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Un capharnaüm dans ma tête
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30 octobre 2009

Gardienne : chapitre 15

Chapitre n°15 : Nouvelles rencontres avec Ishta.


« Où peut bien être passé ce livre bon sang ! »

J’étais en train de retourner tout mon studio à la recherche de mon livre de mathématiques pour terminer mon D. M. Comme si je n’avais pas autre chose à faire ! Il m’arrivait parfois de me demander si je ne devais pas abandonner mes études. Cumuler ma vie de lycéenne et de Vampire demandait beaucoup d’efforts. Je ne savais pas combien de temps j’allais pouvoir tenir à ce rythme.

J’avais repris le lycée depuis quelques jours. Quelques jours où j’avais également passé tout mon temps à fuir Vlad dès que je me retrouvais seule avec lui. Je passais mes nuits chez Claudine. Je n’avais pas pour autant accepté la proposition qu’elle m’avait faîte lorsque j’étais entrée chez elle pour la première fois. Je travaillais chez elle. Je jouais les serveuses, les bar…woman, les gardes du corps des filles aussi lorsqu’un client se révélait un peu trop dangereux pour elles. En fait, elles n’avaient pas à craindre grand-chose vu qu’elles étaient elles-mêmes des Vampires. Ce travail avait un autre avantage. Il me permettait également d’avoir de bons contacts dans le monde des Vampires. Ceux-ci m’apprenaient ce que faisait Ishta.

Pour le moment, le Gardien ne faisait pas grand-chose. Je n’avais eu aucune de ses nouvelles depuis un bon moment. Il avait même cessé ses incursions télépathiques. Il ne m’avait toujours pas contactée pour récupérer Léo. Enfin… je m’avance peut être un peu trop vite. D’une certaine manière, il s’était manifesté. Par contre, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de me parler de son fils.

Mercredi matin, j’avais eu une assez drôle de mésaventure en sport. La danse n’était pas si inintéressante en fin de compte et puis… le fait d’être un Vampire m’avantageait un peu… enfin beaucoup. Je n’éprouvais pas la moindre fatigue et je n‘avais ensuite aucune courbature, malgré ce que j’en disais à mes amis humains. Il fallait bien que je leur mente. Je ne devais pas paraître suspecte aux yeux des mortels qui n’étaient pas au courant de notre existence De plus, j’étais bien plus souple qu’avant. Mais j’avais aussi un plus grand contrôle de mes gestes ainsi qu’une meilleure maîtrise de mon espace. Voilà ce que ma condition de Vampire m’avait apportée. Tout ceci m’étonnait moi-même. J’appréciai enfin le sport et vous savez pourquoi parce que j’y arrivais enfin. Mais ce matin-là, le cours ne fut pas aussi platonique que les autres fois.

Expliquons d’abord comment se déroulait l’un de nos cours. Il durait deux heures. La professeur nous montrait d’abord quelques mouvements de danse que nous devions répéter. Nous passions ensuite à la mise en place d’une chorégraphie imaginée par nos soins et par groupe de deux. Vers la fin du cours, chaque groupe devait passer pour montrer sa chorégraphie aux autres.

Éva et moi étions plutôt fiers de ce que nous avions fait ce matin-là. Nous étions en place. La musique était sur le point de commencer. Soudain, le professeur et toutes les autres élèves accoururent affolées vers moi. Le professeur appuya aussitôt sa main sur ma poitrine. On m’allongea par terre.

« On va appeler le SAMU. Ne t’inquiète pas. » Me dit la professeur.

Elle envoya alors une élève appeler les secours. M’inquiéter de quoi ? Je ne sentais rien sauf… L’odeur du sang parvint enfin à mes narines. Il ne s’agissait pas de n’importe quel sang. Du sang de Vampire. Le mien. On me retira mon tee-shirt avec mille précautions pour examiner la blessure.

« On dirait qu’elle a reçu un coup de couteau. » constata quelqu’un.

Ishta ! Pensai-je aussitôt. C’était la seule explication. L’avait-on blessé ou se servait-il de ses pouvoirs contre moi ? Il fallait que je le sache. Je tentai de me relever mais on me maintint fermement à terre.

« Ne bouge pas, m’ordonna la professeur.

-Je vais très bien. » Répliquai-je.

C’était vrai. Je n’avais même pas mal. Je ne sentais rien. Aucune douleur au niveau de la poitrine. Seule l’odeur de mon sang me confirmait que j’avais été blessée.

Je fixai longuement le professeur. Elle cessa de presser de la main ma blessure. Elle cessa aussi de me maintenir sur le sol… Puis elle se releva sous le regard ébahi de mes camarades. Ses yeux avaient pris la lueur sans vie de l’hypnose. Une fille tenta de prendre la place du professeur. Je me mis à la regardai fixement. Elle essaya d’éviter mon regard. Elle avait dû comprendre. Mais… sans que je ne prononce le moindre mot, elle me lâcha enfin et se releva. Je me levai enfin mon tee-shirt à la main. Je le renfilai. Je perdais toujours autant de sang mais je ne sentais rien à part… Un début de fatigue. Je perdais beaucoup trop de sang. Même pour un Vampire, surtout pour un Vampire, cela n’est pas sans conséquence. Si je continuai d’en perdre, je ne pourrais bientôt plus me déplacer.

D’une démarche un peu chancelante, je me dirigeais vers la sortie. Je failli même tomber en ouvrant la porte. D’abord, toutes les filles restèrent clouées sur place mais elles ne tardèrent pas à me rejoindre. Une chose qui aurait été à leurs risques et périls si j’avais été dans mon état normal. Je me retournais vers elles et les regardai dans les yeux les unes après les autres. Mon pouvoir d’hypnose n’était pas encore affecté par ma blessure. Je leur ordonnai de retourner à l’intérieur. Éva fut la plus difficile à hypnotiser. Mais ce n’était pas à cause de la perte de sang. Pas du tout. C’est elle que j’ai hypnotisée en premier. L’amitié que je lui portait et qu’elle me portait avait du freiner quelque peu mon don.

Je devais retrouver Ishta. Je voulus me métamorphoser en brume mais j’échouai lamentablement. Je sentis pourtant plusieurs fois mon corps s’évaporer mais je retrouvai presque aussitôt ma solidité. La perte de mon sang et l’utilisation de mon don d’hypnose m’avaient épuisée beaucoup plus que je ne le pensais. Je devais boire. C’était la seule solution. Et puis… j’avais une mine de cous pas très loin de moi.

Je retournai dans la salle où avait lieu notre cours de danse. Il y avait une vingtaine de petits cous tendres qui n’attendaient que moi. Je m’approchai de l’une des filles que je détestais le plus. Autant faire d’une pierre deux coups. Je n’allais tout de même pas mordre Éva ! Ma bouche était déjà sur son cou. J’allais enfoncer mes canines dans sa peau tendre mais… Je tombais soudain par terre avant d’avoir pu me délecter de son sang.

Je ne sentais plus rien. Mon corps avait comme disparu. Tout à coup, le visage d’Ishta apparut devant moi. Il avait les traits tirés. Il grimaça de douleur.

« Tu dois m’aider petite sœur. »

Je le savais bien.

« Comment ?

- Concentre-toi sur mon visage. Prête-moi ta force. Fais-moi don de ta puissance. Notre survie en dépend. »

Toute la conversation s’était déroulée mentalement. Je fermai les yeux puis formai le visage d’Ishta dans mon esprit. Je me mis à me concentrer sur ses yeux noirs remplis de flammes et de reflets enchanteurs. Plusieurs minutes s’écoulèrent sans que l’un de nous ne fasse le moindre bruit. Le silence… Le plus profond des silences régnait. Enfin ce que m’avait demandé Ishta réussit. Je sentis toute ma force de Vampire s’en aller. J’entendis mon cœur se remettre à battre. Je me mis à respirer, à chercher l’air qui m’avait manqué depuis tout ce temps mais je sentais également la présence du Gardien aux yeux de flammes. Ishta… Cette sensation était vraiment étrange. Je n’avais jamais connu une telle chose avant. J’étais lui. Il était moi. Nous ne formions plus qu’un seul être. Nous étions en train de connaître une fusion si complète et si forte, si puissante. Mes pouvoirs et les siens communièrent et je sentis une toute nouvelle puissance courir dans mes veines. Nos deux cœurs battaient à l’unisson.

Avec un cri de douleur, j’arrachai enfin le poignard des Gardiens que l’on m’avait planté dans la poitrine tout près de mon cœur. J’attendis. Nous attendions. Aussi fébriles l’un que l’autre. Comme lors de la nuit de notre transformation, notre cœur cessa soudain de battre. Je sentis la présence d’Ishta s’éloigner petit à petit de moi. La blessure était en train de cicatriser. J’étais épuisée. Je rouvris les yeux. Ishta était toujours devant moi. Il souriait maintenant. J’étais si fatiguée. Je fermai les yeux et… J’entendis la musique sur laquelle nous devions danser commencer. Éva était devant moi et elle commençait déjà de danser. Mécaniquement, j’enchaînai les mouvements que nous avions imaginés avec un léger retard sur elle. Je le rattrapai assez vite. Je me souviens que la professeur m’avait reproché ce retard. Nous devions être parfaitement synchrone normalement. Je me moquais de ses remarques. Je ne pouvais cesser de m’interroger sur ce qui venait de se passer. Avais-je rêvé de tout cela ? En sortant, j’entendis le vent me murmurer un rapide merci. Je souris.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Me demanda Éva.

-Rien. »

Peut être n’avais-je pas rêvé en fin de compte ?

Arrivée chez moi, j’examinai mes vêtements. Je n’y trouvai pas la plus petite trace de sang. Par contre, en examinant ma poitrine, je découvris un léger point rouge à l’endroit où l’on avait dû me poignarder. J’avais ensuite cherché à contacter Ishta mais je n’avais pas réussi. En tout cas, tout cette mésaventure avait au moins un aspect positif. Elle m’avait permise de réviser mon jugement sur ce que j’étais. J’avais soigné Ishta. J’avais réussi à lui passer mes pouvoirs. J’étais donc bien une Gardienne et sa jumelle en plus. Alors… pourquoi la vison m’avait-elle montré le contraire ?


Les recherches entreprises dans mon petit studio pour trouver mon livre n’aboutirent pas le moins du monde.

« Où est-ce que j’ai bien pu le fourrer ? » dis-je tout haut.

Je tentais de me souvenir de la dernière fois que je m’en étais servie. C’était encore pour ce foutu DM… Et j’étais chez Vlad ! Je filai alors chez le jeune homme pour voir s’il si trouvait encore. Hélas, je ne trouvais là-bas que deux gamins : Léo et Vlad en train de jouer à un jeu vidéo. Ils m’avaient proposé de jouer avec eux mais j’avais refusé pour pouvoir faire mes devoirs. Je vais vraiment finir par abandonner le lycée ! Je ne peux pas continuer ainsi à concilier vie normale et vie de Vampire ! Je vais finir par devenir cinglée ! Soudain, l’odeur de Vampire parvint jusqu’à mes narines. Elle ne venait pas de moi mais du petit garçon. Il était peut-être mortel mais il n’était pas humain. Ceci, je m’en étais rendue compte depuis longtemps cependant il n’était pas vraiment un Vampire. Jusqu’à maintenant, je n’avais encore jamais senti cette odeur qui venait de Léo. Peut être que la fusion qui s’était opérée avec Ishta mercredi avait encore augmenté la puissance de mes pouvoirs ? A moins que cela ne soit parce que j’avais repris confiance en moi car je savais maintenant que j’étais vraiment la Gardienne qu’avait choisi Shiva cette nuit-là ?

« Hé vous deux ! Les interpellai-je. Vous n’auriez pas vu mon livre de math par hasard ? »

Ils ne me répondirent même pas. Il n’y avait que deux moyens pour que j’attire leur attention. Débrancher la télévision ou me planter devant. Je choisis la deuxième solution. Au moment où je me plantai devant la télévision, ils cessèrent enfin de jouer. Je renouvelai ma question.

« L’un de vous n’aurait-il pas vu mon livre de math ?

-Non, répondit Vlad.

-Vous n’avez pas autre chose à faire ?

-Le Clan est encore quelque peu désorganisé. Quoi de plus normal vu les circonstance dans lesquelles est mort notre chef. Nous avons quelques difficultés pour en trouver un autre. Mais ils m’ont appelé aujourd’hui. Je dois y être à quatre heures. »

Je toussotai puis montrai de la tête la pendule à Vlad. Il devait être à peu près quatre heure moins le quart. Le membre du Clan se leva d’un bond pour aller chercher sa veste dans sa chambre. Après m’avoir donné un rapide baiser sur les lèvres, il sortit de la pièce le plus vite possible.

Je retournai ensuite chez moi. Léo me suivit. Il n’aimait pas jouer aux jeux vidéo tout seul. Il s’attabla avec une BD tandis que je continuais la poursuite de mon livre de mathématiques. Du moins, je crus que c’était ce qu’il était en train de faire.

« Papa a le même. » dit-il soudain.

Je me retournai vivement. Léo avait dans ses mains mon poignard qu’il avait retiré de son fourreau. Je n’aurais pas dû laisser cela sur la table. Léo était peut être un mortel particulier mais il restait tout de même un enfant. Je n’aurais pas dû laisser traîner mon poignard. Il pouvait se blesser avec. Je m’approchai lentement de lui puis avec douceur, je lui pris le poignard des mains. Je regardai mon arme. Je ne l’avais jamais vraiment examinée depuis que je l’avais. J’y découvris alors un signe sur le manche. Il se répétait sur le fourreau aussi. Sous ce dernier, il y avait quelque chose d’écrit. Je reconnus aussitôt l’écriture vampirique. Qu’est-ce que voulait bien dire ce signe ? Il me rappelait quelque chose. J’avais déjà dû le voir quelque part. Quand à ce qui était écrit dessous avec des lettres si fines et petites qu’un mortel n’aurait jamais pu les lire, il s’agissait du serment des Gardiens. Je tendis le poignard à Léo. Il ne le reprit pas.

« Sais-tu ce que c’est ? Lui demandai-je.

-Non, répondit-il. Je l’ai souvent demandé à papa. Il n’a jamais voulu répondre à ma question. »

Je rangeai le poignard dans son fourreau. J’aimais entendre le bruit que cela produisait. Je l’attachai autour de ma taille. Il était lourd mais son poids n’avait que peu d’importance pour un Vampire… Alors pour un Gardien. Je m’assis ensuite en face de Léo pour le regarder dans les yeux. J’essayai de découvrir ce qui était humain ou Vampire chez lui. Ishta… son père… lui avait-il appris ce qu’il était ? Ce que nous étions ?

« Leonardo Christopher, sais-tu ce que je suis ? Le questionnai-je.

-Oui, répondit-il. Tu es comme papa. »

Cette réponse me fit sourire.

« Mais sais-tu ce qu’est ton père ?

-Oui. »

Ce qu’il venait de répondre m’étonnait. Ishta le lui aurait-il appris finalement ? Léo se leva puis alla prendre un livre que j’avais laissé traîner sur le clic-clac.

« Papa m’a dit un jour qu’il était comme lui. » me dit l’enfant en posant le livre sur la table devant moi.

Ce livre… C’était Dracula.

« Ton père t’a-t-il expliqué ce que toi tu étais ?

-Il m’a juste dit que j’étais spécial moi aussi. Rien de plus. C’est pour cela que je dois faire attention. Les prêtres voudraient me tuer s’ils découvraient ce que je suis. Il m’a dit aussi que je devais me méfier du Clan… qu’ils voudraient certainement m’étudier s’ils savaient que j’existais.

-Je m’en doute. Léo… Il est peut être temps que te saches ce que tu es. Ce serait certainement le meilleur moyen de te protéger. »

Je pris le livre pour regardait fixement sa couverture. Un homme au teint pâle et aux longues canines tranchantes s’apprêtait à mordre dans le cou une jeune femme brune dont je ne voyais pas le visage. Il avait déjà dû se nourrir auparavant. Les coins de sa bouche étaient couverts de sang.

« Ishta, ton père, et moi, nous sommes des Vampires… »

L’enfant ne répondit pas. Il était très calme.

« Les Vampires sont une espèce un peu particulière, continuai-je. Avant, j’étais comme Vlad…

-Tu veux dire vivante, m’interrompit Léo.

-Comment sais-tu que je suis morte ? M’étonnai-je.

-Même si tu me l’as interdit, j’ai lu dans les pensées de Vlad. Il est triste de ne pas entendre ton cœur battre lorsqu’il t’embrasse. »

Il savait cela ! Je souris. Léo perdit son calme. Il recula. Il était un peu effrayé. Son regard allait de la couverture à mon visage. Il s’approcha de moi. Lentement, doucement, il effleura l’une de longues canines. Elles étaient si tranchantes. Il se blessa à ce contact. Une goutte de sang perla au bout de son doigt puis tomba dans ma bouche. Son sang était délicieux. Bien meilleur que celui des humains. Mais il n’atteignait pas encore la perfection de celui des Vampires. J’avais envie de le mordre. Son sang était si bon. J’en voulais plus. Calme-toi Ahélya ! Ishta te tuerait si tu faisais cela.

« Assis-toi Léo. »

Il m’obéit. Je lui racontai rapidement ce qui m’était arrivé depuis cette nuit de Septembre où j’avais eu rendez-vous avec mon ex petit ami. Bien sûr, je ne lui ai pas raconté les moments qui pouvaient paraître trop choquants à ses jeunes oreilles c’est-à-dire… la majorité de mon histoire.

« Je suis immortelle Léo mais si je veux survivre je dois boire le sang de ceux qui ne le sont pas. Voilà pourquoi j’arrive assez tard chez Vlad. Je dois aller chasser… Tous les soirs.

-Alors papa aussi ?

-Oui… Ainsi que tous les autres Vampires. J’ignore notre nombre. Je n’en ai vu que quelques uns jusqu’à maintenant. Mais… Ton père et moi, nous sommes un peu particuliers. On nous donne le nom de Gardien. Nous devons protéger les autres Vampires des chasseurs comme le Clan. Nous veillons aussi à ce qu’ils respectent les Lois que nous avons établies.

-Et papa ? Comment l’as-tu rencontré ?

-Ton père était prisonnier lorsque je l’ai connu.

-Pourquoi ?

-Je pense qu’il a violé une Loi. Même nous, nous devons les respecter. »

Léo baissa la tête. Il réfléchit pendant un instant. Il releva soudain la tête. Ses yeux étaient remplis de larmes.

« C’était à cause de moi n’est-ce pas ? C’est à cause de moi qu’ils l’avaient mis en prison.

-Je crois que oui… Mais je n’en suis pas sûre. Ishta ne m’a pas vraiment parlé de toi.

-Ils ne voulaient pas qu’ils me tuent. »

Je me levai et je le pris dans mes bras. Je n’aurais peut être pas dû lui apprendre tout cette histoire. Il n’était encore qu’un enfant. Je ne devais pas l’oublier.

« Je le crois mais seul ton père pourrait nous apprendre la véritable raison de son emprisonnement. Je ne sais rien sur lui.

-Et moi ? Je ne suis pas un Vampire. Mon cœur bat comme celui de Vlad. Moi, qu’est-ce que je suis ?

-Tu n’es pas un Vampire c’est vrai. Mais tu n’es pas comme Vlad non plus. Tu n’es pas un humain. Tu es entre les deux. Moitié humain. Moitié Vampire. Je ne sais pas qui était ta mère mais, je suis sûre d’une chose. Elle était humaine.

-Quel charmant spectacle  » s’écria soudain une voix ironique.

Je me retournai avec Léo dans mes bras. Vlad se tenait sur le pas de la porte. Il semblait en colère. Très en colère. Que s’était-il donc passé chez le Clan? Qu’est-ce qui l’avait mis dans cet état ?

« Ahélya, il faut que je te parle. » reprit-il d’une voix dure.

Je n’avais pas le temps de lui parler. Je voulais finir de tout expliquer à Léo. Il avait le droit de tout savoir sur nous.

«Vlad s’il te plait… Pour l’instant, je n’ai pas de temps à t’accorder.

-Ce n’est pas à la femme qui fuit mon lit à qui je veux parler… C’est à la Vampire… A la Gardienne, répliqua le jeune homme.

-Bien. »

Je posai Léo par terre et le regardait dans les yeux. Je savais que si je le laissais faire, il pouvait lire mes pensées. Il inclina la tête pour me montrer qu’il était d’accord. Il sortit enfin de la pièce et referma la porte derrière lui. Je m’assis tout en retirant le poignard de son fourreau. Je me mis à me nettoyer les ongles avec.

« Je l’ai envoyé chez toi, appris-je à Vlad. Tu ne m’en veux pas j’espère. Léo n’a que huit ans. Je crois qu’il a reçu assez de révélations pour la journée. Il n’a aucunement besoin d’assister à notre conversation. »

Dispute aurait sûrement été un terme plus approprié. Je regardai mes ongles. Je devais les couper. C’était la seule chose qui avait encore un semblant de vie chez moi. Ils continuaient de pousser. Après tout, il parait que les ongles des cadavres continuent de pousser dans leur cercueil. On dit la même chose des cheveux. Pourtant, contrairement à mes ongles, ils étaient toujours aussi courts.

Mes ongles étaient propres. Je me mis à jouer avec le poignard. Il y avait une cible juste en face de moi. Je m’entraînais souvent à le lancer mais ce que je faisais à ce moment-là n’avait rien d’un entraînement. Je lançais le poignard puis le rappeler à moi.

« Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu avais revu Ishta ? »

Ils étaient donc au courant de ce que s’était passé mercredi ?

« Cela dépend de ce que tu appelles revoir, répondis-je.

-Qu’y a-t-il entre vous deux ? »

Il osait me le demander.

« Tu as dit que tu voulais parler à la Vampire et la Vampire n’a aucun compte à rendre… A toi comme au Clan. Je ne t’ai jamais demandé de comptes rendus sur tes chasses il me semble. Ne m’en demande donc pas sur mes activités de Vampire et de Gardienne.

-Sais-tu que ton jumeau à ordonner à ses Vampires de transformer le plus grand nombre possible d’êtres humains ? »

Je ne fus pas surprise par cette nouvelle.

« Non, je n’étais pas au courant mais je comprends ce qu’il est en train de faire. »

Je me levai et m’approchai de Vlad. Il faisait sombre. La nuit n’était pas encore tout a fait tombée. J’allais allumer la lumière et je me rapprochai ensuite de Vlad.

« Il y a une guerre dans le monde des Vampires. Le Clan devrait peut-être se le mettre dans la tête. Ishta ne fait qu’accroître ses troupes. Je vais être honnête avec toi Vlad. J’ai eu la même idée. Mon jumeau l’a juste mise en application avant moi.

-Tu… »

Vlad ne savait pas quoi répondre face à cet aveu. Il détourna les yeux. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu cet air de dégoût sur son visage. Avait-il oublié ce que j’étais ? Soudain, il tourna la tête vers moi. Son regard était très dur.

« Je croyais que…

-Que quoi ! Le coupai-je. Que j’étais différente de lui ! Je suis comme Ishta Vlad. Tu ne l’avais pas encore compris. Le pire c’est que je n’y peux rien. Je suis comme Ishta et je ne peux rien y faire.

-Pourquoi est-ce que tu sembles plus proche de lui que de moi ?

-Je ne suis pas proche de lui voyons. »

Vlad prit un air étonné.

« Je suis lui, poursuivis-je. Ishta est une partie de moi comme je suis une partie de lui. »

Je m’étais encore approchée plus près du jeune membre du Clan. Mon visage lui apparut alors en pleine lumière. Vlad recula. Il était très effrayé.

« Comme tu lui ressembles. » murmura-t-il.

Je reculai à mon tour. Il parlait d’Ishta. Il ne l’avait encore jamais vu. J’étais profondément étonnée mais je ne le laissai pas voir.

« Comment peux-tu savoir si je lui ressemble ou non. » lui demandai-je.

Et je compris enfin.

« C’est pas vrai ! M’écriai-je. Tu n’as pas osé faire cela ! »

Le Clan n’était pas du tout désorganisé en fin de compte ! Si Vlad avait été convoqué c’est pour qu’il leur donne un compte rendu de… De sa chasse !

« Tu as failli me tuer ! »

Le jeune homme gardait le silence.

« Est-ce que tu t’en rends compte au moins ? »

Il m’avait trahi et de la pire manière qu’il pouvait exister. Il savait qu’Ishta était mon jumeau. Il savait qu’en le tuant, il me tuait aussi. Quand je pense que je croyais qu’il m’aimait. J’avais envie de pleurer mais je ne voulais pas lui montrer mes larmes. Non, surtout pas cela. Je ne pleurerais pas en face de lui. Et dire que je l’aime…

« Je n’avais pas le choix, se justifia Vlad.

-Pas le choix ! Répétai-je excédée. C’est tout ce que tu as trouvé comme excuse ! »

Je ne pouvais pas le croire ! Il n’avait pas le choix. On avait toujours le choix. Du moins, parait-il… Après tout, on ne m’a pas demandé mon avis lorsque l’on m’a transformée.

« Tiens parlons en ! s’exclama Vlad.

-Parler de quoi ?

-Des excuses.

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

-Qu’est-ce que tu vas trouver comme excuse pour cela ? »

Il jeta un tas de photographies sur la table. Je jetai un rapide coup d’œil dessus. Sur les premières, on voyait un homme et une femme en train de discuter. L’homme retenait la femme contre la vitrine d’un magasin. Sur les photographies suivantes, ils échangeaient un baiser passionné et leur étreinte se précisait sur les photos suivantes. Même si on ne distinguait pas très bien le visage de ces deux personnes, on voyait qu’elles semblaient très jeunes. Quelle ironie… Toute l’apparence de la jeunesse alors que sur ces photographies figuraient un être bien plus vieux que le château dans lequel il s’était réfugié. Sur ces photographies, c’était Ishta et moi.

« C’est pour cela qu’ils t’ont appelé cet après midi… Pour que tu leur fasses un rapport sur ta chasse et pour te les montrer.

-Tu ne m’as pas toujours expliqué, me fit-il remarquer. Cette fois-ci, je ne crois pas que tu puisses invoquer des restes de repas Ahélya. »

Je souris.

« Alors tu es au courant de cela aussi.

-Gwen m’a parlé du lien télépathique qu’il existe entre deux Gardiens jumeaux. J’attends toujours tes explications.

-Mais je n’ai rien à t’expliquer mon cher Vlad. Toi… En revanche… Je crois que tu le dois. Mercredi, tu n’avais pas encore vu ces photographies alors… Pourquoi ? Pourquoi as-tu essayé de le tuer alors que tu savais très bien que tu pouvais me tuer aussi ?

-C’étaient les ordres.

-C’étaient les ordres ! Répétai-je. J’ai failli mourir je te le rappelle. Si Ishta ne m’avait pas contacté, nous serions morts tous les deux.

-Parce qu’il est vivant !

-Je crois. Je suis là et nous sommes jumeau ne l’oublie pas.

-Gwen m’avait prévenu. »

Je le regardai sans comprendre. Sa voix avait soudain prise un accent de tristesse.

« Oui, poursuivit-il, elle me l’avait dit. Elle m’avait mise en garde contre ces relations entre jumeaux. »

Je m’approchai de lui pour coller mon front contre le sien. Je n’avais pas pardonné mais…

« Je ne te dirais pas que je regrette d’avoir… Ce serait faux. Je ne regrette plus ce qui s’est passé entre lui et moi. Tu sais ce que je suis et je sais aussi que cela n’excuse pas ce que j’ai pu faire. »

Je marquai une pause. J’avais besoin de m’en aller d’ici. J’avais besoin de partir.

« Vlad prend soin de Léo cette nuit. Si tu ne le fais pas pour moi, fais le au moins pour lui. Il a toujours vécu dans un environnement vampirique. Ce serait bien qu’il fasse connaissance avec le monde des humains. Tu ne croies pas ?

-Si c’est-ce que tu veux. Mais comment ?

-Le Clan possède sa propre école. Ne pourrait-il pas…

-Ahélya, il est à moitié Vampire.

-Le Clan a été créé pour une meilleure entente avec le monde vampirique, ce serait un premier pas.

-Je vais voir. »

J’allais prendre mon manteau dans la penderie. Je l’enfilai puis je me dirigeais vers la fenêtre. Je l’ouvris.

« Où vas-tu ? Me demanda Vlad.

-Je ne le sais pas encore. J’ai besoin de réfléchir.

-Pourquoi par la fenêtre ?

-C’est plus originale comme sortie. »

J’enjambai le rebord. Vlad m’appela.

« Je ne te hais pas, me dit-il.

-Moi non plus. »

C’était la vérité. Je lui en voulais mais je l’aimais. Je sautais. J’avais décidé de l’endroit où j’allais aller. Je filai chez Claudine. Mon service ne commençait pas avant vingt heures mais j’avais besoin de voir la Vampire.  Quelque part, au plus profond de moi, j’avais toujours su que Vlad finirait par être au courant de ce qui s’était passé entre Ishta et moi à un moment ou à un autre.

J’arrivai enfin chez Claudine mais la Vampire était toujours endormie. Quoi de plus normal, il ne faisait pas encore tout à fait nuit. Tous les autres Vampires dormaient eux aussi mais je savais qu’ils n’allaient pas tarder à se réveiller. Il n’y avait que Jeff. Il surveillait les ouvriers qui étaient en train de préparer et de mettre en place les décors du spectacle qui allait avoir lieu dans la soirée.

« Mademoiselle, me salua-t-il en me voyant.

-Jeff appelez-moiappelez-moi Ahélya s’il vous plait. J’ai à peine dix-huit ans. »

Je le regardai attentivement.

« Comment avez-vous fait pour…

-Pour être en relation avec des gens de votre espèce sans devenir l’un des vôtres ? Compléta-t-il.

-Oui.

-C’est une si longue histoire. »

Jeff n’eut pas le temps de me la raconter. Quand l’immense pendule du hall sonna dix neuf heures trente, Claudine fit son apparition. Elle me serra chaleureusement dans ses bras puis me conduisit jusqu’à son boudoir. Nous discutâmes pendant quelques minutes. Elle savait que je n’allais pas bien mais je ne lui racontai pas ce qui venait de se passer avec Vlad. Je voulais garder cela pour moi pour le moment.

Au bout d’un moment, Damien vint frapper à la porte. On avait besoin de Claudine pour régler un problème entre deux filles. Elle me laissa donc seule.

Un peu avant vingt heures, je quittai le boudoir de la Vampire pour me rendre dans la chambre qu’elle m’avait assignée. Je m’y changeai rapidement et me maquillai tout aussi vite. Une bande de soie noire couvrait ma poitrine et une longue jupe de soie noire elle aussi et fendue sur un côté m’entourait les hanches. Je restai pieds nus. J’allais ensuite au bar où je retrouvai Damien. J’émis un petit sifflement admiratif. Damien était torse nu et ne portait qu’un pantalon noir et un nœud papillon. Comme moi, il était pieds nus. Il avait dû en faire tourner des têtes lorsqu’il était en vie.

« Ta tenue c’est en quelle honneur ? Lui demandai-je.

-Soirée spéciale Ahélya. »

Comme tous les jeunes Vampires, il préférait mon prénom à mon titre de Gardienne lorsqu’il s’adressait à moi. Je parcourus du regard la salle. Seules les femmes étaient habillées de manière analogue. Sur scène, des hommes répétaient des pas de danse. Je lançai un regard interrogateur à Damien.

« Nous avons un enterrement de vie de jeune fille ce soir. » m’apprit-il.

Et oui, la maison de Claudine était ouverte aux hommes comme aux femmes. Damien me dit ensuite que ces demoiselles avaient loué toute la maison pour la soirée. Claudine faisait plutôt de bonnes affaires. La plupart de ces clients n’étaient pas au courant pour la maison close. Ils prenaient la maison pour un cabaret privé.

« Tu as l’air crevée. » me fit remarquer Damien.

Je n’eus pas le temps de répondre.

« Normal, elle s’est complètement vidée de ses pouvoirs pour sauver un autre Vampire mercredi. »

Je me retournai. Ishta était là ! Juste en face de moi ! Je me jetai aussitôt dans ses bras en criant :

« Dieu merci ! Tu es vivant !

-Grâce à toi. » Répondit-il en souriant.

Je me rappelai soudain que cet homme était mon ennemi. Je le poussai loin de moi.

« Que viens-tu faire ici ? Lui demandai-je sur un ton dur.

-Je crois que nous devons parler Ahélya. »

Claudine surgit soudain derrière moi. Je déteste quand elle fait cela. Le problème, c’est qu’elle le fait assez souvent. Elle me poussa contre Ishta.

« Allez, dit-elle, dîtes-vous bonjour mieux que cela. »

Ishta la prit au mot. Merci Claudine ! Il m’embrassa passionnément. Tout d’abord, je restai de glace. Mais après plusieurs minutes, je répondis enfin à son baiser. Lorsqu’il cessa enfin, je le regardai attentivement dans les yeux. Vlad avait raison. Je lui ressemblais. Claudine, toute joyeuse, nous prit par la main et nous conduisit à son boudoir.

« Claudine, je travaille ce soir ! Protestai-je.

-Je te donne une soirée de congé ma chérie. » Répliqua-t-elle en riant.

Elle éloigna à reculons tout en s’inclinant. A la porte, elle plongea dans la plus profonde des révérences que j’ai pu voir jusqu’à maintenant.

« Je vous laisse Gardiens. »

Le ton joyeux avait laissé la place au respect. Claudine ferma les portes derrière elle. Je restai seule… Complètement seule avec Ishta. Cela me gênait énormément. C’était très dangereux de nous laisser seuls tous les deux dans la même pièce. Soit on s’s'entre-tuait. Soit je tombai dans ses bras. Dans les deux cas, cela n’irait pas sans dégât. Je croyais que Claudine tenait beaucoup à cette pièce.

Je n’osai pas regarder Ishta et préférai contempler les coussins. Je me pris soudain à imaginer ce qui allait peut-être s’y passer. Ne pense pas à cela Ahélya ! Les minutes de silence durèrent très longtemps. Finalement, je me mis à parler la première.

« Ton fils va bien. » lui dis-je.

Cela n’allait pas faire avancer le débat mais c’était une entrée en matière tout de même.

« Je n’en aie jamais douté. » me répondit-il.

Il se tut. Nouveau silence qui se prolongea. Qui allait parler cette fois-ci ? Lui.

« Et Gwen ? Elle n’a pas essayer de…

-Le tuer ? Non. Elle n’a toujours pas compris qu’il était bel et bien ton enfant. Elle l’aime beaucoup même. »

Il se laissa tomber sur la banquette chargée de coussins.

« Décidément, elle manque totalement de flair.

-Arrête Ishta. Laisse Gwen en dehors de toute cette affaire. Tout ceci ne concerne que toi et moi.

-Avoue que tu le penses toi aussi.

-Là n’est pas la question.

-Allez… Ne me dit pas que tu la respecte. Elle est beaucoup moins forte que toi.

-Ce n’est pas une raison. Je lui dois le respect. Elle est l’une de nos prêtresses après tout… Et de plus, elle est mon aînée.

-Et toi, tu es une Gardienne. Les Vampires te doivent le respect quelque soit l’âge qu’ils peuvent avoir mais le contraire n’est pas toujours vrai. Et puis de toute façon, les prêtres sont la pire invention que Shiva aie faîte. Ils ne sont là que pour nous surveiller.

-Tiens ! Tu as raison. Parlons de Shiva. Où est-il ?

-Ceci ne te regarde pas petite sœur.

-Il va bien au moins ?

-Aussi bien que moi lorsque j’étais prisonnier. »

J’ignorais les conditions dans lesquelles il avait été retenu prisonnier. D’après le peu que j’avais pu voir au moment où je l’avais rencontrer, cela ne devait pas être très drôle. Je m’assis à côté de lui et posai ma tête sur son épaule. J’avais besoin de le sentir près de moi.

« Ishta qu’est-ce que cela t’apporte de le torturer ? Cela ne changera jamais ce que tu es. Accepte-le comme je l’ai fait moi-même. Tu ne peux pas retourner en arrière. Tu restes un Vampire quoi qu’il arrive.

-Tu es jeune Ahélya. C’est nouveau pour toi tout cela. C’est la raison pour laquelle cela te plait autant. »

Me plaire ! Pas vraiment. C’est sûr, j’avais le pouvoir, l’immortalité mais à quel prix ? Ishta me caressa lentement le visage.

« J’ai plus de trois mille ans. Presque trois mille cinq cents. J’ai assumé mes fonctions de Gardien pendant plus de deux millénaires. Eux… ils étaient deux. Ils avaient tous trouvé leur jumeau tandis que moi… Moi, je restais seul. Je les ai vu mourir les uns après les autres. Cela s’est toujours passé ainsi avec moi. Tu sais… Mon enfance n’a pas été des plus heureuses. J’ai vu petit à petit disparaître toute ma famille. Rapidement, il ne me resta plus que mon grand père. Il était tout pour moi. C’était un grand chasseur. Un très grand chasseur. Il m’a apprit tout ce qu’il savait. J’avais à peine treize ans lorsque j’ai tué mon premier Vampire… Je me souviens de sa fierté.

-Tu étais un chasseur de Vampire, m’écriai-je incrédule.

-Oui mais on ne nous donnait pas encore ce nom à cette époque. Lors d’un combat, j’ai enfin rencontré ces Gardiens dont me parlait mon grand père. C’était la première fois que j’en voyais un et… C’était une femme. Elle s’appelait Olympe. Ma chère Olympe qui m’a aidé à comprendre ceux que je haïssais… »

Olympe… j’avais déjà entendu ce nom quelque part. Non ! Je l’avais lu !

« Tu es… Le fondateur du Clan. »

Je n’en revenais pas.

« En effet. » confirma le Gardien.

Il se leva et s’approcha de la fenêtre. Il l’ouvrit. Il fit venir un peu de brouillard dans la pièce puis commença à jouer avec. Il ne le rendait pas solide mais préférer lui faire adopter différentes formes.

« Quelle ironie du sort n’est-ce pas ? dit-il d’un ton amère. Le principal fondateur du Clan est devenu un Vampire ! Encore mieux ! Il est même un Gardien c’est-à-dire le plus grand ennemi des dirigeants du Clan. J’ai tué bon nombre de ceux qui m’avait succédé à la tête l’organisation. »

Il semblait fier de ce qu’il venait de dire mais je percevais tout de même une profonde amertume dans sa voix. Je me levai à mon tour et me dirigeai vers lui. Je lui pris le brouillard qu’il avait dans les mains.

« Mais, contrai-je en rejetant le brouillard dehors, tu voulais pourtant une meilleure entente entre Vampires et mortels. Que s’est-il passé ? »

Je fermai la fenêtre.

« Une meilleure entente… Cela n’était pas très simple à réaliser. Les Gardiens étaient d’accords mais les prêtres ont toujours empêché cela. Tout comme le Premier d’ailleurs.

-C’est pour cette raison que tu le détestes.

-C’est l’une d’elles en tout cas.

-Tu as l’air d’avoir une très longue de raisons pour faire la peau à Shiva. »

Ishta ne répondit pas.

« La seule question que je me pose, poursuivis-je, c’est : est-ce que toutes les raisons que tu invoques sont suffisamment bonnes pour détruire l’ordre qu’a établi le Premier ? »

Ishta ne répondit toujours pas. J’étais à côté de lui. Je me rapprochai encore plus de lui pour lui chuchoter à l’oreille.

« Tout ceci est très important pour toi n’est-ce pas ? Oh, ne répond pas à cette question. Je sais que c’est le cas. Je le sens. Mais… Ta vengeance est-elle plus importante que ton propre fils. Ishta, je te propose un échange. Shiva contre Léo. »

Je m’éloignai de mon jumeau et j’allai à la porte. Je n’avais pas immédiatement pensé à lui proposer cet échange. C’était venu comme cela, d’un coup. Avant de d’ouvrir la porte, je me tournai vers Ishta. Il était en train de réfléchir. J’ajoutai :

« Réfléchis bien à ce que je viens de te proposer. Léo est ton fils après tout. Tu n’oserais pas l’abandonner. Libère Shiva et je fais en sorte que ton fils et toi vous restiez libre. Plus personne ne s’occupera de vous. J’y veillerais.

-Cela sera dur Ahélya.

-Rien n’est impossible Ishta. Regarde nous. Il y a encore quelques jours, j’étais résolue à te tuer dès que je te verrai.

-Vlad a voulu s’en charger à ta place. »

Je ne répondis pas. Je n’avais pas envie de parler de Vlad. Surtout a lui !

« Et si je refuse ?

-Tu me connais Ishta. Je suis toi et tu es moi. Tu sais comment je fonctionne. Mes pouvoirs sont tes pouvoirs et tes pensées sont mes pensées. J’ai une certaine idée de ce que tu fais subir à Shiva alors imagine un peu ce que je serais capable de faire à ton fils.

-Tu n’oseras jamais. Je suis sûr que tu aimes cet enfant autant que je l’aime.

-Comme toi, je suis impitoyable ne l’oublie pas. Je ferais tout pour atteindre le but que je me suis fixée. Tu ne seras pas surpris si je te dis que ce but, c’est la libération de Shiva. »

Je sortis de la pièce pour laisser le Gardien réfléchir à ma proposition. Quelques minutes plus tard, il me rejoignit. Ses yeux flamboyants avaient perdu leur lueur songeuse. J’espérais une réponse affirmative à ma proposition mais…

« Es-tu déjà allée te nourrir ? » me demanda Ishta.

Je ne m’attendais pas du tout à cette question.

« Non. » répondis-je.

C’était vrai. J’étais venu ici directement. La dispute que j’avais eue avec Vlad m’avait trop bouleversée. Je n’avais pas eu le courage de me mettre en chasse… Et puis, il ne faisait pas encore tout fait nuit lorsque j’étais partie.

« Chassons ensemble cette nuit. » me dit-il.

J’acceptai aussitôt. Cette chasse allait sans doute me permettre d’en apprendre plus sur lui mais j’aurais surtout l’occasion d’essayer de le convaincre de libérer Shiva. Je n’aurais peut-être pas à me servir de Léo. Malgré ce que je lui avais dit, je ne pensais pas vraiment avoir le courage de lui faire du mal.

Je me méfiais tout de même. Comme moi, Ishta avait plus d’un tour dans son sac. Je sentais qu’il ne tenterait pas de me tuer. Cette chasse en couple me permettrait aussi de mieux comprendre ses plans et de trouver un moyen de l’empêcher de nuire.

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Un capharnaüm dans ma tête
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