie»

Il mourut. Je le détachai et le ramenai à la surface. Je m'enfonçai dans la forêt. Sous un sapin, je creusai une tombe et y enterrait le corps. Mieux valait ne pas le ramener au Clan. Après avoir comblé la tombe, je prononçai une rapide prière.

«Merci.» murmurai-je avant de partir.

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